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Des oeuvres d’art pillées au Congo exposées à Anvers ?
30·09·20

Des oeuvres d’art pillées au Congo exposées à Anvers ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Crédit: Pixabay

Groen estime qu’Anvers doit ouvrir le débat sur le « les œuvres d’art pillées durant la période coloniale » que la ville possède. Cette opinion survient à l’occasion de la nouvelle exposition « 100 x Congo », qui retrace un siècle d’art congolais au MAS, célèbre musée anversois.

Samedi prochain, le MAS ouvrira les portes de sa nouvelle exposition « 100 x Congo. Un siècle d’art congolais à Anvers ». L’expo fera la part belle à des centaines d’objets congolais qui ont atterri dans la ville portuaire durant la période coloniale. La collection anversoise a débuté en 1920 par l’achat de trésors artistiques au marchand d’art Henri Pareyn et un don du ministre des Colonies, Louis Franck. Depuis lors, d’autres dons issus de missions chrétiennes et des acquisitions sur le marché de l’art sont venus compléter la collection.

Il s’agit d’œuvres africaines, dont la place se situe en Afrique

À travers cette exposition, le MAS entend raconter les histoires qui se cachent derrière les objets, et inviter le visiteur à réfléchir sur la perception des Africains au fil du temps. Pour Groen, il s’agit de l’occasion idéale afin de se pencher plus concrètement le passé colonial de la ville, notamment au regard des œuvres pillées qui, selon les verts flamands, garnissent la collection d’art colonial d’Anvers.

« Selon le bourgmestre Bart De Wever (N-VA), le passé colonial n’a plus d’impact sur le domaine public à Anvers. Or ces propos sont en contradiction flagrante avec les œuvres pillées qui reposent depuis des années dans la cave d’un bâtiment communal. Il s’agit d’œuvres africaines, dont la place se situe en Afrique », affirme Ikrame Kastit, conseillère communale (Groen).

L’échevine de la Culture, Nabilla Ait Daoud (N-VA), estime quant à elle qu’il n’y a « qu’une seule œuvre dont l’origine pose problème ». S’ajoute à cela une pièce cédée temporairement par le musée de l’Afrique de Tervuren, qui avait été acquise par vol. L’origine des autres pièces de la collection d’art d’Anvers fait l’objet d’une enquête approfondie. Nabilla Ait Daoud use cependant de réserve : « De nombreux objets d’art ne reprennent ni l’auteur, ni la date précise de leur création. Bien souvent, les traces se perdent au niveau des intermédiaires belges. »

« Le traçage de la provenance s’avère particulièrement difficile », confirme Guido Gryseels, directeur du musée de l’Afrique de Tervuren. « Pour certaines œuvres, nous enquêtons durant deux ans et allons jusqu’à organiser des expéditions au Congo. Si une pièce a été spoliée lors de pillages de masse, il est relativement facile de retracer le fil de son historique. Il est en revanche bien plus compliqué de discerner les rapports de force. Un missionnaire a-t-il reçu une œuvre d’art en cadeau, ou le don était il assorti à certaines conditions ?

Se pose la question suivante : que doit-il advenir des œuvres pillées à l’époque coloniale ? Selon Ait Daoud, le MAS fait preuve de transparence quant à l’origine des œuvres d’art. Le musée est d’ailleurs en contact permanent avec des historiens, des artistes et des curateurs, venant aussi bien du Congo que de Belgique. « Le MAS joue un rôle de pionnier dans le débat sur la restitution. Mais jusqu’à présent, notre collection n’a jamais fait l’objet d’une telle demande. »

In memoriam

Une autre facette de la nouvelle expo du MAS attirera elle aussi l’attention. Un espace mémorial sera dédié à huit Congolais décédés durant l’exposition universelle d’Anvers, en 1894. Ils faisaient partie des 144 Congolais parqués au « Village congolais », lequel était censé mettre en lumière « l’œuvre civilisatrice » de Léopold II dans l’État indépendant du Congo. Parmi les 144 personnes amenées sur le sol belge, 44 ont terminé à l’hôpital, et huit ont perdu la vie.

Pendant des années, une pierre commémorative a trôné dans le quartier du Kiel. Lors de la démolition du site funéraire, les dépouilles ont été transférées vers une fosse commune au cimetière du Schoonselhof. Les défunts ont alors disparu de la mémoire collective. « C’est grâce à l’enquête menée dans le cadre de la présente exposition que l’on a découvert cette histoire », indique Ait Daoud. « Le musée raconte leurs histoires et expose leurs photos, leur redonnant ainsi une identité.

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