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Statut d’artiste : la stratégie de division extrêmement cynique de la N-VA
10·05·22

Statut d’artiste : la stratégie de division extrêmement cynique de la N-VA

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by Alice Dietrich on Unsplash

Rien de surprenant à ce qu’un mandataire de la N-VA ait un avis tranché sur une proposition émanant du PS. Dans sa critique de la réforme du statut d’artiste, monsieur Anseeuw parle d’artistes au chômage tout en balayant une fois de plus la réalité et en véhiculant l’idée fausse selon laquelle les artistes, lorsqu’ils ne se produisent pas ou n’exposent pas, ne travaillent pas et sont donc « au chômage ».

Lorsque ça l’arrange, la N-VA, généreusement subventionnée, aime se référer aux Pays-Bas ou à l’Allemagne comme des exemples à suivre. En l’occurrence, ces voisins, avec qui nous sommes censés partager une relation culturelle étroite, mènent une politique beaucoup plus sensée en matière de statut social d’artiste, investissent dans le développement des talents et font preuve d’une approche constructive en ce qui concerne le rôle de l’art dans la société.

Ils ont la perspicacité et le courage de se diversifier – et donc de ne pas polariser – afin de créer un cadre de vie sain dans lequel les artistes peuvent assumer un rôle et une responsabilité à l’égard de leurs concitoyens.

Non, les artistes ne dilapident pas l’argent public

Je critique également l’attitude « pour nous et par nous » qui semble prévaloir chez une poignée d’artistes. Mais dans ce contexte, reprocher aux travailleurs de l’art d’avoir collaboré, en tant qu’experts, à ce projet semble surtout un signal qui montre que monsieur Anseeuw n’est pas prêt à lâcher l’approche descendante à l’ancienne.

« Exhorter les artistes à se professionnaliser et les priver de la possibilité de montrer leur travail, est à la fois inapproprié et injuste. »

C’est peut-être du côté de ce modus operandi que le bât blesse. En effet, si monsieur Anseeuw veut que les artistes fonctionnent « réellement », au point de rendre superflue toute dérogation ou autre mesure de lutte contre les symptômes, il devrait probablement faire pression sur les dirigeants de son propre parti.

Ce sont nos ministres de la culture et de l’enseignement (NDLR: Jan Jambon et Ben Weyts) qui détiennent la clé d’une véritable « professionnalisation » du secteur artistique flamand, mais qui appliquent une politique totalement à contresens. Exhorter les artistes à se professionnaliser et les priver, en parallèle, de la possibilité de montrer leur travail, est à la fois inapproprié et injuste. Tant qu’il n’y aura pas de politique visionnaire basée sur l’expertise, des mesures d’urgence resteront nécessaires pour éviter que la Flandre ne reste un no man’s land culturel.

Coupes drastiques dans la culture flamande: « On nous brise les quelques os qu’il nous restait »

Dans son dernier paragraphe, monsieur Anseeuw montre que sa méconnaissance du secteur de l’art contemporain n’a d’égal que ses lacunes en histoire de l’art. D’une part, il plaide pour démolir le romantisme entourant le talent artistique, mais d’autre part, il présente une conclusion truffée d’idées pseudohistoriques sur-romancées.

Et surtout, une question plus fondamentale se pose quand monsieur Anseeuw parle de « citoyens de première classe » et se demande si les artistes peuvent faire partie de ce groupe. J’ignorais qu’en Belgique, on distinguait encore officiellement différents grades parmi la population civile. Je l’interprète comme une remarque sarcastique. Mais lorsqu’elle est utilisée de cette manière et dans ce contexte, elle fait partie d’une stratégie de division et de domination extrêmement cynique, une rengaine que nous connaissons tous maintenant.

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