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24·04·18

Soumission

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(c) Pixabay

Bart Eeckhout
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La disparition de quelques soutiens-gorges des affichages publicitaires ne bouleversera pas notre paysage urbain. Et s’il n’y a pas de quoi en faire une affaire d’État, il s’agit tout de même d’une concession à des sensibilités religieuses et culturelles.

Lorsque la commune bruxelloise de Berchem-Sainte-Agathe a demandé à un forain de recouvrir des dessins de corps féminins plutôt explicites sur une attraction, les chantres de l’héritage occidental des Lumières n’ont pas tardé à monter au créneau. Encore une concession faite à l’islam ? Mais la polémique n’a pas fait long feu. Cette initiative n’avait aucun rapport avec l’islam, mais avec les crispations puritaines d’un bourgmestre trop zélé qui craignait que l’âme des jeunes enfants ne soit souillée à la vue de ces images. Les bâches ont ensuite été retirées discrètement.

Par le passé, il est déjà arrivé que ces mêmes croisés montent sur leurs grands chevaux avec trop d’empressement. Par exemple suite à l’indignation du secrétaire d’État Theo Francken (N-VA) lors du retrait de la crèche de Noël de la maison communale de Holsbeek. On cria de nouveau à la « soumission », nom de code servant à désigner l’assujettissement progressif à l’islam. À nouveau, il n’en a rien été. La crèche a soigneusement été remise en place.

Mais attention : dans une société plurielle, la relativisation n’est pas la bonne réponse à la pression qui pèse sur des acquis précieux tels que l’égalité entre les citoyens, indépendamment de leur sexe ou de leur orientation sexuelle. Car cette pression est tout sauf imaginaire.

Lorsqu’un parti radical du type « Islam » émerge à Bruxelles avec des propositions extrêmement problématiques sur la séparation des hommes et des femmes, le ricanement n’est pas non plus la plus sage des réactions. Il nous est déjà arrivé de nous tromper, dans l’hilarité, sur ce type de radicalisme aliénant.

Face à de telles provocations, mieux vaut donc continuer à défendre l’égalité avec calme et persévérance. Mais pour être justes, il nous faut opposer cette placidité et cette détermination à toutes les situations.

Un reportage de ce journal a révélé que dans les quartiers d’Anvers où vivent de nombreuses familles juives orthodoxes, un accord a été conclu avec le gestionnaire des publicités afin de bannir des affichages publics certaines images, par exemple de lingerie. Un arrangement entre parties privées avec lequel les pouvoirs publics n’ont rien à voir.

En soi, la disparition de quelques soutiens-gorges rembourrés n’affectera pas le paysage urbain. Et s’il n’y a pas de quoi en faire une affaire d’État, il s’agit tout de même d’une concession évidente à des sensibilités religieuses et culturelles. On est donc en droit d’attendre une position tout aussi ferme de la part des responsables politiques ou des faiseurs d’opinions qui crient à la « soumission » lorsqu’une croix chrétienne est gommée des pots de yaourt grec.

Mais leur silence est assourdissant. Au point qu’il en devient pénible, car il ne nous facilite pas la tâche lorsqu’il s’agit de réaffirmer à nos concitoyens musulmans qu’ils sont traités en égaux. Mais peut-être n’est-ce plus le cas ?

Dans ce cas, ce silence cause plus de tort à l’engagement dans la société d’un vaste groupe de citoyens que quelques propositions délirantes émanant d’un parti islamiste marginal.

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