En cette période de carnaval, il suffit de parler de caricatures pour que le débat prenne une tournure, vous l’aurez deviné, caricaturale. Les vives discussions à propos du char qui a défilé dans les rues d’Alost en véhiculant des images pour le moins stéréotypées des juifs nous le montrent. Nez crochus, papillotes, coffres-forts… quiconque dispose d’un tant soit peu de conscience historique a perçu les ressemblances avec la propagande nazie. Avec la question qui en découle : est-ce bien acceptable ?
Manque de jugeote historique
Selon le Forum des Organisations juives, il est question d’antisémitisme, point barre. Et dans le meilleur des cas, d’une preuve de mauvais goût et de manque de jugeote historique. En l’occurrence, cela fait beaucoup d’offenses sur un seul et même podium. Si le mauvais goût est une chose, l’antisémitisme pur et dur en est une autre.
Christoph D’haese, bourgmestre d’Alost, ne voit aucun problème. C’est carnaval, et personne n’a de leçons à donner à sa ville en la matière. Selon lui, le but n’était pas de blesser. Ce qui nous ramène une fois de plus au manque de conscience historique. Inutile de chercher plus loin lorsque la bêtise humaine fournit une explication probante.
S’agit-il des deux seules options possibles ? Propagande nazie décomplexée un dimanche après-midi à Alost, ou humour innocent susceptible de froisser quelques âmes sensibles (et la Commission européenne) de l’autre ?
Flirter avec les limites
Le carnaval est une fête où l’on flirte avec les limites de la bienséance à tous les niveaux. Arrive toujours un moment où, inévitablement, les limites sont franchies. Ce n’est pas la première fois que le carnaval d’Alost fait l’objet d’une controverse. Il serait pourtant absurde de tenter de le contrôler, voire carrément de le censurer. Reste que si carnaval est synonyme de liberté d’expression, nous sommes en droit de penser que ce char était inapproprié.
D’aucuns prétendent qu’il n’y avait pas d’intentions antisémites. Il n’en demeure pas moins que des caricatures contaminées par le climat mortifère actuel ne relèvent en aucun cas de l’humour innocent. Peut-on en rire ? Oui, bien qu’elles témoignent d’un mauvais goût et d’un manque de respect à l’égard des survivants.
Ces derniers, eux, n’ont pas dû en rire. Et il ne faut pas nécessairement être un vieux grincheux politiquement correct pour y voir un geste malvenu. Ce qui est permis n’est pas judicieux pour autant