La reine Mathilde fêtera son cinquantième anniversaire le 20 janvier prochain. « Un cap important dans sa vie », estime Jo De Poorter, spécialiste de la famille royale. Dans son nouveau livre intitulé « De macht van Mathilde » (ndlr : « Le pouvoir de Mathilde », en français), il dévoile l’influence exceptionnelle de la reine, qui a méticuleusement appris toutes les ficelles du « métier ».
Jo De Poorter décortique « le pouvoir de Mathilde » dans un nouvel ouvrage.
« Mathilde a vraiment la cote. Même Philippe a gagné en popularité depuis qu’il la connaît. »
Jo De Poorter : « Le livre brosse le portrait de Mathilde en tant que femme et dans le cadre de sa fonction. Il aborde le bon et le moins bon, visant à retracer fidèlement le fil des évènements ». Voilà en quelques lignes le résumé du nouveau livre de Jo De Poorter, qui scrute les moindres faits et gestes de la famille royale depuis des années. « J’ai fait des recherches approfondies sur le parcours de notre reine en la comparant à ses prédécesseurs, et ma conclusion est la suivante : jamais une reine n’a eu autant d’influence que Mathilde dans l’histoire de la Belgique. »
Comment expliquer cette influence ?
»L’explication est double. D’une part, Mathilde a – et a toujours eu – ce profond désir d’être reine et de se trouver sur le devant de la scène royale. D’autre part, les circonstances le lui ont permis : son mari est le chef de l’État, et il la laisse bien volontiers endosser ce rôle. »
Cette situation tranche-t-elle avec le passé ?
»Oui, dans la mesure où les premières reines belges étaient à peine autorisées à parler ou à respirer. Les mentalités ont évolué au fil du temps, mais une reine n’est pas l’autre. Paola, par exemple, était une sorte de « reine intermédiaire » : elle est arrivée sur le trône « par accident ». Si elle portait bel et bien le titre de reine, son mari Albert ne lui a jamais demandé de participer aux affaires. Il convient toutefois de préciser que, contrairement à Mathilde, Paola ne nourrissait pas vraiment cette ambition. Elle faisait davantage office d’assistante et de conseillère. »
Quelles sont les ambitions de Mathilde ?
« Son besoin de jouer un rôle important était présent bien avant 2013, année de son intronisation dans la joie et la bonne humeur. Son entourage la dépeint comme une femme à la volonté de fer. Dans mon livre, je vais jusqu’à qualifier de Mathilde de « reine de la détermination ». En attendant, elle occupe la plus haute position à laquelle une femme peut accéder par voie de mariage en Belgique. Responsabilité qu’elle a prise en âme et conscience. »
Mathilde a-t-elle un réel pouvoir en tant que reine des Belges ?
»Absolument ! Les pouvoirs du roi Philippe sont décrits dans la constitution. Tout ce qu’il dit ou fait doit recevoir un aval politique. Philippe doit suivre une ligne de conduite, coincé dans une camisole de force. Ce n’est pas du tout le cas pour Mathilde : ce qu’elle est censée faire ou ne pas faire en tant que reine n’est défini nulle part. La reine évolue dans une zone grise qui lui confère une totale liberté. Mathilde l’a saisie des deux mains. »
Où et quand cette influence se manifeste-t-elle ?
Récemment, on a pu observer des signes concrets. Mathilde, aux côtés du roi Philippe, a notamment été la seule souveraine à s’asseoir au premier rang lors des funérailles du pape Benoît XVI. Notre reine se fait une place sur la scène mondiale, s’installant systématiquement à portée de bras des tenants et des aboutissants. Rien que l’année dernière, elle a rencontré pas moins de 25 premiers ministres, 30 présidents et 26 têtes couronnées. De quoi asseoir sa notoriété. Et surtout, elle exerce son pouvoir d’influence sur les quatre héritiers au trône qu’elle a mis au monde, formé et éduqué. »
Comment la reine gère-t-elle tout cela ?
»Mathilde démontre sans cesse qu’elle s’en sort à merveille. Et au vu de sa cote de popularité, les Belges n’en pensent pas moins. Depuis sa rencontre avec Mathilde, Philippe est d’ailleurs remonté dans l’opinion. S’il est désormais jugé davantage apte à la fonction et digne de confiance, c’est à sa femme qu’il le doit. »
Quelle est la plus grande qualité de Mathilde en tant que souveraine ?
»Si l’on posait cette question au roi Philippe, il répondrait qu’elle a l’art de tirer le meilleur des gens. De dénicher le talent, et de savoir où une personne peut s’améliorer et quand elle peut lever le pied. Mathilde possède un incroyable don en la matière et peut faire en sorte que tout le monde s’épanouisse. »
Que nous réserve-t-elle encore ?
»Je pense qu’elle arrive à un tournant de sa vie. Deux difficultés se profilent : chercher un partenaire pour la princesse héritière et organiser au mieux la passation de pouvoir. Mathilde a un immense sens du devoir, mais elle est aussi une mère aimante qui veut le meilleur pour ses enfants. Plus que jamais, elle devra continuer à jouer les équilibristes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’exercice s’annonce délicat. »
