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Quand Dries Van Langenhove rassemble l’extrême droite européenne à Bruxelles
26·10·23

Quand Dries Van Langenhove rassemble l’extrême droite européenne à Bruxelles

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

BELGA (JONAS ROOSENS)

Auteur⸱e
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

À l’initiative de Dries Van Langenhove, plusieurs activistes identitaires de neuf pays européens se sont réunis ce week-end à Bruxelles. Ils sont désormais fédérés sous la dénomination Action Radar Europe. Plusieurs de ces individus sont issus de la mouvance néonazie.

« L’Europe se meurt », clame Dries Van Langenhove dans une vidéo que des activistes identitaires diffusent partout en Europe. À l’arrière-plan, on aperçoit les couronnes de fleurs déposées en hommage aux victimes suédoises de l’attentat terroriste perpétré la semaine dernière à Bruxelles.

De Morgen avait déjà révélé il y a peu qu’un Suédois d’extrême droite s’était fait passer pour un journaliste sur les lieux de l’attentat. On apprend maintenant que plusieurs identitaires européens se sont également réunis à cet endroit ce week-end, à l’invitation du groupuscule Schild & Vrienden de Dries Van Langenhove. Parmi eux figurait le nom de Martin Sellner, cet Autrichien qui, au printemps, a tenu une conférence contestée dans un auditorium de la KU Leuven.

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Martin Sellner l’affirme : « puisque nos adversaires politiques, les mondialistes, travaillent à l’échelle internationale, il est indispensable que nous aussi, la nouvelle droite et les identitaires, nous nous organisions ». La vidéo tournée à Bruxelles ce week-end évoque le « grand remplacement » (omvolking), cette théorie complotiste qui dénonce un remplacement des peuples européens par des immigrés. Au Parlement européen, ils ont déroulé une gigantesque banderole portant la légende suivante : « Remigration maintenant. Expulsez les terroristes ».

La vidéo a circulé sur différents réseaux sociaux dimanche soir, toujours par le biais d’un nouveau canal dénommé Action Radar Europe. Le projet a été tenu sur les fonts baptismaux à Bruxelles ce week-end. « Ce n’est pas la première fois que nous constatons qu’en Europe, les militants nationalistes sont souvent mieux informés sur ce qui se passe aux États-Unis que sur ce qui se passe dans d’autres pays européens », explique Dries Van Langenhove. « C’est pour remédier à cette situation que nous avons créé cette chaîne. »

Les initiateurs de ce projet seraient essentiellement des activistes venant d’Allemagne, d’Autriche et de Flandre, soucieux de donner davantage de visibilité aux activistes de 14 pays européens par le biais de Action Radar Europe. Il s’agit donc surtout de mettre en place un outil de promotion pour ces différents groupes. Pour Dries Van Langenhove lui-même, ce projet n’est d’ailleurs pas anodin, surtout depuis qu’il a démissionné de son mandat de député. Action Radar Europe n’est pas une organisation faîtière, même s’il n’est pas exclu qu’elle puisse organiser à l’avenir certaines actions.

Groupe néonazi

« Il n’est pas impossible que l’on organise des actions à l’échelle paneuropéenne, mais pour l’instant, rien de concret n’est encore prévu », selon Manuel Corchia. Cet activiste du groupuscule suisse Junge Tat a récemment fait la une de la presse suisse, lorsque l’on a appris qu’il avait participé activement à la campagne électorale de l’UDC, parti nationaliste de droite qui a remporté les élections le week-end dernier.

Cela pose un problème, car Manuel Corchia a récemment fait l’objet de plusieurs condamnations. À Winterthur, il a fondé il y a quelques années le groupe néonazi Eisenjugend (Jeunesse de fer), qui diffusait de la propagande nationale-socialiste par le biais d’une chaîne Telegram. Ce canal Eisenjugend avait également diffusé le manifeste du terroriste d’extrême droite qui avait ouvert le feu sur des musulmans à Christchurch, en Nouvelle-Zélande.

Aucune condamnation judiciaire n’est survenue avant qu’il ne pirate avec quelques compares un cours en ligne dispensé par la Haute école des arts de Zurich en 2020. Pendant l’exposé présenté sur Zoom, quelqu’un avait crié « Heil Hitler ! » et « Sieg Heil ». Le cours avait ensuite été perturbé par des déclarations nazies et racistes, jusque sur les diapositives présentées par le conférencier.

Début 2021, l’homme a également produit des autocollants racistes et publié sur les réseaux sociaux des messages qualifiés par le tribunal de Zurich d’incitations à la haine et de propos discriminatoires à l’égard des Juifs et des Noirs. Pour tout cela, Manuel Corchia avait été condamné à une amende.

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Tout cela ne remonte qu’à quelques années, mais devant De Morgen, ce Suisse aujourd’hui âgé de 22 ans a qualifié ces faits comme un « péché de jeunesse », ajoutant que « même s’il s’agissait là d’une réaction à l’université d’extrême gauche que j’ai fréquentée, je ne veux pas chercher à justifier mes actes ».

Peu après, rebelote : à l’occasion d’une perquisition, on découvrait chez Corchia plusieurs armes. En janvier 2021, avec plusieurs comparses, il perturbait même un événement en ligne organisé par la Communauté juive libérale de Zurich, ce qui a mené à une nouvelle condamnation pour discrimination raciale et pour violation de la législation sur les armes.

« Tout ça, c’était avant Junge Tat », affirme aujourd’hui Manuel Corchia, expliquant qu’il s’exerçait au maniement des armes parce qu’il était enrôlé dans l’armée. « J’étais déboussolé, j’étais naïf et j’ai commis une erreur. Les actions que nous menons avec Junge Tat sont démocratiques, et nous nous distancions de tendances extrémistes telles que le national-socialisme ». Or le logo de Junge Tat est un caractère de l’alphabet runique, appelé Tyr, que les nazis utilisaient pour désigner les « Reichsführerschulen », les centres d’entraînement des SA. Ce signe runique apparaît également dans le logo du mouvement néonazi Nordic Resistance Movement, avec la même couleur verte.

Manuel Corchia n’est pas le seul à avoir fait partie d’un mouvement néonazi dans sa jeunesse : c’est aussi le cas de l’Autrichien Martin Sellner, 34 ans. À l’âge de 17 ans, il collait sur une synagogue des affiches ornées d’une croix gammée. Il devenait ensuite le chef du mouvement identitaire IBO (Identitären Bewegung Österreich). Au printemps dernier, Martin Sellner a dû répondre devant la justice viennoise d’une accusation d’incitation à la haine dans un message adressé à ses quelque 60 000 adeptes sur Telegram. Entre-temps, il a bénéficié d’un non-lieu, confirmé en appel.

Dries Van Langenhove et plusieurs autres membres du groupuscule Schild & Vrienden doivent encore comparaître devant la justice belge en raison de soupçons d’incitation au racisme et au négationnisme dans leurs groupes de discussion.

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