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13·11·19

A Bilzen, une limite a été franchie

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by Ricardo Gomez Angel on Unsplash

« Qu’on laisse tout simplement ces bronzés partir en fumée. » Tels sont les mots prononcés par une voix quelque peu éméchée et manifestement enthousiaste dans une vidéo qui circulait sur les réseaux sociaux et que TVL, chaîne de télévision de la province du Limbourg, a relayé par la suite. Les images montrent le centre d’accueil « Ark van Noé », situé à Grote Spouwen dans la commune de Bilzen, en proie aux flammes.

Ce que l’on pensait tout bas est crié sur les toits sans le moindre complexe.

L’endroit était censé accueillir 140 demandeurs d’asile dans un mois. Des hommes, des femmes et des enfants venant d’Amérique du Sud, de Turquie et de Syrie. « Dommage que le bâtiment soit encore inoccupé », « quoi qu’il en soit, les auteurs méritent une médaille », « enfin un courageux qui joint le geste à la parole » ou « il faut en effet passer à l’acte si notre voix n’est plus entendue », peut-on notamment lire dans le fil des commentaires sur Facebook.

Faut-il s’étonner de ces réactions ? Bien sûr que non. Plus maintenant. Ce que l’on pensait tout bas et exprimait à haute voix en cercle fermé autrefois est, depuis quelques années, crié sur les toits sans le moindre complexe. Fièrement. Souvenez-vous de ce jeune homme de 15 ans, habitant de Genk et d’origine marocaine, qui est décédé dans un accident de quad. À l’époque, la déferlante de propos ouvertement racistes était telle que De Morgen y avait consacré sa une.

Un cocktail molotov jeté sur un brasier hors de contrôle.

L’épisode date de l’été 2016. Période durant laquelle plusieurs centres d’asile avaient déjà été incendiés en Allemagne. Si seulement nous avions prêté attention à la foule qui, chez nos voisins, assistait au spectacle en applaudissant. Des événements si proches et pourtant si éloignés. En Belgique, pratiquement chaque nouveau centre d’asile, depuis Sijsele en 2015 jusqu’à Zoutleeuw la semaine dernière, avait « uniquement » eu droit à des banderoles de protestation. Face au centre d’accueil de Lommel, au printemps dernier, le Voorpost brandissait des panneaux de circulation où figurait le message suivant : « Attention ! Passage d’immigrés illégaux ».

Dans la nuit du 10 au 11 novembre, au moment précis où l’Armistice était signé il y a tout juste plus d’un siècle, une limite a été franchie. Certes, l’enquête doit encore jeter la lumière sur le motif de l’incendie volontaire et il n’est pas encore établi que l’action visait les demandeurs d’asile. Mais l’image d’un centre d’asile à feu et à flammes fait d’ores et déjà l’effet d’un cocktail molotov jeté sur un brasier hors de contrôle. Un brasier déclenché par la droite sous couvert de la volonté du peuple et condamné par la gauche qui redoute une nouvelle nuit de Cristal.

L’expression inquiétante d’une idéologie extrémiste

Un tel climat délétère présente le danger de voir le fossé se creuser entre les responsables politiques et l’opinion publique. Ce sont les premiers nommés, sans oublier les médias, qui ne prennent plus les discours et actes de haine pour ce qu’ils sont : l’expression inquiétante d’une idéologie extrémiste au sein d’une minorité de la population. L’incendie de Bilzen requiert dès lors transparence d’un côté et vigilance de l’autre. Et, par-dessus tout, gardons la tête froide.

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