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08·01·19

Deux Flamandes en « grève scolaire » contre le réchauffement climatique

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Takver

Deux écolières de Mortsel appellent les jeunes Flamands à sécher les cours tous les jeudis en vue de manifester pour le climat à Bruxelles. « Nous en avons marre que les responsables politiques jouent avec notre avenir », résume Anuna De Wever, en dernière année à l’Athénée royal de Mortsel.

Il se trame quelque chose à l’Athénée royal de Mortsel. Jeudi, au moins une vingtaine d’élèves n’assisteront pas aux cours. Inspirés par l’exemple de Greta Thunberg, à Stockholm, les élèves sécheront les cours et, à la place, iront manifester pour le climat à Bruxelles. Et tout comme l’écolière suédoise, ils souhaitent en faire une habitude hebdomadaire. « Nous défilerons du Parlement flamand vers le Parlement fédéral, puis vers le bâtiment Europa », explique Anuna De Wever (aucun lien de parenté avec le bourgmestre d’Anvers), 17 ans, initiatrice du mouvement. « Et nous espérons que tous les écoliers préoccupés par le climat nous rejoindront. »

L’écolière de Mortsel est en dernière année à l’Athénée royal de la ville, dans la filière sciences humaines. Elle organise cette action aux côtés de Kyra Gantois, qui fréquentait également l’établissement l’année passée, mais étudie désormais l’immobilier à l’AP Hogeschool.

« Nous creusons notre propre tombe »

« Les scientifiques sont d’accord pour dire que nous creusons notre propre tombe si nous n’agissons pas contre le réchauffement climatique », s’alarme Anuna. « Mais cela ne semble pas inciter nos responsables politiques à passer à l’acte. Au contraire : quelques jours après que plus de 70 000 ont battu le pavé pour le climat à Bruxelles, la Belgique a refusé, contrairement à nos pays voisins, de relever ses ambitions en la matière. Nous en avons marre que nos responsables politiques jouent avec notre avenir et nous souhaitons agir. »

Anuna et Kyra ont commencé par mobiliser quelques camarades partageant leurs inquiétudes. « Nous avons créé une page Facebook, “Youth for Climate”, et une vidéo appelant d’autres jeunes à nous rejoindre. Nous espérons qu’un maximum d’écoliers relayeront notre appel pour pouvoir exercer une pression suffisante sur les gouvernements à Bruxelles, pour qu’ils écoutent nos revendications en matière de climat, pour qu’ils montrent que l’opinion des jeunes a également de l’importance à leurs yeux », explique Kyra, qui, à 19 ans, ne suit plus l’enseignement obligatoire, contrairement à Anuna. « Mais à l’AP Hogeschool, on constate également des absences. »

Jessie Feyen, la directrice de l’Athénée de Mortsel, n’était pas joignable durant les derniers jours des vacances de Noël. Mais Sven Cooremans, conseiller d’éducation du troisième degré, a fait le commentaire suivant : « Je donne aussi des cours de sciences du comportement à la classe d’Anuna. Elle est venue m’exposer ses projets avant les vacances de Noël. En tant que citoyen, je trouve l’initiative formidable. Cela me fait chaud au cœur de voir des jeunes se retrousser les manches et s’engager pour des projets délaissés par les adultes. C’est un bel exemple de civisme. »

Une maman fière

L’action d’Anuna et de ses amis ne sera pas sans conséquence. « Je lui ai rappelé qu’elle est mineure et donc tenue de fréquenter l’école. Comme dans tout établissement, l’école buissonnière fait l’objet de sanctions. Nous devrons par exemple en informer le Centre d’encadrement des élèves. Mais je ne peux pas encore dire si nous imposerons des retenues ou d’autres sanctions. Je ne peux pas m’exprimer au nom de la direction, mais d’expérience, je sais que les élèves qui sèchent les cours sont punis au cas par cas, selon le motif de l’absence injustifiée. »

Anuna acceptera les éventuelles sanctions. Et elle a le soutien de ses parents. « J’ai toujours répété à mes enfants que les études sont capitales », se justifie Katrien Van der Heyden, la mère d’Anuna. « Mais dans ce cas, je trouve qu’elle a tout à fait raison. À l’école, on enseigne aux enfants que la science est importante. Mais en même temps, ils voient les responsables politiques faire fi de toutes ces connaissances et de toutes ces données. Si les travailleurs ont le droit de faire grève pour défendre leurs principes, j’estime qu’il doit en être autant des écoliers. Ma fille porte haut ses valeurs et est prête à en accepter les conséquences. »

À l’Athénée de Mortsel, c’est avec une certaine appréhension que l’on anticipe la semaine de la rentrée. « Nous n’avons pas encore de visibilité quant au nombre d’élèves qui rallieront le mouvement », explique Sven Cooremans. « Quoi qu’il en soit, nous vérifierons bien ceux qui manifestent réellement à Bruxelles. Car pour le même prix, on pourrait assister à un exode d’écoliers qui cherchent juste à prendre leur journée. »

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