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Crise de l’asile: les politiques ne peuvent pas fuir leurs responsabilités
11·03·22

Crise de l’asile: les politiques ne peuvent pas fuir leurs responsabilités

Isolde Van den Eynde est journaliste à Het Laatste Nieuws.

Temps de lecture : 3 minutes
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Décideuses, décideurs, il est temps de vous retrousser les manches. Si vous trouvez que la gestion de la crise de l’asile de 2015 a nécessité un sacré tour de force, attendez de voir celle qui nous attend en 2022.

Pour les Nations unies, il ne s’agit de rien de moins que de la plus grande crise de l’asile depuis la Deuxième Guerre mondiale. Voilà qui va peser sur notre système social, car quoi qu’il advienne, les demandeurs d’asile ukrainiens recevront des permis de séjour, et donc l’accès à la sécurité sociale. Et simultanément, la population subira les nombreuses conséquences de la guerre en Ukraine, que ce soit à la pompe, sur les factures d’énergie ou à la caisse du supermarché.

Besoin de certitude

Le chaos survenu au centre d’enregistrement des demandeurs d’asile a surpris nos autorités. Heureusement, Philippe Close (PS), bourgmestre de Bruxelles, et Sammy Mahdi (CD&V), secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, se sont rapidement entendus pour trouver un deuxième centre d’inscription. M. Mahdi indique que les Ukrainiens ont 90 jours pour s’enregistrer, mais les demandeurs d’asile ont besoin de certitude, ce qui est humain.

En effet, toute personne qui s’enregistre obtient des documents de séjour, et donc un accès à des aides financières. L’approche de Sammy Mahdi, avec son action #placedispo, ne manque pas de créativité. Cependant, malgré ses avantages indéniables, elle présente aussi quelques défauts. En outre, l’action est insuffisante et n’offre pas de solution structurelle. Plus la guerre durera, plus nous devrons accueillir d’Ukrainiens. Il serait désormais question de 100 000 à 200 000 réfugiés. Un État digne de ce nom peut et doit faire preuve d’un plus grand professionnalisme.

Ukrainien, Syrien ou Afghan… toute personne qui fuit la guerre aspire à un accueil chaleureux

Sammy Mahdi a négocié, au niveau européen, une protection provisoire. Ce faisant, il évite aux Ukrainiens de se retrouver dans des centres d’accueil déjà complètement saturés et il force les régions, et donc la Flandre, à organiser l’accueil. Le secrétaire d’État revient sur la question et parle aussi désormais de villages d’accueil d’urgence, non sans ajouter une petite phrase assassine : « Si nécessaire, le gouvernement fédéral reprendra les choses en main. »

Alors que cette décision constitue une bonne occasion de se profiler comme un gestionnaire de crise, le ministre flamand de tutelle, Bart Somers (Open Vld), n’a pas manifesté un enthousiasme débordant. Il faut dire que ce n’est pas le plus régionaliste des parlementaires et ministres flamands. Certains partis flamands ont même d’abord semblé fâchés de voir la balle atterrir ainsi dans leur camp.

Rien ne va plus entre la N-VA et Sammy Mahdi

Depuis lors, entre la N-VA et Sammy Mahdi, rien ne va plus. En effet, il n’est pas évident du tout d’organiser un accueil à cette échelle et dans un tel contexte d’urgence. Bien entendu, les critiques doivent pouvoir s’exprimer. En revanche, nous nous passerions volontiers de ces petits jeux politiques à un moment de grande inquiétude au sein de la population.

Ces petits jeux sont inutiles, messieurs et mesdames. Il est temps que vous travailliez en équipe. Qu’importe le niveau de pouvoir compétent, et qu’importe celui qui doit passer à la caisse. En fin de compte, c’est nous, la collectivité, qui payons.

Pendant que nous discutons, ici, de l’accueil, les partis de droite radicale s’empressent d’afficher leur solidarité en organisant des trajets en bus pour aider les réfugiés. Y compris le Vlaams Belang, qui risque pourtant bien de se retrouver mal accueilli, une fois arrivé là-bas. Le frère politique du VB en Italie, Matteo Salvini, en a d’ailleurs eu pour son compte : les Polonais n’avaient pas oublié que le leader d’extrême droite pavoisait encore, il y a quelques années, avec un t-shirt rendant hommage à l’armée de Poutine.

Contrairement à celle de 2015, la crise actuelle ne permet pas à l’extrême droite de mettre la pression sur les partis de gouvernement. Cependant, le défi risque bien de s’avérer encore plus difficile à relever. Et il faut absolument aider les Ukrainiens. La fuite n’est plus une solution.

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