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Le Maroc gagne sur le terrain, mais écorne sérieusement son image en dehors
29·11·22

Le Maroc gagne sur le terrain, mais écorne sérieusement son image en dehors

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

NICOLAS MAETERLINCK (BELGA)

Auteur
Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

Le Maroc a battu les Diables rouges, c’est un fait. Mais en termes d’image, on peut considérer que la communauté marocaine a perdu sur un douloureux score de forfait. Alors que le marquoir indiquait toujours 0-0, Bruxelles était déjà à feu et à sang. D’après son bourgmestre, les émeutiers n’étaient pas des supporters. « Cela n’a rien à voir avec le football. Ces débordements sont le fait de crapules qui n’avaient qu’un seul objectif : casser. » En début de soirée, un même climat de violence allait éclater à Anvers.

Le score était toujours de 0-0 dans ce match entre le Maroc et la Belgique lorsque la situation est devenue explosive du côté d’Annessens, un quartier qui s’étire de la gare du Midi au centre-ville. Les échauffourées se sont limitées dans un premier temps à quelques bousculades, mais quand la police a dégainé le canon à eau, l’atmosphère a dégénéré. Il allait falloir plusieurs heures aux forces de l’ordre pour rétablir le calme. Une voiture sur le toit, une trottinette lancée sur l’avant d’un autre véhicule, des automobiles et vélos incendiés, etc. Une voiture de la VRT a été canardée, avec un bris de vitre à la clé. Une autre journaliste a été blessée au visage par un pétard. Au total, les autorités ont procédé à dix arrestations administratives et à une arrestation judiciaire. Plus tard dans l’après-midi, les troubles allaient se déplacer à Schaerbeek et Anderlecht.

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Bruxelles, une poudrière

On sait qu’à Bruxelles, les choses peuvent vite dégénérer et c’est la raison pour laquelle la ville avait pris d’importantes mesures afin de préserver l’ordre public. « Le principe de l’unité de commandement a été respecté : en d’autres termes, tous les services de police ont bien collaboré entre eux, souligne Caroline Poncin du cabinet du bourgmestre Close. La ville procède ainsi lors des grands événements, comme la nuit du Nouvel-An ou les grandes manifestations contre les mesures sanitaires de ces dernières années. Nous savions qu’il y avait un risque élevé d’émeutes en marge de ce match et c’est pourquoi le bourgmestre a été présent au centre de crise pendant toute la rencontre. »

Dans le collimateur de la police : le quartier Anneessens, où vivent beaucoup de Belges d’origine marocaine. « Nous avons essayé de circonscrire les émeutes à une zone d’environ 200 mètres. Si nous avons sorti les canons à eau, c’est afin d’éviter que l’onde de violence se propage jusqu’à la rue Neuve ou aux Plaisirs d’hiver. » À ce moment-là, en effet, beaucoup de familles avec enfants (en bas âge) étaient rassemblées à ces deux endroits de la capitale.

D’après les services du bourgmestre, les émeutes n’ont rien à voir avec le football. « Elles ont été provoquées par des crapules qui n’avaient qu’une chose en tête : casser. Une nouvelle fois, les vrais supporters vont être dépeints comme des fauteurs de troubles et c’est triste car ce n’est pas la réalité. » Ce jeu du chat et de la souris entre émeutiers et forces de l’ordre allait malheureusement donner de mauvaises idées à certains à Anvers, au point que ce qui avait commencé comme une fête, avec drapeaux et coups de klaxon, allait basculer dans un climat délétère avec, comme à Bruxelles, des voitures incendiées et d’autres dégradations dans l’espace public. Sans compter l’agression subie par notre confrère Rob Van herck, reporter à VTM.

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Une minorité

Ruud Wouters, sociologue à l’université d’Anvers, estime lui aussi que ces fauteurs de troubles ne sont pas représentatifs de la communauté marocaine vivant à Bruxelles et à Anvers. « Ils ont profité de ce grand événement sportif pour semer le trouble dans l’espace public », affirme-t-il. « Quel message ces personnes cherchaient-elles à faire passer ? Il semble bien qu’elles n’en avaient pas. C’est triste pour la communauté marocaine qui n’aspirait qu’à une chose : encourager son équipe et fêter la victoire. »

Wouters constate que le phénomène concerne de nombreuses manifestations. « Le même scénario a tendance à se répéter lors d’événements de masse tels que le Nouvel-An, une manifestation rassemblant une grande foule ou une coupe du monde de football. Ces événements passionnent la société dans son ensemble et sont malheureusement toujours dévoyés par des personnes qui ont décidé de fouler aux pieds les normes et de perturber l’ordre public. » Les fauteurs de troubles ne sont jamais représentatifs d’une communauté, d’une idéologie ou d’une préférence politique, soutient le sociologue. « Ils forment toujours une minorité et ne parlent jamais au nom de leur groupe. »

« Quel message ces personnes cherchaient-elles à faire passer ? Il semble bien qu’elles n’en avaient pas. »

Comme on pouvait s’y attendre, le Vlaams Belang n’a pas tardé à récupérer les émeutes à des fins politiques. Le personnel du parti en charge de la communication sur les réseaux sociaux n’a pas lésiné sur les heures supplémentaires pour diffuser le plus rapidement possible les images des affrontements et permettre au président du Belang, Tom Van Grieken, d’y aller de son petit message pointant le fait que « nous avons un problème avec la communauté marocaine qui vit chez nous. »

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