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Bart De Wever plaide pour interner de force les SDF agressifs
22·09·23

Bart De Wever plaide pour interner de force les SDF agressifs

Temps de lecture : 4 minutes
Auteur
Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

Le bourgmestre d’Anvers Bart De Wever (N-VA) plaide pour que le contenu de la loi sur le vagabondage, qui a été abolie en 1993, soit remis au goût du jour. Il entend ainsi lutter contre les nuisances provoquées par les personnes sans domicile fixe. « Nous devons pouvoir interner de force dans des conteneurs de logement le noyau dur des personnes qui refusent de se faire aider et qui se montrent agressives et sont sous l’emprise de la drogue. Nous devons pouvoir les interner provisoirement, le temps d’évaluer la situation et les mesures à prendre. »

En Belgique, à partir de 1866, les vagabonds pouvaient être condamnés à être mis à la disposition du gouvernement. La loi entendait par vagabond toute personne qui n’avait pas assez d’argent pour acheter un pain. À partir de 1891, les vagabonds pouvaient également être enfermés, notamment dans la colonie de vagabonds de Wortel, une prison à ciel ouvert. La loi sur le vagabondage a été abolie il y a trente ans et De Wever a déclaré lundi, en réponse à une question posée en commission du conseil communal à propos des nuisances provoquées par les SDF sur la place Verte (Groenplaats) d’Anvers, que cette décision constituait une erreur.

Noyau dur

De Wever ne plaide pas pour que la loi soit rétablie, ce qui est d’ailleurs impossible, nuance-t-il. « Mais il faut développer un dispositif dans ce sens afin d’appréhender la problématique actuelle de ces miséreux, les zorgwekkende zorgvermijders comme on les appelle aux Pays-Bas (Note du traducteur : ce que l’on pourrait traduire par « les personnes qui refusent de se faire aider alors que leur état de santé est préoccupant »). Ces personnes inquiètent dans le sens où elles représentent un danger pour elles-mêmes et pour leur environnement. Qui plus est, elles fuient activement l’aide et les soins qui leur sont proposés. À Anvers, il y a des centres de jour et de nuit pour les SDF, des équipes mobiles pour les personnes souffrant d’une addiction et un projet housing first qui prévoit de mettre des logements à la disposition des sans-abris. Notre ville dépense énormément d’argent afin d’offrir une existence digne à ce groupe de personnes qui, souvent, sont sans domicile fixe. La plupart acceptent cette main tendue, mais il y a un noyau dur qui s’obstine à la refuser. »

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Internement forcé

Et De Wever d’esquisser le profil des membres de ce noyau dur. « Il s’agit de personnes qui veulent vivre dans l’espace public et y font également leurs besoins. Elles se montrent de plus en plus agressives à l’égard des passants en raison de leur consommation de drogue et d’alcool, et se prostituent. Elles ne veulent pas des soins qu’on leur propose et sont d’ailleurs trop agressives pour qu’on puisse les leur prodiguer. C’est pourquoi il nous faut évoluer vers le concept de bestuurlijke bemoeizorg, comme aux Pays-Bas, où les autorités locales peuvent exercer un pouvoir de contrainte et vous dire : Votre vie est lamentable, pour vous comme pour votre entourage. Nous allons vous interner temporairement, vous stabiliser et vous rendre un minimum de dignité humaine. La législation actuelle ne permet pas d’appréhender cette problématique et ce « noyau dur » de SDF coûte beaucoup d’argent à la ville. On parle de quelques dizaines de personnes qui mobilisent chaque jour les forces policières anversoises, alors qu’une cellule de police n’est pas faite pour désintoxiquer une personne droguée. Police, nettoyage de la ville et soins : la facture se chiffre en millions d’euros. »

Bruxelles-Midi

Si l’on se réfère à la proposition de De Wever, les personnes qui posent problème seraient internées de force, temporairement. « Dans la communication, l’accent soit être mis sur la dignité de la prise en charge dont elles feront l’objet. Je pense aux conteneurs de logement qui sont équipés pour cela et qui sont gérés par des spécialistes. Ces personnes pourraient séjourner là-bas jusqu’à ce que nous ayons évalué leur situation et les mesures à prendre. Si nous n’agissons pas, ce n’est qu’une question de temps avant qu’on découvre un cadavre sur un parking. »

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Le bourgmestre d’Anvers ajoute qu’il faut offrir à ces gens une meilleure perspective que la rue. « En réalité, ils ont déjà passé une partie de leur vie en détention, dans une cellule de police sans fenêtres et avec un simple pot pour faire leurs besoins. J’ai bien conscience que c’est un message difficile à entendre pour la société, mais il faut pouvoir recourir à la contrainte pour ces personnes-là. »

La proposition de De Wever résonne comme une promesse électorale, et l’intéressé parle également d’une priorité absolue. « Après les prochaines élections, ce sera, de loin, le premier chantier auquel je m’attellerai. Et mon petit doigt me dit que chaque collègue bourgmestre qui connaît le problème sera d’accord avec moi pour dire qu’il faut faire quelque chose. Les critiques que j’ai lues au sujet de ma proposition émanent de personnes qui connaissent une partie du groupe cible, mais pas le noyau dur. Recréer une sorte de colonie comme il en existait une à l’époque pour les vagabonds à Wortel, j’espère que c’est une idée qui sera bien accueillie, ne serait-ce que parce qu’elle permettrait d’économiser de l’argent, en fin de compte. Les villes et communes devront certes payer une contribution, mais ne rien faire coûte encore plus. Regardez un peu ce qui se passe à la gare du Midi à Bruxelles, qui est devenue un pôle d’attraction pour SDF. Des sans-abris qui, au début, ne consomment pas encore de crack, mais finissent par succomber à la tentation au bout de quelques mois. Et par développer une addiction qui, in fine, coûtera très cher à la société. »


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