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Coronavirus : ces scientifiques qui se plaignent de nos critiques
05·03·21

Coronavirus : ces scientifiques qui se plaignent de nos critiques

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Crédit: Pedro Figueras via Pixabay

Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Voilà un an jour pour jour que, depuis le parlement, Maggie De Block (Open Vld) s’est adressée à la population en ces termes : « Restez chez vous ». Depuis lors, nous vivons « chez nous » au gré des courbes et des chiffres. Douze mois plus tard, nous constatons avec épuisement que l’État n’a toujours pas su tirer pleinement profit de toutes ces données. Nous n’avons pas la moindre idée, par exemple, de l’impact des foyers de coronavirus dans les hôpitaux sur l’augmentation du nombre des admissions. Il pourrait tout autant être nul que très important — ce qui conduirait à voir les fortes hausses d’une autre façon. Le problème, c’est que nous ne savons pas. Comme les hôpitaux n’ont pas l’obligation de rendre compte de ces foyers, les autorités ne peuvent pas en assurer le suivi et les experts ne sont pas en mesure d’en tirer des conclusions. Pendant ce temps, nous nous perdons en conjectures sur les causes de ces flambées et prenons en conséquence des décisions extrêmes pour la population. Ai-je le droit de m’en plaindre ?

Je pose la question car la professeure Erika Vlieghe estime que la presse est trop négative dans sa couverture de la lutte contre le coronavirus. Traçage inopérant, laboratoires qui se livrent une lutte motivée par l’argent, masques potentiellement toxiques, vaccins relégués dans des congélateurs, etc. : selon elle, ces questions devraient faire couler moins d’encre et de salive. En revanche, elle ne se prononce pas sur le rapport idéal entre articles négatifs et positifs. Sans doute pourra-t-on inventer une task force pour plancher sur le sujet… La sortie de madame Vlieghe est légitime et notre journal, Het Laatste Nieuws, tient lui aussi à ce que les médias puissent débattre sainement. Qu’avons-nous bien fait au cours de l’année écoulée ? Et quelles ont été nos erreurs ? Car, rappelons-le : les journalistes sont aussi des hommes et des femmes qui, souvent, à l’instar des soignants, des fonctionnaires, des responsables politiques et des experts, s’efforcent sans relâche depuis un an d’informer la population comme il se doit sur la plus grande crise sanitaire que nous ayons connue depuis un siècle. Nous y parvenons vaille que vaille.

Ce que madame Vlieghe passe opportunément sous silence, c’est le fait que ses collègues et elle-même se plaignent également.

Quand les dirigeants ne suivent pas leur avis, par exemple. Ou lorsque les médias n’écrivent ou ne disent pas ce que les scientifiques voudraient lire ou entendre. Ces oppositions ne sont pas toujours du goût des universitaires et chacun le fait savoir à sa façon. Tantôt en coulisse, tantôt sur la place publique. Marc Van Ranst, par exemple, exprime souvent ses critiques sous la forme de boutades, mais son venin n’en est pas moins toxique pour autant. Le professeur Herman Goossens, pour sa part, est plutôt du genre à s’emporter. Il suffit de mettre au jour des faits qui ne cadrent pas avec son opinion pour s’attirer ses foudres. J’ai déjà pu en faire l’expérience à deux reprises. La dernière fois, c’était mardi soir, sur le plateau de l’émission De Afspraak, où il a violemment ridiculisé mon enquête sur la guerre des laboratoires, la qualifiant d’« absurdité totale ». Qu’elles soient adressées sur le ton de la plaisanterie ou de l’invective, ces réfutations sont, à l’évidence, des tentatives d’intimidation.

Et les professeurs et médecins ne se rendent pas compte qu’elles produisent l’effet inverse de celui qu’ils recherchent.

Ces derniers mois, ils les ont passés à découvrir un monde dans lequel ils doivent affronter la contradiction. Et le réveil a été difficile. Soudain, leurs faits et gestes sont passés au crible d’une presse libre. Ces analyses sont-elles toujours agréables pour eux ? Non. Sont-elles essentielles dans une démocratie ? Plus que jamais.

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