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La Flandre est-elle devenue une consultocratie?
26·05·23

La Flandre est-elle devenue une consultocratie?

Isolde Van den Eynde est journaliste politique au quotidien Het Laatste Nieuws. Elle était l’une des expertes dans la deuxième saison de Dring Dring, le podcast de DaarDaar qui vous découvrir la Flandre à vélo.

Depuis la publication de cette opinion, le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) a rectifié au Parlement flamand le montant accordé à des boîtes de consultance: 640 millions et non 1,5 milliard comme l’annonçait la ministre CD&V Hilde Crevits.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Image par Tumisu de Pixabay

Oubliez Jo Vandeurzen (CD&V). L’ancien ministre flamand du Bien-Être, qui offre à présent ses services en tant que consultant au gouvernement flamand, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Au cours de la présente législature – ces quatre dernières années, donc – l’exécutif flamand a déjà dépensé la bagatelle d’un milliard et demi d’euros en frais de consultance. Mais Hilde Crevits (CD&V) est une femme avisée. En vieille briscarde de la politique, elle connaît toutes les ficelles du métier. Subtilement, le débat autour du CD&V et de ses relations incestueuses en matière de Bien-Être s’est ainsi propagé à l’ensemble du gouvernement flamand. Quitte à sombrer, autant entraîner tout le monde dans sa chute.

Reste à savoir ce que ces frais de consultance recouvrent réellement. Zuhal Demir (N-VA), par exemple, est engagée dans plusieurs batailles judiciaires. Citons notamment l’affaire des certificats verts. Au fur et à mesure, les honoraires d’avocats s’accumulent. Le cabinet Jambon confirme que ces factures viennent gonfler les dépenses. La problématique de l’azote a également troué le budget, car il a fallu rémunérer des spécialistes de l’environnement. Pour ne rien arranger, les autorités flamandes externalisent une partie de leurs services informatiques.  À croire qu’elles baignent dans l’opulence. Outre les administrations publiques, les ministres flamands disposent de cabinets bien fournis. Question de méfiance. Les administrations sont peuplées de fonctionnaires de haut vol, nommés par un prédécesseur d’une autre couleur politique. Les cabinets ont dès lors pris la fâcheuse habitude de faire appel à des consultants. Au point d’en arriver à une consultocratie.

En réalité, le problème est plus profond. Les autorités flamandes sont devenues si vastes et complexes qu’elles échappent désormais au contrôle du gouvernement flamand. Le tollé autour des panneaux de signalisation en français montre que la Flandre nage en pleine absurdie. Le gouvernement et la ministre Lydia Peeters (Open Vld) se sont étouffés avec leurs propres règles. L’administration pensait suivre une directive, alors que celle-ci s’est avérée contraire aux lois linguistiques. Oups !

« Les autorités flamandes sont devenues si vastes et complexes qu’elles échappent désormais au contrôle du gouvernement flamand. « 

Autre exemple : le VDAB fait l’objet d’un audit réalisé par un bureau externe. Est-ce bien nécessaire ? La Cour des comptes a déjà passé ce service public au peigne fin en 2021. La politique de sous-traitance du pendant flamand du FOREM et d’Actiris se révèle aussi opaque qu’inefficace. Un comble ! En effet, que se passe-t-il aujourd’hui ? Un bureau de consultance externe passe à nouveau les activités du VDAB au crible. Voilà qui témoigne d’une politique d’externalisation pour le moins défaillante. Dernier exemple, pour la route : le « fonctionnaire de l’environnement », espèce en voie d’extinction. Au niveau local, mais aussi régional, le gouvernement fait désormais appel à des experts externes pour l’élaboration de plans d’aménagement du territoire. Certes, les fonctionnaires qui se spécialisent dans ce domaine ne courent pas les rues. Mais peut-être que les règles sont devenues si compliquées que seul un vrai spécialiste est encore en mesure de les déchiffrer.

Le gouvernement flamand ne voit plus au-delà de l’arbre qui cache la forêt. Il a lui-même créé un dédale de toutes pièces. Et a fini par s’y perdre.


Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, les présidents de partis flamands se dévoilent dans une série d’interviews inédites pour DaarDaar. Chaque semaine, un président différent sera mis en lumière. Au programme: une biographie le lundi, ainsi qu’une vidéo et un article/interview le mercredi.

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