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Malaise et démissions spontanées: que se passe-t-il à la VRT?
23·04·24

Malaise et démissions spontanées: que se passe-t-il à la VRT?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Belga

Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

En quelques années, le nombre de démissions spontanées a plus que doublé à la VRT. Les chiffres communiqués par les syndicats du radiodiffuseur public parlent d’eux-mêmes : le pourcentage de départs volontaires s’élevait à 1,68 en 2020, puis il n’a cessé de grimper jusqu’à s’établir à 4,12 en 2023. « Les employés de la VRT apprécient leur employeur, ils sont fiers d’y travailler, ça a toujours été le cas », font valoir les syndicats. « Mais désormais, certains d’entre eux partent alors qu’ils ne l’auraient jamais fait par le passé. Ces salariés ont pourtant une longue expérience — jusqu’à trente ans de service, dans un cas récent. Leur unique grief : la politique menée actuellement, le malaise créé par l’ambiance de travail. Ç’aurait été inimaginable par le passé et ça ne présage rien de bon. Voilà déjà bien longtemps que la VRT s’emploie à faire des économies : il y a eu des licenciements secs, la nomination de nouveaux responsables qui appliquent une approche différente… Tout ça pèse sur les employés. Et c’est ce qui explique pourquoi ils sont deux fois plus nombreux à quitter le navire. »

Des signaux négatifs

La VRT a envoyé plusieurs signaux négatifs récemment. L’année dernière, le patron, Frederik Delaplace, avait ainsi intimé à ses employés de ne plus critiquer publiquement la maison. Le mois dernier, 200 personnes ont pourtant signé une lettre ouverte particulièrement acerbe réprouvant la décision de ne pas diffuser le documentaire sur Bart De Pauw (présentateur vedette condamné en 2021 pour harcèlement). Et puis, il y a les affaires de management toxique et de comportements abusifs au sein de la rédaction jeunesse de VRT NWS, ainsi que l’enquête sur le fonctionnement du service information lancée à sa suite par l’inspection du travail. Sans compter une pétition interne contre le conseil de rédaction, qui ne fait qu’attiser les tensions.

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Rupture du lien de confiance

Une autre source syndicale précise toutefois que l’explosion du nombre de départs volontaires est antérieure à cette série d’incidents. « Quand on cherche à changer de travail, on y réfléchit plus que quelques semaines. Mais le plan de transformation, ça a été le véritable coup de grâce. Il n’y a plus de sécurité de l’emploi et l’ambiance a changé, tout simplement. Les employés de la VRT s’identifient à leur entreprise. Et comme l’a montré l’actualité récemment, ils rejettent ces évolutions. Ça fait de la peine, d’entendre parler ainsi de la VRT. Même si tout est vrai… Il y a une rupture du lien de confiance ».

Un marché concurrentiel

Bob Vermeir, porte-parole du radiodiffuseur public, relativise ces chiffres. « En effet, la rotation du personnel s’est légèrement accrue. Mais il n’y a rien de remarquable ou de problématique à cela. S’agissant plus particulièrement des professionnels du numérique, le marché est extrêmement concurrentiel. Et il faut rappeler que les travailleurs de la génération actuelle changent d’employeur plus facilement que par le passé. Ces mouvements nous donnent la possibilité de rajeunir nos effectifs et d’y intégrer davantage de diversité. Ce qui transparaît d’ailleurs dans nos chiffres. Du reste, notre taux de rotation reste inférieur à la moyenne belge, qui est de 5,1 %. »

Ne pas brusquer la direction

Et pourtant. « Cette envolée des chiffres est révélatrice », analyse Baldwin Van Gorp, professeur d’études des médias à la KU Leuven. « La VRT a toujours été un employeur attrayant au sein du paysage médiatique. Elle dispose de moyens importants et permet aux professionnels de la télévision de réaliser leurs rêves. Mais il y a eu cette vague de licenciements qui a coûté leur poste à de grands noms. Désormais, il faut faire avec moins de ressources, matérielles et humaines. À cela s’ajoutent le scepticisme que suscite la direction depuis un certain temps et, plus récemment, la série d’incidents et de signaux négatifs. Tout ça crée une certaine atmosphère… »

De fait : les syndicalistes du radiodiffuseur public préfèrent ne pas être cités nommément, mais uniquement en tant que « les syndicats ». C’est que des entretiens de conciliation sont en cours et qu’il ne faudrait pas brusquer la direction encore davantage. Mais ils portent une autre accusation qui est ressentie par la direction comme une nouvelle attaque. Ce qui génère encore plus de frictions. « C’est cette ambiance qui pousse certaines personnes à assurer leurs arrières », explique le professeur. « En filant vers la concurrence. Ou en quittant carrément le secteur. »

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