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Tourist LeMC: « Nous, Flamands, aimons nos voisins du Sud »
22·01·16

Tourist LeMC: « Nous, Flamands, aimons nos voisins du Sud »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Courtoisie de Tourist LeMC

Aubry Touriel
Auteur

Tourist Le MC, rappeur anversois très connu en Flandre, s’est produit dans la mythique salle De Roma à Anvers en décembre dernier. Dans un entretien accordé à DaarDaar, il déclare sa flamme pour les francophones et le français : « Nous, Flamands, aimons nos voisins du Sud. » Il est par ailleurs l’un des grands gagnants des MIA , récompenses de la musique en Flandre dont la cérémonie s’est déroulée le 21 janvier. 

Dans votre 2e album En Route, vous utilisez beaucoup de mots en français, pourquoi ?

Tout d’abord, j’aime le français, c’est une très belle langue. Les gens ne le savent pas, mais j’ai très souvent passé mes vacances chez ma grand-mère dans le Sud de la France. Elle est belge, mais elle habite là-bas. Cette langue m’a alors intriguée. À Anvers, on utilise de nombreuses cacographies (ndlr : orthographe erronée, par ex : sacoche est prononcé « chacosse »).

Le hip-hop français a-t-il influencé votre musique ?

C’est certain. J’ai toujours écouté le hip-hop français ; Iam, Funky Family, Sniper, NTM… Mais aussi du reggae français dont Pierpoljak. J’écoute aussi la radio française.

Que pensez-vous de l’échange culturel entre la Wallonie et la Flandre ?

On n’exploite pas assez la qualité qui se trouve des deux côtés. Je trouve fantastique que, dès qu’on passe Bruxelles et la frontière linguistique, on est en Wallonie. En tant que Flamands, on a l’impression d’être en vacances. En descendant et en montant les collines, on entend parler français, c’est vraiment sympa. Nous venons énormément en Wallonie, mais je ne sais pas si c’est le cas dans le sens inverse. Entre les gens, il n’y a pas assez d’interaction. Ça serait bien de renforcer un peu les liens. Les seuls points communs qui apparaissent dans l’actualité ont trait à la politique, le clash politique. On parle peu de la population, c’est dommage. Par exemple, dans le film Rundskop, […] je suis mort de rire quand ils parlent du « Vlaams Gezang » (avec l’accent français) alors qu’ils parlent du Vlaams Belang. Tu peux vraiment jouer avec la langue. Ils pourraient le mettre en avant de manière positive, mais ça n’arrive pas.

Avez-vous essayé de faire des concerts en Wallonie ?

Je ne sais pas si mon responsable tournée a essayé. En tout cas, c’est difficile d’y entrer parce que nous chantons tout le temps en néerlandais. Mais nous avons participé à Couleur Café (ndlr : à Bruxelles). Là-bas, nous avons quand même remarqué que le public était essentiellement néerlandophone. Ça peut aussi être chouette pour les francophones […] même s’il y a des passages qu’ils ne peuvent pas comprendre. Nous avons le même problème à Gand ou en Flandre occidentale : on ne nous comprend pas en grande partie. Pourtant, ça fonctionne, je pense qu’on peut donc y arriver dans le Sud de la Belgique. Pendant mes concerts, je pourrais faire les interludes en français ou du moins essayer, car mon français n’est pas très bon. Je leur dirai à l’avance de faire attention à certaines choses : les mots « millionnaires », « chanter » (nom de chansons de l’Album En Route)… ça pourrait marcher.

Avez-vous un message à faire passer aux francophones de Belgique ?

Nous, Flamands, aimons les francophones, nos voisins du Sud. Si tu n’écoutes que les responsables politiques, tu penses que les Flamands en ont marre d’un point de vue financier, mais la population ne se préoccupe pas de ça. We love them. J’espère qu’ils peuvent regarder plus loin que les opinions politiques.

Pourquoi avez-vous choisi le nom « Tourist Lemc » ?

Je viens d’un quartier où vivent de nombreuses cultures différentes, le Seefhoek. J’étais en principe le seul Belge de la bande, un touriste dans sa propre ville en quelques sortes. J’ai choisi l’orthographe Tourist (au lieu de Toerist) en raison de ma préférence pour le français.

Que représente le quartier anversois Seefhoek pour vous ?

C’est un quartier super divers, vous y trouvez des personnes de différents milieux. C’est vraiment chouette d’évoluer entre ces différentes cultures et d’apprendre à les connaître. Cela apprend à ouvrir son propre cadre de référence et à regarder les choses différemment. Le quartier se situe assez près du centre d’Anvers, c’est un mélange (en français) culturel au sein d’une grande ville, c’est l’occasion d’en tirer profit.

Êtes-vous fier d’être Anversois et pourquoi ?

Dans chaque ville, il y a des gens qui aiment leur ville, c’est sûrement la même chose à Liège. Peut-être sommes-nous plus fanatiques à Anvers ? C’est peut-être dans notre sang. Nous sommes simplement fiers de venir d’une ville comme Anvers. Quand j’entends « Anvers », je pense à des grands noms comme John Lundström. Il y aussi le plus vieux club de Belgique, le Voetbal Club Antwerpen. Il s’agit du deuxième port du monde [ndlr : d’Europe]. Nous avons un riche passé.

Vous écrivez des textes engagés, d’où vient cet engagement ?

J’ai ça dans le sang, je pense. Je viens du Seefhoek, ça a toujours été un quartier à problèmes. J’ai grandi entre ces problèmes. Ça m’a intrigué et c’est pour ça que j’en parle. Le hip-hop français a d’ailleurs toujours été critique envers la société, engagé socialement et riche en émotions. J’ai eu de bons maîtres.

Interview réalisée par Aubry Touriel, dans la salle de Roma le 20 décembre 2015.

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