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Catholiques, musulmans, laïcs… les étudiants flamands suivront le cours de « dialogue interconvictionnel »
15·12·23

Catholiques, musulmans, laïcs… les étudiants flamands suivront le cours de « dialogue interconvictionnel »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Fauxels via canva.com

L’Enseignement flamand enlève une heure de philosophie du programme scolaire et la remplace par une nouvelle matière. L’année prochaine, les élèves du troisième degré de l’enseignement secondaire auront un cours de « dialogue interconvictionnel ».

Dans le troisième degré de l’Enseignement flamand, tous les élèves auront désormais un cours de « dialogue interconvictionnel » à raison d’une heure par semaine, et ce dès l’année prochaine. Le cours d’orientation philosophique sera dès lors réduit de moitié, passant de deux à une heure.

Les élèves aux convictions diverses seront ainsi réunis, dans le but de « renforcer leur résilience et leur sens critique », précise le ministre de l’éducation Ben Weyts (N-VA).

Chacun dans son coin

Aujourd’hui, les cours de philosophie sont dispensés par modules séparés, de la première à la sixième secondaire. Les élèves musulmans apprennent l’islam, les élèves laïcs apprennent la morale non confessionnelle, et les catholiques apprennent la religion catholique. Bien souvent, ces cours traversent les classes et les années sans qu’il n’y ait de contact entre les différents groupes. Chacun reste dans sa bulle. Par décret, les écoles du réseau flamand (GO!, ndlr) sont tenues de proposer des cours pour l’ensemble des religions reconnues dans le monde : catholique, orthodoxe, protestante, anglicane, juive et musulmane. À cela s’ajoute la morale non confessionnelle, option fort prisée également.

La nouvelle matière réunit pour la première fois des élèves de différentes confessions dans un contexte philosophique. « L’école est l’un des rares endroits de la société où tout le monde se retrouve. C’est donc le lieu idéal pour surmonter les différences et créer du lien », souligne Koen Pelleriaux, directeur de l’Enseignement flamand. Le but de cette initiative est de promouvoir la citoyenneté active toute en luttant contre la polarisation.

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Prophète Mahomet

À l’Athénée de Heist-op-den-Berg, les élèves se montrent prudemment enthousiastes à l’égard du nouveau cours de dialogue interconvictionnel, ILD en abrégé (interlevensbeschouwelijke dialoog, ndlr). Il faut dire qu’ils ont servi de cobayes, puisqu’ils suivent cette matière depuis l’année dernière. « J’ai déjà beaucoup appris sur le christianisme et sur les différentes organisations qui viennent en aide aux gens », se félicite Islam Dzhantayev (18 ans), étudiant en restauration. Le jeune homme a d’ailleurs eu le plaisir de donner une présentation sur l’islam avec deux camarades de classe, expliquant notamment qui était le prophète Mahomet et ce qu’il signifie pour ses coreligionnaires.

Islam n’est pas le seul à vanter les mérites du dialogue. Céleste van Eyck (17 ans) témoigne : « Nous avons appris à argumenter, et je remarque que j’ai déjà changé d’avis plusieurs fois grâce à ce que les autres ont dit. »

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Les thèmes abordés sont variés. « L’année dernière, nous avons par exemple parlé d’exclusion, de droits de l’homme et d’engagement social », indique Omer Uzun, professeur de religion islamique. Nous avons également passé en revue les relations et les phénomènes paranormaux.

Ces dernières semaines, les élèves se sont penchés sur des institutions telles que Caritas, Skepp, la mosquée ou l’église. Chacun a notamment dû ériger un stand afin de convaincre l’autre de sa valeur ajoutée. Jordy Huybrechts (19 ans), actuellement en sixième année en option horticulture et jardinage, apprécie particulièrement les liens tissés durant l’exercice. « Vous découvrez les gens sous un autre angle », explique-t-il. « Cela change de nos discussions habituelles pendant la récré. »

Mais la nouvelle matière ne fait pas l’unanimité. « En fait, je m’en fiche un peu », confie Maya Vetters (17 ans, sixième année, option infirmerie). « Mais je fais de mon mieux. »

Un puzzle complexe

Ces derniers temps, les matières philosophiques se retrouvent sous le feu de la critique. Les directeurs d’établissement, en particulier, rechignent à les organiser. Selon une enquête du VLVO (association regroupant des responsables du milieu de l’enseignement), pas moins de 92 % des écoles de l’enseignement officiel suggèrent de revoir la situation actuelle. Le puzzle est si difficile à résoudre que les effets, en fin de compte, seraient contre-productifs.

Même constat à Heist-op-den-Berg. « Assembler les pièces du puzzle relevait déjà du casse-tête aujourd’hui », déplore Carolien Milis, enseignante et inspectrice du culte catholique romain. « En particulier pour les petites religions », renchérit Nathalie Lemmens, directrice de l’Athénée de Heist-op-den-Berg. « Les élèves orthodoxes et protestants n’ont pas encore vu de professeur cette année. » Le problème se pose aussi dans les autres matières confessionnelles, où les enseignants sont souvent amenés à travailler dans quatre écoles, ajoute-t-elle.

La situation ne risque pas de s’améliorer avec l’introduction de cette nouvelle matière dans le troisième degré. En effet, le cours est dispensé par les différents enseignants des matières philosophiques, en collaboration avec les institutions compétentes. « Là encore, il faut réunir les personnes concernées autour de la table », explique la directrice. « Sans compter que le dialogue sera difficilement gérable dans les classes de plus de 40 élèves. Cela demandera de la créativité et énormément de coordination. »

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