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La VRT diffuse l’émission L’histoire de la Flandre : de la propagande nationaliste ?
10·01·23

La VRT diffuse l’émission L’histoire de la Flandre : de la propagande nationaliste ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

SISKA GREMMELPREZ (BELGA)

Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Le gouvernement flamand a rassemblé, au total, deux millions d’euros en aides à l’émission télévisée de Tom Waes intitulée L’histoire de la Flandre — à coups de rabots tous azimuts : culture, tourisme et enseignement. Pour l’opposition, la pilule est difficile à avaler : « Quand il s’agit de faire de la propagande nationaliste, les fonds ne manquent pas, visiblement. »

Le succès est indéniablement au rendez-vous : 1,1 million de téléspectateurs étaient réunis devant la chaîne Eén, le soir du Nouvel An, pour regarder Tom Waes plonger dans l’histoire de leur région. Le gouvernement flamand n’a pas lésiné sur les moyens pour financer cette production, l’une des plus onéreuses de l’histoire du service public.

Au total, le programme a bénéficié de deux millions d’euros de subventions, provenant des instances habituelles, telles que le Fonds audiovisuel flamand, mais également des budgets de l’enseignement, de la culture et du tourisme (voir encadré). Au grand dam de l’opposition, qui estime que l’argent des contribuables pouvait être affecté à d’autres postes plus utiles.

Subventions à tout-va

« Quand il s’agit de faire de la propagande nationaliste, les fonds ne manquent pas, visiblement. Mais pour l’aide à l’enfance, les repas scolaires, etc., les caisses sont vides », dénonce Hannelore Goeman, la cheffe du groupe Vooruit au Parlement flamand. Elle réfute l’argument selon lequel il s’agirait de dépenses ponctuelles : « On ne peut pas subventionner chaque année des projets qui portent une politique des symboles, puis affirmer au Parlement que les fonds manquent pour financer les mesures qui importent vraiment. »

Même son de cloche du côté du coprésident de Groen, Jeremie Vaneeckhout. « J’ai du mal à accepter que l’on se concentre de moins en moins sur les politiques structurelles et que l’on dilapide de plus en plus les crédits. Que l’on se souvienne des subventions à tout-va consenties par Hilde Crevits et consorts après la crise du coronavirus. Et maintenant ceci ? C’est bien la preuve qu’il s’agit de choix politiques délibérés et non de décisions motivées par la nécessité. On préfère rogner sur la VRT, sur l’aide sociale… tout en octroyant des enveloppes à de petits projets partisans. »

Dring Dring #4 : le canon flamand, c’est quoi ?

L’histoire de la Flandre n’est pas, en soi, liée à des projets tels que l’instauration d’un canon flamand ou d’un musée de la Flandre. Tom Waes, le présentateur de l’émission, et Jesse Fabré, son rédacteur en chef et scénariste, s’en défendent dans un entretien donné au Nieuwsblad. Ils se sont inspirés d’un programme danois déjà repris par les Pays-Bas.

Pour autant, le concept s’inscrit parfaitement dans la politique menée par le gouvernement flamand. Le ministre-président, Jan Jambon (N-VA), l’affirme ouvertement dans ses interviews. Il veut une « Flandre consciente de son identité », comme le dit l’accord de gouvernement, ce qui passe par une focalisation plus marquée sur l’histoire. « La VRT doit y contribuer. » La chaîne publique a donc eu carte blanche pour investir deux millions d’euros dans l’émission alors même qu’elle était censée réduire ses coûts. Aurait-elle pu mener à bien un projet d’une telle envergure sans aides publiques ? Il est permis d’en douter.

Où est le mal ?

Du côté du gouvernement, on estime que l’opposition verse dans la paranoïa. « Si l’émission s’était intitulée L’histoire de la Belgique, ils n’auraient probablement rien trouvé à y redire », répondent impassiblement différents responsables gouvernementaux. Le porte-parole de Jan Jambon affirme qu’il est tout à fait normal que des fonds soient alloués à ce projet. « Tous les services disposent d’un budget permettant de saisir ce genre d’opportunités. C’est l’inverse qui serait totalement absurde. Quel mal y a-t-il, au juste, à soutenir une émission qui porte sur l’histoire ? Ce projet ne se fait pas au détriment d’autres mesures. Vérifiez : nous n’avons jamais autant investi dans l’aide sociale. »

Quoi qu’il en soit, les créateurs de L’histoire de Flandre semblent faire peu de cas de cette controverse politique : tous ces remous ne nuiront pas aux chiffres d’audience de l’émission.


Origine des subventions

400 000 €

Enseignement

300 000 €

Chancellerie

250 000 €

Tourisme

150 000 €

Culture, jeunesse et médias

400 000 €

Aide aux productions du Fonds audiovisuel flamand

400 000 €

Screen Flanders

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