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Comment le Vlaams Belang s’y prend pour séduire les musulmans
05·06·24

Comment le Vlaams Belang s’y prend pour séduire les musulmans

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Belga

Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

« Faut-il vraiment parler à l’école des questions de genre et d’orientation sexuelle ? » demande Eli, un élève musulman, dans Eerste keus, une émission de débat électoral pour les jeunes, sur VRT1. Pour lui, pas du tout : « Si vous êtes homosexuel, gardez cela pour vous-même. On ne peut pas imposer cela aux autres. » Une très large majorité de sa classe partage son avis, à la grande surprise des responsables politiques présents.

Zuhal Demir (N-VA) et Conner Rousseau (Vooruit) entre autres tenteront de persuader les jeunes de l’importance d’aborder le sujet à l’école. « J’aime aussi les hommes. Le fait d’en parler permet simplement de faire reconnaître que des gens comme moi existent, rien de plus, explique Rousseau. La Belgique est un pays dont tous les citoyens jouissent des mêmes droits, ce n’est pas un pays musulman. » Et l’ancien président de Vooruit d’ajouter : « Certains enfants se font harceler à l’école parce qu’ils ont deux papas. Dans ce cas, le rôle de l’enseignant est au moins d’expliquer que ces situations existent. »

Seul Chris Janssens, chef du groupe Vlaams Belang au Parlement flamand, sourit en entendant la remarque d’Eli, à laquelle il adhère sans réserve : « Moi-même, je suis homosexuel, mais en classe, c’est ABCDE qu’il faut apprendre, et pas LGBTQ. Pour moi, c’est le genre de choses que l’école ne doit pas enseigner, à quelque âge que ce soit. »

Un combat commun

À première vue, on pourrait trouver étrange cette offensive de charme du VB envers les musulmans conservateurs. En effet, dans son programme électoral, le parti plaide pour la suppression du culte islamique. Mais en comparaison avec son programme de 2019, le Vlaams Belang se concentre davantage sur un nouvel ennemi, en l’occurrence la propagande gauchiste et l’idéologie woke. Voilà qui explique pourquoi le parti d’extrême droite reconnaît franchement que la communauté musulmane conservatrice peut constituer un partenaire bienveillant dans cette lutte.

Barbara Pas, figure de proue du Vlaams Belang et tête de liste en Flandre orientale, a mentionné le mois passé, dans une interview accordée à l’institut Custodes, un petit think tank créé par des jeunes conservateurs. « De la part d’un conservateur occidental, il ne serait pas judicieux de conclure ce genre d’alliance contre nature avec l’islam dans le cadre de la lutte contre le wokisme. Par contre, ce que j’ai déjà fait lors d’un débat, c’est par exemple d’exposer à un public allochtone le point de vue des partis soi-disant progressistes par rapport à l’avortement, déclare Mme Pas. Ces idées progressistes extrêmes créent un espace suffisant pour une vision plus conservatrice du monde et de l’homme. »

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Criminalité

Dans un clip publié sur Instagram, le fondateur du mouvement de jeunesse d’extrême droite Schild & Vrienden, Dries Van Langenhove, ancien membre du Vlaams Belang mais encore présent dimanche passé au congrès du parti, va même plus loin : « Je n’aimerais pas que ma fille porte le voile. Mais j’aimerais encore moins que ma fille, à vingt ans, affiche déjà un tableau de chasse de plus d’une dizaine de partenaires sexuels. »

Van Langenhove voit également en l’islam « une alternative bonne et très crédible » au « consumérisme à l’américaine » : « Pour moi, de plus en plus de jeunes hommes, mais aussi de jeunes femmes, se convertissent à l’islam, et il est dommage que nous, Flamands, y réagissions de manière allergique alors que cela devrait nous faire réfléchir à la manière de rendre plus attirante une alternative conservatrice. »

Le week-end dernier, Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang, y est également allé de sa déclaration dans Het Laatste Nieuws : « En 2029 certainement, une partie significative des électeurs allochtones voteront Vlaams Belang. » Selon lui, ce n’est pas le conservatisme qui va les convaincre, mais la question de la criminalité. Il n’hésite pas non plus à monter différents groupes de population les unes contre les autres : « Par exemple, ces jours-ci, nous recevons des messages de filles marocaines : Tom, il faut agir, avec tous ces Afghans qui nous harcèlent en plein centre-ville d’Anvers. » Mais Van Grieken insiste : « Nous, on ne joue pas à ce jeu-là. On ne caresse pas les gens dans le sens du poil. »

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