Le week-end dernier, nous avons célébré, comme il se doit, cent ans de construction de logements sociaux accessibles à tous. Il s’agit d’un événement important à fêter.
Dans un livre intitulé « Trots » (fier ou fierté en néerlandais), 24 célébrités flamandes témoignent de leur jeunesse passée dans un logement social. En effet, il faut savoir que pour de nombreuses familles, ces logements signifiaient le début de l’ascension sociale. Dans de nombreux cas, ils ont permis à des enfants de s’en sortir mieux économiquement que leurs parents. À Anvers, dans les années soixante et septante, la ville n’a pas hésité à développer de grands projets de logements sociaux. Bien entendu, tout n’a pas été rose dans ce développement : les logements sociaux étaient très compartimentés et souvent, il fallait détenir la bonne carte de parti pour augmenter ses chances de bénéficier d’un logement.
Depuis lors, l’image des logements sociaux a changé, mais pas dans le bon sens. C’est ce que ressent Bjorn Mallants, directeur de l’Association des sociétés de logement flamandes. À l’occasion d’une interview dans nos pages, il exprime ses critiques à l’égard de l’accord de gouvernement flamand.
M. Mallants fait remarquer que le ton plutôt négatif des discours politiciens à propos des locataires sociaux transparaît dans l’accord, qui parle d’obligations, de contrôles et d’amendes, de chasse aux fraudeurs et d’éjection des profiteurs. Bien sûr, il faut agir contre les abus de ceux qui profitent d’aménagements destinés à ceux qui en ont réellement besoin. Mais il n’en demeure pas moins que les discours à leur sujet n’est pas proportionnel à l’ampleur réel des abus.
Il en résulte que les vrais problèmes du logement social risquent de passer à l’arrière-plan. En effet, il y a trop peu de logements sociaux. Nous devrions rougir du taux de logements sociaux en Flandre, qui s’élève à 6 %, tandis que les Pays-Bas affichent un taux de 30 % et la Suède de 20 %.
Le ministre flamand du Logement, Matthias Diependaele (N-VA), rétorquera que la Flandre continue de financer la construction de nouveaux logements sociaux jusqu’à atteindre les 15 %. Seulement, la tirelire destinée à la réalisation de cet objectif s’avère assez maigre, eu égard aux besoins. En outre, ce sont surtout les sociétés de logement qui doivent supporter la majorité des investissements, alors qu’elles sont loin de rouler sur l’or.
S’il est important de trouver un emploi pour sortir de la pauvreté, il est en revanche essentiel de pouvoir disposer d’un logement sûr, de bonne qualité et abordable. Il est absurde que des citoyens qui travaillent doivent dépenser la moitié de leurs revenus sur le marché du logement privé. Le vrai problème à Anvers, c’est qu’il y a davantage de citoyens sur les listes d’attente que de places dans les logements sociaux. Voilà la crise à laquelle il faut trouver une solution, non seulement sur le marché des logements sociaux, mais aussi sur le marché privé. Mais ce message, beaucoup de responsables politiques refusent de l’entendre.