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Dring Dring #5 : Les Flamands veulent-ils la fin de la Belgique ?
07·11·20

Dring Dring #5 : Les Flamands veulent-ils la fin de la Belgique ?

Pour ses cinq ans, DaarDaar lance « Dring Dring », le podcast qui vous fait découvrir la Flandre à vélo. Dans le cinquième et dernier épisode, Aubry Touriel, journaliste spécialiste du nord du pays, vous emmène en voyage à travers le Brabant flamand. De Hoeilaart à Holsbeek en passant par Lubbeek, il va discuter avec les habitants pour voir s’ils veulent vraiment une Flandre indépendante.

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

© Jef Van den Bossche

Aubry Touriel
Auteur

Lors des dernières élections, 43 % des Flamands ont voté pour la N-VA ou le VB, deux partis qui prônent l’indépendance de la Flandre. D’après ces résultats électoraux, on pourrait en conclure que plus de 4 Flamands sur 10 veulent la fin de la Belgique. Partons à leur rencontre dans le Brabant flamand pour voir ce qu’ils en pensent…

« La fin de la Belgique, une solution ? Je ne crois pas. Pour moi, on peut scinder le pays, mais est-ce une solution ? Ça, c’est une autre question… » La voix rauque, sûrement façonnée par de longues années à fumer, Jonny sirote une Stella dans le café De Zwaan à Lubbeek.

Theo Francken est le populaire bourgmestre de cette ville de 13.000 habitants près de Louvain. Là-bas, plus d’un habitant sur trois a voté N-VA lors des élections communales de 2018. « Je vote normalement pour notre Theo. Il fait ça bien », ajoute Jonny. « Il vient régulièrement boire un verre ici. Il aime être en contact avec la population. »

Jonny, dans le café De Zwaan à Lubbeek © Jef van den Bossche

Jonny, dans le café De Zwaan à Lubbeek © Jef van den Bossche

Le pensionné originaire de Holsbeek regrette la manière dont les francophones perçoivent son bourgmestre : « Ils ont tort : Theo n’a pas une attitude hostile. Il tient aux structures. Pendant de nombreuses années, la Belgique a été mal gouvernée. Notre pays est si riche et, pourtant, il y a de tellement de problèmes… La dette est énorme, ce n’est pas normal. »

S’il avait un message à faire passer aux dirigeants politiques, ce serait : « Il ferait mieux de s’entendre comprendre au lieu de se mettre des bâtons dans les roues. En prenant le meilleur des deux, ils pourraient arriver à de bons résultats. »

Bruxelles complique tout

Guido et Ophra sont nos premiers hôtes de ce voyage. Ils habitent à Hoeilaart, la ville la plus verte de Flandre. Coincée entre la Région bruxelloise et la Wallonie, cette commune flamande est couverte à 56 % de forêts.

Guido et Ophra dans leur jardin à Hoeilaart © Jef van den Bossche

Guido et Ophra dans leur jardin à Hoeilaart © Jef van den Bossche

Ophra travaille dans un centre de soins. Guido est pensionné et travaille bénévolement dans un café à Louvain. Ils ne voient aucun avantage à séparer la Belgique : « On est déjà un si petit pays : on représente des cacahuètes en Europe en termes de superficie et d’habitants…. Et on voudrait le diviser en trois ? On devrait alors rejoindre Bruxelles… »

Bruxelles, le nom est tombé. Pour Jan Verheyen, réalisateur de films flamands, certains comparent à tort notre pays à la Tchécoslovaquie : « Avant de se séparer, il faudrait pouvoir régler la question de Bruxelles, c’est ça qui rend la Belgique si complexe. »

« Les nationalistes flamands commettent les mêmes erreurs que les défenseurs du Brexit »

Près de la rivière Dyle qui relie Genappe à Malines, un jeune couple admire les oiseaux depuis une kijkhut, une cabane en bois pour observer la faune et la flore.

Sam, étudiant en médecine à Louvain, ne veut pas entendre parler de la scission du pays : « C’est ridicule. On est la Belgique, on est tous ensemble. Même si maintenant la Flandre paie un peu plus pour soutenir la Wallonie, ce n’est pas une raison pour se séparer. On doit être solidaire dans les temps difficiles. »

Sam et sa copine italienne © Jef van den Bossche

Sam et sa copine italienne © Jef van den Bossche

Pour Sam, les nationalistes flamands essaient de montrer les choses trop simplement : « Ils pensent qu’il suffit de séparer le pays pour résoudre le problème, mais ce n’est pas aussi facile. Ils ne se rendent pas compte des conséquences. »

Liesbeth Van Impe, rédactrice en chef du quotidien Nieuwsblad, déclare : « L’indépendance de la Flandre est un projet politique légitime. Mon reproche aux nationalistes, c’est qu’ils commettent les mêmes erreurs que les défenseurs du Brexit. Ils ont créé une image où un Brexit, c’est facile et où il n’y aura pas de conséquences économiques. Tout va être parfait, Madame la Marquise. »

Seulement, la vérité est moins rose d’après Liesbeth Van Impe : « Quand on commence à concrétiser les plans de fin de la Belgique, il s’avère que c’est plus compliqué que prévu, que ça va nous coûter, qu’il n’y a pas de solution pour Bruxelles et la dette. Donc, si tu es sérieux, tu dois aussi dire la vérité : dire comment tu vas faire et quel est le prix à payer. »


Ces histoires vous intriguent ? Retrouvez-en plein d’autres dans le cinquième et dernier épisode de Dring Dring, le podcast de DaarDaar qui vous fait découvrir la Flandre à vélo. On traversera la ligne entre Bruxelles et la Flandre par la forêt de Soignes. Vous découvrirez le Vlooybergtoren à Tielt Winge, un escalier qui défie les lois de la gravité au-dessus qui fait office de tour panoramique. Vous observerez le château de Horst qui a inspiré l’auteur de la bande dessinée De Rode Ridder, le Chevalier rouge.


Bonus

Retrouvez les magnifiques photos de Jef Van den Bossche et notre parcours grâce à cette carte interactive :


Projet soutenu par le Fonds pour le journalisme et la Fédération Wallonie-Bruxelles

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