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15·06·16

Alors, enfants de la patrie?

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

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Marchons, marchons ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! Serrons-nous en cohortes, nous sommes prêts à la mort ! Aux armes, aux armes ! Sur la terre, sur la mer ! Qui est un homme ne prend pas peur, mais meurt, meurt comme un martyr ! « Mais qu’est-ce donc ? », pensez-vous. Des extraits d’un discours de Donald Trump ou de Recep Tayyip Erdogan ? Des versets du Coran ? Un sous-bock à la Veillée de l’Yser ? Un pamphlet signé Daesh ? Ou un mode d’emploi pour les troupes de Napoléon, d’Hitler ou de Staline ?

Rien de tout cela. Ce sont des textes braillés en 2016 par des millions de personnes émues aux larmes. Des textes dont les commentateurs télé affirment qu’ils leur donnent la chair de poule. Dans ces exemples, ils sont d’origine française, italienne, portugaise et albanaise, mais l’offre est inépuisable.

Mais bon, il conviendrait paraît-il de nuancer ces hymnes nationaux, qui relèvent de la tradition et du folklore. Un peu de patriotisme ne fait pas de mal. Ces textes doivent être interprétés dans leur contexte historique. Personne ne les prend au sérieux.

Personne… jusqu’à ce que débarquent les troupes de choc russes et anglaises, et qu’elles prennent ces textes au pied de la lettre. Visiblement, les amateurs de foot ne sont pas tous des exégètes de talent.

« Le patriotisme est positif, ce n’est pas du nationalisme agressif », écrit Mia Doornaert (DS 13 juin). Donc, le patriotisme serait plutôt une sorte de “nationalisme inclusif”, comme celui que prône Bart De Wever ? Belge ou flamand, aucune différence fondamentale ? Et les textes des hymnes comme ceux épinglés ci-dessus seraient donc le contraire du patriotisme ? Ils n’exprimeraient donc pas (plus) du tout la pensée du “peuple”? Dans ce cas, ont-ils encore leur place dans un hymne national ? De toute évidence, l’argumentation patriotique regorge d’incohérences.

Mia Doornaert écrit aussi que « dans nos pays, l’engouement pour la nation et le drapeau est passé de mode depuis longtemps. » Ai-je bien lu ? Aujourd’hui, à l’Euro de foot, les joueurs ont l’obligation morale de mettre la main sur le cœur lorsque leur hymne retentit. Ceux qui ne chantent pas encourent l’ire de quelques tabloïds et de toute la twittosphère. Ils subissent aujourd’hui une pression nationale et sociale bien plus grande qu’il y a quelques décennies, lorsque les joueurs y prêtaient une oreille souvent plus que distraite.

Il est rare que les commentateurs osent une remarque critique. Passé de mode depuis longtemps ?

Le plus grand absent à la grand-messe européenne du foot, c’est l’Europe elle-même, comme l’illustre votre réaction négative à la proposition suivante : faites donc retentir l’hymne européen avant chaque rencontre de l’Euro. L’hymne à la joie, au lieu du sang impur et des cohortes. Vous n’aurez plus besoin d’exclure la Russie et l’Angleterre puisqu’elles partiront d’elles-mêmes. Mais en raison du patriotisme et du nationalisme dominants, cette proposition n’a pas la moindre chance d’aboutir.

Ou comment un championnat européen reflète, chants à l’appui, l’état moribond de l’Europe. Voilà bien le paradoxe de cette année 2016 : l’Euro comme Eurexit.

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