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Le meurtre « au parachute » relance le débat sur la libération anticipée
15·06·22

Le meurtre « au parachute » relance le débat sur la libération anticipée

Dirk Hendrikx est journaliste pour le quotidien Gazet Van Antwerpen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by niu niu on Unsplash

Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Elle a quitté sa prison. Els Clottemans se trouve actuellement dans un lieu non divulgué, sous surveillance électronique. Et le port du bracelet électronique est généralement l’étape qui mène vers la libération conditionnelle. Mais n’est-ce pas excessif, ce tremplin vers la liberté, onze ans à peine après le verdict qui la condamnait pour l’assassinat d’une femme de 36 ans, mariée et mère de deux enfants ?

Qu’une décision de libération anticipée soit difficile à admettre, ce n’est pas rare. D’autant plus que le « meurtre au parachute » a eu un grand retentissement, et que le procès de 2010 est encore présent dans les mémoires. En effet, devant les dénégations d’Els Clottemans, c’est un véritable polar qui s’est joué devant le tribunal pendant un long mois. Le procès a débouché sur une déclaration de culpabilité, suivie d’une condamnation à trente ans de réclusion.

Trente ans ramenés à onze ans, ou plus exactement à douze ans si l’on tient compte de la détention préventive. Douze ans contre trente ans, l’écart n’est pas négligeable. Depuis lors, le législateur a durci cette loi : aucune personne condamnée à une réclusion de trente ans ou à perpétuité ne peut désormais bénéficier d’une mesure de libération avant d’avoir purgé quinze ans de sa peine. Mais le cas d’Els Clottemans relève encore de la législation antérieure.

La Justice en Belgique doit devenir une priorité

Cela étant, l’écart entre quinze ans et trente ans, lui aussi, est énorme. Cette tolérance est la conséquence de l’« autonomie relative » qui existe en matière d’application des peines. Au tribunal, ce que l’on juge, c’est le crime. Mais dès que la porte de la prison se referme sur un(e) condamné(e), une autre trajectoire commence, où entrent notamment en ligne de compte les perspectives qui pourraient encore être ouvertes pour le ou la détenu(e). Son éventuelle bonne conduite, et l’impression favorable qu’elle pourrait laisser aux personnes chargées de l’accompagnement social et psychique peuvent amener le tribunal d’application des peines à prononcer une mesure de libération anticipée. En l’occurrence, le magistrat et ses deux assesseurs examinent alors le risque de récidive, mais aussi l’existence d’un encadrement social ou familial.

« Que se passera-t-il s’ils rencontrent Els Clottemans dans la rue un de ces jours ? »

Manifestement, dans ce dossier précis, ces questions ont reçu une réponse positive ; moyennant certaines conditions, une libération anticipée pourrait se justifier sous peu. Là où le bât blesse, c’est du point de vue des proches de la victime. Que se passera-t-il s’ils rencontrent Els Clottemans dans la rue un de ces jours ?

Ce problème touche de la même manière les familles concernées par l’affaire Dutroux depuis la libération de Michelle Martin, celle-là même qui a laissé leurs enfants mourir de faim. En tant que parent, que faire si l’on croise à nouveau cette personne ? Et dans le cas d’Els Clottemans, le tribunal aurait-il dû tenir compte du souhait, qui semble vivre au sein de notre société, de voir une personne qui a commis un crime grave purger au moins la moitié de sa peine ? Le tribunal statue en toute indépendance, et toute décision judiciaire doit être acceptée ; c’est l’une des pierres angulaires incontournables de notre société. Mais nous vivons dans un monde où existe la liberté de débat. Et ce débat-ci est particulièrement complexe. Devant de telles situations, quelle orientation morale retenir ?

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