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Arrestation de jeunes: le difficile équilibre entre maintien du calme et méfiance
06·07·23

Arrestation de jeunes: le difficile équilibre entre maintien du calme et méfiance

Isolde Van den Eynde est journaliste politique au quotidien Het Laatste Nieuws. Elle était l’une des expertes dans la deuxième saison de Dring Dring, le podcast de DaarDaar qui vous découvrir la Flandre à vélo.

Temps de lecture : 3 minutes

En France, des émeutiers ont incendié le domicile de leur maire et blessé sa femme et leurs jeunes enfants alors qu’ils prenaient la fuite. En Belgique, des casseurs mineurs ont voulu attaquer un bureau de police bruxellois. Les adolescents ont été interceptés en possession de cocktails Molotov, d’accélérateurs de feu, d’armes et de cagoules. Ils sont si jeunes et si intrépides. Si jeunes et si dangereux. Ils sont si jeunes et n’ont pas le moindre respect pour la police ou la justice. La vie est un jeu vidéo.

Après près de vingt ans d’émeutes, on s’y habitue presque : les dérapages, les résistances, les destructions. Mais les scènes sont hallucinantes et la violence ne cesse de prendre de l’ampleur. Les citoyens sont galvanisés par des fake news, des excès de langage, des images incendiaires, voire par certains responsables politiques. Le montant de la cagnotte récoltée en soutien à la famille de Nahel, le jeune Français dont la mort a mis le feu aux poudres, est comparé à celui du crowdfunding organisé pour le policier qui l’a abattu. Des milices poursuivant leurs propres desseins secondent la police française, car la gendarmerie est dépassée par les événements. La situation est préoccupante. C’est le chaos. Mais en l’absence d’autorité, il ne peut y avoir d’ordre.

La police n’a pas la confiance de certains citoyens issus de l’immigration. La France n’est certes pas la Belgique, mais ici aussi, certains actes des forces de l’ordre attisent la méfiance. L’arrestation préventive de jeunes Bruxellois permet à la police et à la sphère politique de reprendre leur souffle. À court terme, elles y gagnent en tranquillité. Mais la confiance à leur égard s’en trouve aussitôt entamée. L’idée selon laquelle le profilage ethnique ferait partie des attributions de la police lui colle à la peau. Les images tournent désormais sur les réseaux sociaux alors même que l’institution s’efforçait de se défaire de cette étiquette raciste. Le bras armé cherche de plus en plus à redorer son blason : la police dialogue avec les jeunes, leur parle de son travail, intervient dans les écoles, collabore avec des associations qui accompagnent les jeunes… Mais pour certains, une seule image vaut plus que mille mots.

« L’idée selon laquelle le profilage ethnique ferait partie des attributions de la police lui colle à la peau. « 

Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille tolérer les violences. On peut rester sensible aux différences de classe, à la pauvreté, aux quartiers oubliés — mais il y a des limites. Et il faut qu’elles soient claires. Les responsables politiques s’empressent de pointer du doigt la responsabilité parentale. Certes, l’éducation joue un rôle important. Si chaque père et chaque mère allait chercher son enfant dans la rue et le punissait, ce serait déjà un progrès. Mais ce n’est pas toujours le cas. Certains parents ne se présentent même pas au commissariat lorsque leur progéniture l’y attend. Si l’autorité parentale n’a plus de respect pour la police, il faut que quelqu’un d’autre prenne le relais. Mais les écoles sont déjà débordées. De leur côté, les policiers tirent les oreilles aux jeunes délinquants, mais en vain. Quant aux juges de la jeunesse, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Lorsque les jeunes sont connus de la police et de la justice, il faut se garder d’instrumentaliser les violences, à gauche comme à droite, et plutôt essayer de faire bouger les choses.


Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, les présidents de partis flamands se dévoilent dans une série d’interviews inédites pour DaarDaar. Chaque semaine, un président différent sera mis en lumière. Au programme: une biographie le lundi, ainsi qu’une vidéo et un article/interview le mercredi.

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