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Panamarenko ne sera jamais enfermé dans un canon flamand
17·12·19

Panamarenko ne sera jamais enfermé dans un canon flamand

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Aubry Touriel

Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Avec le décès de Panamarenko, Anvers perd l’un de ses artistes les plus doués, les plus inventifs et les plus insaisissables. Il y a plus de cinquante ans, Henri Van Herwegen surprenait déjà le monde entier avec son premier engin volant. Par la suite, il enchaîna la fabrication de moyens de transport tous plus poétiques les uns que les autres, de miracles ludiques nés d’une technique géniale que l’artiste s’empressait de relativiser.

Mystère

Personne n’a jamais su, au demeurant, si ces engins étaient capables de voler ou de rouler. Dans une interview, il prétendait que tout ce qu’il construisait fonctionnait, et dans la suivante, il affirmait que ce ne serait pas de l’art si ses objets mobiles et engins volants pouvaient se mouvoir. C’était sa manière à lui de garder le mystère intact.

Il a conquis la scène artistique internationale dans les années soixante.

Aussi populaire fût-il, Panamarenko demeura un artiste aussi énigmatique qu’obstiné. Depuis le quartier anversois du Seefhoek, il a conquis la scène artistique internationale dans les années soixante. Alors que son œuvre s’exposait aux quatre coins du monde, il préférait vivre chez sa mère. Quand bien même ses œuvres s’échangeaient contre des sommes considérables, Panamarenko continuait de travailler dans le capharnaüm de son atelier du Seefhoek. Il était très riche, mais nul ne sait ce qu’il faisait de son argent.

Oeuvre pléthorique

En 2003, il surprit tout le monde en annonçant son mariage avec Eveline Hoorens, dirigeante d’une maison de torréfaction. Il quitta alors Anvers et prit sa retraite en 2005, abandonnant un monde de l’art abasourdi. Mais quelle mouche l’a piqué ? se demanda-t-on à l’époque. « Bah, quand on a exposé dans le monde entier, il faut bien un jour laisser la place à ceux qui ont dix fois moins de talent », répondit-il un peu plus tard dans une interview accordée à notre journal avant de rire de sa propre arrogance. Un humour typiquement anversois : ouvrir sa grande gueule, puis profiter qu’elle soit ouverte pour rire bien fort. Ceci étant dit, nous ne saurons jamais pourquoi le célèbre Anversois a décidé de mettre fin aussi brusquement à sa carrière artistique. Heureusement, il a laissé derrière lui une œuvre pléthorique.

Trois générations d’amateurs de l’art auront été séduites par Panamarenko : ses contemporains, leurs enfants et leurs petits-enfants. Et il ne fait aucun doute que ses engins mystérieux continueront d’émouvoir les générations à venir.

Canon flamand ?

Qu’aurait pensé Panamarenko des discussions actuelles sur le fameux canon flamand ? Il y a assurément sa place, mais il aurait sans doute joyeusement refusé d’en faire partie. Panamarenko ne se laisse enfermer ni dans un canon, ni dans un courant, ni dans une case. Il a justement mis en œuvre tout son savoir-faire et toute son inspiration pour ne faire partie de rien, pour tracer avec obstination sa propre route et pour amuser le public, le faire rêver et le faire voler bien au-dessus du monde des lois, des règles et des canons.

 

Voir aussi (et malheureusement) Jef Geys : mort d’un humaniste 

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