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La N-VA abandonne-t-elle Bruxelles aux Bruxellois ?
07·05·20

La N-VA abandonne-t-elle Bruxelles aux Bruxellois ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Giannis Skarlatos on Unsplash

Depuis mardi soir, la rue de la Loi déroule le tapis rouge aux cyclistes. Elke Van Den Brandt (Groen), ministre de la Mobilité, a ainsi décidé de réserver l’une des quatre bandes de circulation aux deux-roues. Une décision qui a conduit à un flux de critiques de la part de la N-VA. « Les automobilistes qui retourneront prochainement au travail ne manqueront pas de remercier la ministre pour ce supplément d’embouteillages », a gazouillé Lorin Parijs, vice-président du parti. « Les automobilistes de Flandre vous remercient », a renchéri l’échevine anversoise Annick De Ridder.

Le fossé entre Bruxelles et la Flandre se creuse

Sans surprise, on doit la réaction la plus virulente à Theo Francken, qui nous a gratifiés d’une série de tweets dont il a le secret : « Bruxelles se désintéresse de ses navetteurs flamands, tirons-en les conclusions qui s’imposent » ; « Le fossé entre Bruxelles et la Flandre se creuse, encore et toujours. Tôt ou tard, ce sera la rupture. L’enclave multiculturelle moralement supérieure semble vouloir se passer des Flamands. Très bien. Que nous restions dans nos campagnes ! Mais dans ce cas, que la Flandre cesse aussi de contribuer à la mainmorte et à Beliris – rendons Bruxelles aux Bruxellois ».

Bruxelles est l’un des moteurs de l’économie flamande

Sous couvert du sarcasme, la figure de proue des nationalistes en Brabant flamand exprime, consciemment ou pas, une position sans cesse plus marquée au sein du parti : l’éloignement progressif de Bruxelles et de la Flandre et la volonté de cette dernière, dans sa quête d’autonomie, d’abandonner la région de la capitale. Il faut dire que la ville tourmente le Mouvement flamand depuis des décennies : située intégralement en Flandre, Bruxelles est l’un des moteurs de l’économie flamande. La ville accueille d’ailleurs l’ensemble des bâtiments de la « Vlaamse overheid ».

« Bruxelles est notre capitale »

Officiellement, la N-VA n’abandonne pas la capitale. On pouvait encore lire dans leur dernière brochure de campagne que « Bruxelles est notre capitale ». La note de base du président De Wever en vue de la formation du gouvernement flamand plaidait aussi en faveur d’un « renforcement » des liens entre la Flandre et Bruxelles. Dans les projets confédéraux du parti, les Bruxellois peuvent choisir entre les systèmes de sécurité sociale flamand ou wallon. « Il n’est aucunement question d’abandonner Bruxelles », confirme Cieltje Van Achter, élue locale, qui dit soutenir le projet de piste cyclable de la rue de la loi. « Mais l’effort doit être réciproque », ajoute-t-elle. Francken serait du même avis.

« Bruxelles appartient aux Bruxellois »

En coulisses toutefois, le scepticisme est bel et bien palpable. Le parti n’a pas réussi à s’imposer à Bruxelles, ni au niveau local ni au niveau régional. Au contraire, la ville a fait un virage à gauche, s’éloignant de la Flandre – une évolution qui semble se poursuivre. « Bruxelles n’a plus rien à voir avec la Flandre », décrétait Herman De Bode, ancien chef de cabinet de Jan Jambon, en décembre dans ce même journal. « Bruxelles appartient aux Bruxellois ».

Pour les francophones, l’annexion est une évidence.

Le maintien des liens avec la capitale a sans doute un aspect essentiellement stratégique : Bruxelles pourrait servir de monnaie d’échange lors de futures négociations sur l’avenir de la Belgique. En 2009, le journaliste Frans Crols, connu pour son penchant flamingant, avait provoqué des remous au sein du Mouvement flamand en suggérant d’« abandonner » Bruxelles lors de la Veillée de l’Yser. « Le dossier est extrêmement épineux », concédait Bart de Wever dans nos colonnes. « Même si je suis convaincu que la séparation des deux régions est la meilleure voie à suivre, il ne serait pas judicieux de le clamer haut et fort maintenant. Pour les francophones, ce serait le scénario rêvé : à leurs yeux, l’annexion de Bruxelles est une évidence. »

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