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Remco Evenepoel en tenue traditionnelle marocaine : où est le problème ?
03·11·22

Remco Evenepoel en tenue traditionnelle marocaine : où est le problème ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

JASPER JACOBS (BELGA)

 

Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Remco Evenepoel n’arbore pas de maillot rouge ou arc-en-ciel sur les photos publiées par sa fiancée, Oumaima Rayane, 22 ans, à l’occasion de sa cérémonie du henné, mais il n’en est pas moins rayonnant. Vêtu de tenues traditionnelles marocaines, le couple fêtait ainsi, deux jours avant leur mariage, l’enterrement de leur vie de célibataire. Les clichés défraient la chronique. « Mais il n’y a aucune raison d’en faire toute une histoire », explique Walter Weyns, sociologue de la culture à l’Université d’Anvers. « Voilà des années que cette pratique est une réalité. »

Sur les réseaux sociaux, les images ont suscité des milliers de likes et des centaines de réactions. Une photo du couple en tenues traditionnelles — une takchita brodée pour elle, un caftan vert et blanc pour lui — est ainsi légendée : « Une tradition que nous souhaitons chérir. »

Cette tradition, c’est la cérémonie du henné, par laquelle, selon la coutume marocaine, les futurs mariés enterrent leur vie de célibataire deux jours avant le mariage. Traditionnellement célébrée entre femmes — mais l’époux peut tout à fait y participer —, cette fête s’organise autour du henné, appliqué sur les mains et les pieds de la mariée. Les somptueux motifs qui y sont dessinés, en l’occurrence par une artiste bruxelloise, sont censés éloigner les mauvais esprits. Le jour du henné ressemble pour le reste à beaucoup d’autres célébrations : un festin autour d’invités qui rivalisent de cadeaux…

 

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Mais ces clichés ont suscité un torrent de réactions, notamment sur la manière dont un couple aux origines différentes apprend à vivre ensemble et à découvrir les coutumes de l’autre, et sur le concept de « mariage mixte ». Sur Facebook, l’imam Khalid Benhaddou s’est exprimé en ces termes : « Il s’agit là de l’aboutissement d’un processus et d’une synthèse transculturels entamés de longue date, par lesquels les allochtones et les autochtones partagent leur quotidien, travaillent ensemble et, désormais, se marient. Ce n’est pas le fait d’avoir les mêmes traditions, la même origine et la même religion qui doit être déterminant en matière d’amour et d’intimité, mais le respect des traditions, de l’origine et de la religion de l’autre. »

« Les fêtes traditionnelles sont justement une excellente occasion d’être associé aux traditions de l’autre. »

« Il est pourtant logique que les couples aux parcours différents restent fidèles à leur origine », analyse Walter Weyns, sociologue de la culture à l’Université d’Anvers. « Ce qui serait plus étonnant, ce serait que cette jeune femme agisse soudain comme si elle n’avait aucun passé. Les fêtes traditionnelles sont justement une excellente occasion d’être associé aux traditions de l’autre. Il s’agit, de manière générale, d’une façon très ouverte d’interagir avec l’autre. Ce qui serait très étrange, à l’inverse, ce serait que Remco Evenepoel ne veuille pas y participer. »

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« Si cette photo fait du bruit, c’est parce que Remco Evenepoel est un phénomène », résume le spécialiste. « S’il devenait végane du jour au lendemain, on en parlerait tout autant. Mais dans les faits, ces pratiques ont cours depuis bien longtemps en Flandre. Evenepoel n’est pas un précurseur : à Anvers, Gand, Bruxelles ou Genk, des centaines d’hommes et de femmes l’ont précédé. »

À la flamande

Et pourtant, Remco donne le ton. Même si, en Flandre, certaines conceptions dépassées ont assurément la vie dure. Un enterrement de vie de célibataire à la flamande ne consiste-t-il pas à déambuler en ville, affublé d’un costume grotesque, pour relever toutes sortes de gages ? Une telle photo fait-elle encore réagir la Flandre d’aujourd’hui ? « Il se peut que ce cliché agisse, pour certaines personnes, comme un miroir qui rompt avec la mentalité villageoise », analyse Walter Weyns. « Avec l’idée qu’il faudrait se marier à une jeune fille qui habite au maximum à un clocher de chez soi. » Ironie du sort : Remco et Oumi étaient voisins.

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