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Formation de gouvernements: Vooruit craint de longues années de solitude
19·06·24

Formation de gouvernements: Vooruit craint de longues années de solitude

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

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Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Iedereen wil vooruit, behalve Vooruit. La petite blague – « Tout le monde veut aller de l’avant, sauf Vooruit » (Vooruit signifiant «en avant» en néerlandais, ndlr), fait fureur à la Rue de la Loi. Les socialistes, eux, maintiennent qu’ils ne feront pas partie d’une coalition de centre-droite sans contreparties. Pour reprendre les propos de Conner Rousseau le week-end passé : « Quand on compare les programmes des partis, notre participation ne coule pas de source. » C’est surtout au niveau du fédéral qu’il constate les plus grandes divergences.

Sa présidente, Melissa Depraetere, a prévenu qu’il sera « très difficile » de convaincre Vooruit au fédéral. Surtout en présence de Georges-Louis Bouchez (MR), qu’elle estime « pas du tout fiable ».

Une bonne semaine s’est écoulée depuis le scrutin, et la formation du gouvernement semble étonnamment rapide. La cure d’opposition de l’Open Vld et de Groen ne laisse pas le choix aux autres partis : au niveau flamand, la seule coalition potentiellement viable regroupe la N-VA, Vooruit et le cd&v. Avec le MR et Les Engagés, à la manœuvre du côté francophone, une majorité fédérale s’annonce également.

Les dominos vont tomber les uns après les autres dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines. Mais à quelle vitesse ? La réponse dépend avant tout de Vooruit. Au niveau flamand, les socialistes exigent entre autres des repas gratuits à l’école, une amélioration des transports en commun et des moyens supplémentaires pour le bien-être. Au niveau fédéral, ils demandent une augmentation du salaire minimum et une taxe sur la fortune, et refusent toute mesure d’économie en matière de soins de santé.

Cinq ans de solitude

Chez Vooruit, les esprits semblent mûrs pour les négociations en vue d’un accord définitif au niveau flamand. Au fédéral, beaucoup moins. Les partis de droite clament déjà à tout-va qu’avec Vooruit, ils vont mettre sur pied un exécutif de centre-droite. Une image mortelle pour les socialistes.

En effet, à la Chambre, ils devront faire face à une forte opposition de gauche : Groen, Ecolo, PTB et PS ne manqueront évidemment pas de dénoncer pendant cinq ans une politique trop dure et trop à droite. Mais si le gouvernement lui-même n’arrête pas de répéter qu’il est de droite, les socialistes flamands vont se sentir bien seuls pendant cinq ans. Et c’est bien pour cela que Vooruit demande clairement de pouvoir peser sur les décisions. Et de ne pas être considéré en permanence par Bouchez comme la cinquième roue du carrosse. « Nous savons à quel point ce Bouchez peut être un boulet », soupire un socialiste.

Qui est Conner Rousseau, le président de Vooruit qui casse les codes des partis traditionnels ?

Bart De Wever, informateur, semble plutôt vouloir y aller pas à pas avec Vooruit. Des sources bien informées soutiennent d’ailleurs qu’il devrait bientôt présenter sa note de départ à Depraetere (et à Sammy Mahdi, président du cd&v). Il espère ainsi que Vooruit donnera son feu vert pour des négociations concrètes en vue d’un nouvel accord de gouvernement en Flandre. La note de départ de De Wever permettra déjà de fixer les grandes lignes.

La N-VA part du principe suivant : en s’engageant au niveau flamand pour une coalition « Rocket », du nom de la glace jaune-orange-rouge bien connue, les socialistes auront moins de marge pour des négociations avec les mêmes partis au fédéral.

Par contre, s’il en est bien un que les réserves des rouges n’impressionnent pas, c’est Georges-Louis Bouchez (MR). Fort de sa victoire, il fait la tournée des plateaux en Flandre, et ce faisant, il se fait un malin plaisir de mettre la pression sur les socialistes : « Si Vooruit veut tout bloquer, il doit l’expliquer à l’électeur. Veut-il que le PS soit impliqué ? »

Après les élections de 2019, Rousseau avait martelé pendant des mois qu’il fallait une formation rapide. Bouchez semble aujourd’hui bien décidé à lui rendre la monnaie de sa pièce.

Au MR, on estime que Vooruit exagère le prix de sa participation au pouvoir. Il revient donc à l’informateur, Bart De Wever, de proposer quelque chose d’alléchant à tous les partis concernés. Le président de la N-VA a l’avantage de mener la danse au fédéral et en Flandre. Par exemple, avec Vooruit, il doit être possible de se mettre d’accord au fédéral sur la limitation dans le temps des allocations de chômage, tout en promettant, en contrepartie, un meilleur soutien pour les chômeurs en Flandre.

Concernant les soins de santé, le chef des Engagés, Maxime Prévot, tend la main à Vooruit : « J’aimerais dire à Vooruit qu’ils ne doivent pas être craintifs. La meilleure manière de défendre les soins de santé ou d’éviter une politique de droite, c’est de ne pas laisser le terrain uniquement à la N-VA et au MR. » Le cd&v aussi souligne qu’il n’autorisera pas des économies aveugles dans le secteur des soins de santé.

Des sourcils froncés

Ceci dit, la cd&v fronce les sourcils face au « cinéma » de Vooruit. Au sein du parti, on souligne qu’il n’y a rien de plus normal que de ne pas vouloir s’engager à cent pour cent dès le début de la formation. Pour ce faire, il faut plus de clarté en matière de contenu. « Mais alors, avant de juger, il faut peut-être attendre qu’il y ait quelque chose sur la table. »

En termes d’exigences, le cd&v n’est pas en reste non plus. Le parti, par la voix de son président, a déjà annoncé que le secteur du bien-être a urgemment besoin de moyens supplémentaires. Il demande également de recalculer les subventions accordées aux villes et aux communes, et de garantir l’avenir de l’agriculture. Concernant cette dernière exigence, l’approbation de la loi européenne sur la restauration de la nature fait craindre le pire aux chrétiens-démocrates.

Dernier point : le cd&v demande une simplification de la politique d’octroi des permis. En l’absence de l’Open Vld dans la future majorité flamande, le parti entrevoit ici une belle occasion de séduire les petits entrepreneurs.

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