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27·11·15

Arrêté par « erreur », il lance le hashtag #MusliminBelgium

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Pixabay

Joyce Azar
Auteure et

Plusieurs médias flamands ont relaté cette semaine la malencontreuse aventure vécue par Yassine Boubout, un jeune Anversois de 18 ans d’origine marocaine qui s’est fait embarquer par la police sans aucune raison, alors qu’il était dans un supermarché pour y acheter à manger. En réaction à cette « erreur » des autorités, l’adolescent a décidé de lancer le hashtag #MusliminBelgium pour dénoncer ce genre d’interventions arbitraires. 

Lundi dernier sur la pause de midi, Yassine Boubout se rend avec un ami au Wijnegem Shopping Center, un centre commercial situé en province d’Anvers. Il est alors encore loin d’imaginer que sa seule présence au sein de l’établissement va susciter des craintes, et plus particulièrement celles d’une cliente qui contacte la police pour signaler un « individu suspect portant un sac à dos ».

« Ne soupçonnant rien, je suis entré dans le Carrefour pour y chercher mon repas. A ma grande surprise, j’ai vu des agents entrer dans le magasin, mais je ne savais pas que c’était pour moi », raconte Yassine Boubout. « Alors que je me dirigeais vers la caisse, un agent a pointé une arme de guerre vers mon visage et m’a ordonné de m’agenouiller ». Terrifié le jeune homme demande en vain au policier pourquoi il le vise avec une arme. Rapidement, d’autre agents armés ou en civil l’encerclent. « Je suis un étudiant qui arrive de l’école! », tente d’expliquer Yassine. Peine perdue.  Un agent le fouille, ouvre son sac à dos, sort en vrac toutes ses affaires scolaires. « Totalement apeuré, j’ai demandé à ce que l’arme ne soit plus pointée vers moi. L’agent avait le doigt sur la gâchette et au moindre faux mouvement je pouvais recevoir une balle dans la tête », raconte-t-il dans une longue publication Facebook.

Après une vingtaine de minutes, les forces de l’ordre décident d’embarquer le jeune homme. Direction le commissariat de Mortsel. « Ils m’ont menotté et mon emmené dans une cellule dans laquelle se trouvait un matelas sur un banc en béton et une toilette sale. Je suis resté dans ce lieu sans fenêtre de 12h53 à 15h30. Je me suis demandé quelle était la raison de tout ceci, mais la seule raison que je pouvais trouver était liée à mon apparence, au fait que je sois musulman », témoigne-t-il. Yassine parviendra finalement à attirer l’attention d’un agent. Après s’être informé, ce dernier viendra lui ouvrir, lui signalant qu’il était libre de partir. L’étudiant sortira du commissariat sans avoir été entendu.

« Des situations dont l’EI tire avantage »

« Après ma sortie, ma frustration n’a cessé de grandir en regardant les nouvelles. Le porte-parole de la police indiquait que je m’étais rendu à plusieurs reprises aux toilettes et que j’avais un comportement suspect. Les images des caméras de surveillance pourront prouver que ce ne sont que des mensonges », dénonce Yassine Boubout.

Le jeune homme en colère déclare ne rien attendre des autorités. « Je vais porter plainte, mais comme d’habitude, ils ne le prendront pas au sérieux », souligne-t-il avec un certain fatalisme. « Les jeunes en ont marre! Moi j’en ai marre! Comment peut-on fonctionner normalement si à chaque fois on nous colle une étiquette de ‘terroriste probable’ sur le front? C’est comme ça que l’on sème le radicalisme, et l’EI en tire avantage ».

Reste à savoir pourquoi Yassine Boubout a été tenu en joue avant d’être enfermé plusieurs heures durant. « Etait-ce lié à mes vêtements? A ma couleur de peau? ». Le jeune homme n’a toujours pas obtenu de réponse concrète. La seule réaction sera celle de l’inspecteur en chef Sven Verbaenen qui indiquera au quotidien De Standaard : « En ces temps, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas réagir à un tel appel », défend-t-il, faisant notamment référence aux innombrables interventions policières et alertes à la bombe intervenues depuis les attentats de Paris.

Une solution: les réseaux sociaux

C’est sur les médias sociaux que Yassine Boubout a décidé d’interpeller la société sur cette problématique engendrée par l’alerte au terrorisme islamiste. Sur Facebook, son témoignage a été ‘liké’ plus de 12.000 fois et partagé par plus de 4.600 personnes.

Mais le jeune homme ne veut pas en rester là. « Je vais faire de ce phénomène négatif un phénomène positif. Je lance le hashtag #MusliminBelgium car mon histoire n’est pas unique et celle des autres doit également être entendue. Les gens vont enfin se réveiller! », espère-t-il.

Le nouvel hashtag a suscité de multiples réactions en Flandre. Yassine Boubout a reçu de nombreux messages d’indignation et de soutien. Parmi les publications sur Twitter, certaines sont toutefois ouvertement islamophobes. « Les réactions racistes au hashtag #MusliminBelgium prouvent que notre action est justifiée », conclut le jeune étudiant.

Joyce Azar

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