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Le 22 mars 2016, tournant de notre histoire
22·03·16

Le 22 mars 2016, tournant de notre histoire

Editorial de l’édition spéciale du quotidien De Standaard Avond. Demain, au lendemain des attentats de Bruxelles, DaarDaar vous proposera, à titre symbolique, une sélection des éditoriaux des principaux quotidiens du nord du pays. Ils seront publiés au compte-goutte tout au long de cette journée de deuil national.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) John Kauflan

Pour la première fois, la Belgique a été la cible d’un multiple attentat. Bruxelles figure désormais sur la sinistre liste des villes touchées par la folie meurtrière des terroristes, aux côtés de New York, Madrid, Londres et Paris. Pour la première fois, un attentat suicide a été perpétré sur notre sol, et pour la première fois, des compatriotes sont morts en nombre sur leur propre terre des mains d’islamistes radicaux. Autant de primeurs abjectes qui laisseront des traces profondes sur notre société.

Quel que soit le qualificatif que vous décidiez d’associer à ces actes innommables, «aveugle» n’en fait assurément pas partie. Ces actions implacables ciblaient explicitement Bruxelles en tant que carrefour de l’Europe : en prenant pour cible l’aéroport de Zaventem et la station de métro Maelbeek, à quelques pas du quartier européen, les auteurs de ces attentats n’ont laissé planer aucun doute sur leurs intentions. Le soulagement de l’arrestation de Salah Abdeslam, coauteur des attentats de Paris, aura été de courte durée, et la crainte de représailles amplement légitime. Le répit aura non seulement été éphémère, mais le plus grave est l’escalade de la violence à laquelle nous faisons face. L’islamisme radicalisé nous a déclaré la guerre. Ce double attentat, commis ce matin à une heure de grande affluence, avait pour but de faire couler le plus de sang possible et de semer la terreur bien au-delà de nos frontières.

La vulnérabilité de notre société, aussi moderne et ouverte soit-elle, a été démontrée de façon traumatisante. Il n’existe pas beaucoup d’endroits au monde où l’on croise autant de couleurs, de confessions, de cultures et de religions que dans le hall des départs d’un aéroport international. Dans le cas de Brussels Airport, il ne s’agit pas uniquement de touristes et de voyageurs d’affaires, mais aussi de diplomates, de ministres et de présidents. La violence nous menace de près, tous autant que nous sommes. L’attentat de la station de métro de Maelbeek est une bombe lancée au visage de l’Union européenne. Les terroristes ont voulu nous démontrer leur toute-puissance, nous prouver qu’ils pouvaient nous frapper où et quand ils le voulaient.

Ce 22 mars 2016 marque un tournant dans l’ histoire de notre société. Rien ne sera plus jamais pareil. Après les attentats de Paris et le «lockdown» dont Bruxelles avait fait l’objet l’an dernier, nous nous étions doucement réhabitués à vivre. Ce ne sera plus possible à présent. Il n’y aura pas de retour en arrière.

Inévitablement, notre vie sera lardée d’encore plus de mesures de sécurité, d’encore plus de restrictions de notre liberté et de notre vie privée. Mais en temps de guerre, d’autres lois s’appliquent. Et nous sommes aujourd’hui en guerre. Une guerre où notre ennemi et son fanatisme ne reconnaissent aucune règle.

Jusqu’à hier, nous pouvions encore espérer que Bruxelles ne soit pas Bagdad et qu’elle ne le devienne jamais. L’insécurité y est encore considérablement différente. Mais nous venons néanmoins de perdre l’illusion que nous ne pouvions jamais, pour une raison ou l’autre, tomber à un tel niveau de violence et de folie.

Au même titre que New York, Madrid, Londres et Paris, Bruxelles appartient désormais à la catégorie des villes mises à feu et à sang par le terrorisme. Le rayonnement international de notre capitale la prédisposait à ce sort depuis des années. Il est néanmoins douloureux de devoir accepter que ce bain de sang soit devenu réalité. Mais il n’en reste que nous pouvons aussi y puiser de la consolation et de l’espoir. D’autres nous ont précédés dans cette tragédie. Toute proportion gardée, d’autres ont reçu des coups encore plus durs que celui que nous venons d’encaisser. Il leur avait alors aussi semblé que le monde ne pourrait plus jamais tourner normalement, qu’il était devenu invivable. Pourtant, toutes les grandes villes du monde qui ont traversé cette épreuve se sont relevées. Leurs habitants ont repris le fil de leur existence. Ils en ont tiré les leçons, pour limiter les risques, mais aussi pour continuer à vivre, malgré le mal, la colère et la peine.

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