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03·09·15

Caricatures racistes à la rentrée : plus d’excuses

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) DFID – UK Department for International Development

Thomas Decreus
Auteur⸱e
Joyce Azar
Traductrice Joyce Azar

Un débat urgent s’impose en Flandre : un débat sur la responsabilité que portent les médias dans l’incitation au racisme et à la stigmatisation. L’urgence de ce débat se confirme après la parution, le jour de la rentrée scolaire, de caricatures sur le site de la Gazet van Antwerpen et dans les colonnes de Het Belang van Limburg.

Les lecteurs du Het Belang van Limbourg pouvaient admirer une caricature  mardi matin, 1er septembre. Trois petits enfants blancs et un enfant légèrement plus basané sont côté à côte. Tous pleurent. Une scène classique en ce premier jour d’école.

11987142-10206108114236802-477625906267839616-nJusqu’à ce qu’on regarde le dessin de plus près. Le petit garçon au pull rouge ne crie pas ‘maman’, mais ‘alahu akbar’. Et comme si ce n’était pas suffisant, il égorge par ailleurs son ours en peluche.

Le message qui se cache derrière cette caricature est indiscutablement raciste. Ce que le dessin suggère, c’est que les enfants musulmans sont dès le plus jeune âge – dès la maternelle – programmés à commettre des atrocités. Que la terreur est une chose qui se lègue de père en fils, qu’elle est inscrite dans leurs gènes. Même l’enfant, symbole par excellence de l’innocence, est ici accablé du mal absolu.

Et celui qui croyait qu’il s’agissait d’un cas isolé se trompe. Le jour de la rentrée, le site web de la Gazet van Antwerpen a publié une caricature qui transmet exactement le même message.

Dans ce dessin aussi, les enfants de parents musulmans sont criminalisés et stigmatisés. Plus encore : la différence de couleur de peau est ici accentuée. Les quatre écoliers blancs ont gentiment amené une pomme, l’enfant à la peau basanée a pour sa part amené une bombe.

Rentrée: "Nous sommes partis en vacances en Syrie"

« Nous sommes partis en vacances en Syrie cet été. »

Combien de temps encore ?

Il y a quelques années encore, ce genre de caricatures ne se retrouvaient que dans les pages de Het Pallieterke (ndlr: hebdomadaire satirique flamand conservateur). Elles sont désormais reprises sans le moindre problème dans les quotidiens généralistes. On ne peut donc y voir que le symptôme d’une société qui continue de s’embourber dans le racisme.

Il est choquant et inimaginable de constater que personne n’ait eu, au sein des rédactions de ces journaux, le réflexe d’un regard réprobateur face à ce genre de dessin. À se demander s’il existe encore des journalistes critiques.

La semaine dernière, une manchette douteuse s’était également retrouvée en Une du journal De Standaard. On pouvait y lire que 33 000 emplois dans le secteur de la construction étaient maraudés par « des étrangers ». Un titre qui passe totalement à côté de la question et qui s’est même révélé être incorrecte. Sans oublier la caricature d’Obama publiée par De Morgen, les opinions racistes de personnes telles que Hans Vandeweghe, et l’islamophobie quotidienne qui orne les pages éditoriales, on se rend alors compte que la Flandre fait face à un problème colossal.

Les excuses ne suffisent plus. Un changement doit tout simplement intervenir. Maintenant.

NDLR: Après la publication de cet article, la caricature du quotidien anversois a été retirée du site web. Het Belang van Limbourg a lui aussi ôté son dessin, de sa version numérique, la caricature étant parue dans le journal papier. Sa rédactrice en chef a indiqué que le dessin avait atterri automatiquement dans les colonnes du journal, et qu’il s’agissait d’une erreur technique.

Article en V.O. sur De Wereld Morgen

Traduit du néerlandais par Joyce Azar

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