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27·08·19

Reynders à la Commission, la Belgique à papa, et l’art de la polémique

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo (cc) EU2017EE Estonian Presidency

Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Si Didier Reynders n’avait pas été Didier Reynders, la polémique n’aurait pas eu lieu. Il en a toujours été ainsi avec lui, et sa candidature à la Commission européenne n’y changera rien.

La N-VA souhaite un commissaire flamand et estime qu’un gouvernement minoritaire doit passer par la case Parlement pour ce genre de décisions. Groen, pour sa part, aimerait une femme, plus jeune si possible. Nous pouvons d’emblée balayer deux critiques d’un revers de main : la commissaire belge actuelle, Marianne Thyssen, est une femme flamande, et l’alternance est de tradition entre les deux régimes linguistiques.

Un MR sans capitaine à bord

Certes, il n’y a pas de majorité en faveur de Reynders, mais il n’y en a aucune en sa défaveur non plus. Le PS profitera à coup sûr des départs de Reynders et de Michel pour mettre la main sur le gouvernement wallon avec un MR sans capitaine à bord. Et il est même légitime de trancher aussi vite le nœud gordien : la Belgique devait proposer lundi un candidat belge – de préférence deux, en fait – sous peine de recevoir des compétences moins convoitées. Le Brexit pouvant toucher la Flandre de plein fouet, il aurait été malvenu de ne pas avoir voix au plus haut chapitre de l’Union. D’autre part, ni Geert Bourgeois, ni Gwendolyn Rutten, ni personne n’a réellement combattu pour proposer un deuxième choix à la Commission.

En Flandre, personne ne croit en lui.

Les opinions sur Didier Reynders sont très partagées. En Flandre, personne ne croit en lui. En Wallonie, c’est plus mitigé. En Europe, par contre, il bénéficie d’un crédit plus qu’honorable. Si Reynders suscite la polémique, c’est parce que personne ne sent plus l’establishment que lui. Personne n’incarne mieux que lui la Belgique à papa, avec tout ce que cela comporte de liens étroits avec la Justice et la haute finance. Il est des cercles où ces liens sont plus acceptés que d’autres. Il convient toutefois de reconnaître qu’il bénéficie d’une expérience extraordinaire en matière d’affaires européennes.

Sauve-qui-peut

Si l’on veut critiquer le gouvernement, autant utiliser des arguments plus importants que l’origine, la langue, la couleur politique ou le sexe du candidat. Par exemple, Didier Reynders est l’un des deux informateurs fédéraux : comment mènera-t-il à bien sa mission tout en se concentrant sur sa candidature à la Commission ? Aussi, avec le départ de Michel et de Reynders, le MR n’aura plus de leader alors qu’il est censé jouer un rôle dans la formation du gouvernement fédéral. N’oublions pas non plus que Didier Reynders est ministre de la Défense et des Affaires étrangères au sein de notre gouvernement minoritaire en affaires courantes. Et enfin, son départ pour l’Europe renforce encore l’idée du sauve-qui-peut généralisé : tout ministre qui peut quitter le navire n’hésite pas à fuir.

Les femmes et les enfants d’abord ? C’est fini, ce temps-là. Aujourd’hui, c’est au capitaine et à l’équipage de foncer sur les canots de sauvetage.

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