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15·07·15

Rapatrier Brueghel en Flandre

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo : Playing Futures

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Ramener Brueghel en Flandre, tel est le défi que s’est lancé le ministre flamand du Tourisme, Ben Weyts (N-VA). Il a entamé sa démarche très diplomatique hier au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Une opération séduction dont l’objectif est d’amadouer les Autrichiens.

« Il s’agit d’un projet pour le moins ambitieux. » La voix du ministre se faisait hésitante dans l’avion qui le menait à Vienne. Quelques heures plus tard, il visitait, les yeux ébahis, le monumental Kunsthistorisches Museum (KHM) dont les visiteurs admiraient les toiles de Rubens, Van Dyck ou encore Pieter Brueghel l’Ancien. C’est pour ce dernier que M. Weyts avait fait le déplacement : le musée d’histoire de l’art viennois est l’heureux détenteur d’un bon tiers de tous les tableaux de Brueghel, et Ben Weyts envisage de les ramener en Flandre.

Le ministre a décidé de mettre fin à la politique du saupoudrage. Fini de distribuer quelques centimes à chaque petit projet touristique de Flandre. Sa politique repose désormais sur trois « programmes d’impulsion thématiques » : les Maîtres flamands, les grands centres d’attraction touristique et le développement d’infrastructures de congrès et de réunion sur des lieux de patrimoine. « Il faut donner au touriste de bonnes raisons de venir chez nous. »

En d’autres termes, M. Weyts octroiera en priorité des subventions aux projets qui entrent dans le cadre d’un de ces trois thèmes.

Opération séduction

Le projet le plus ambitieux, et Ben Weyts en est conscient, est celui des Maîtres flamands, qui doit connaître son apothéose entre 2018 et 2020. À cette période, les circonstances seront favorables au projet du ministre : la restauration de l’Agneau mystique sera achevée et le Musée royal des beaux-arts d’Anvers (KMSKA), rénové, rouvrira ses portes au public avec une exposition sur Brueghel en 2019, 450 ans après sa mort.

Bruxelles organisera également des expositions sur le peintre brabançon. « L’avantage, avec Brueghel, c’est que ses œuvres sont peu nombreuses », explique le ministre. Malheureusement, force est de constater que la plupart d’entre elles se trouvent entre des mains étrangères.

Lors de sa visite guidée dans la salle consacrée à Brueghel, M. Weyts conçoit que La Tour de Babel est une pièce bien plus importante que Le Repas de noce. Mais aussi que le pourtant magistral Suicide de Saül reste dissimulé dans un coin. Ce que le ministre espère, c’est que ces œuvres pourront être visibles en Flandre en 2019. C’est pourquoi il a lancé à Vienne une offensive diplomatique.

Enfin, une offensive … « On n’a pas mis le sujet sur la table aujourd’hui (hier, ndlr) », reconnaît M. Weyts après sa visite, alors que le gouvernement flamand dispose d’une structure de coopération avec le musée. En effet, pour avoir un Rubens ou un Brueghel, il ne suffit pas de demander. Outre les frais et les délicates questions de logistique qu’engendre un tel prêt, il faut savoir qu’une institution comme le KHM n’est pas forcément encline à emprunter pièces maîtresses. D’autant plus que le musée a prévu d’organiser sa propre exposition Brueghel avec plus de 30 toiles et 40 dessins provenant entre autres de Rotterdam.

« Le musée s’intéresse également à Dulle Griet, visible actuellement à Anvers, au musée Mayer van de Bergh. Nous voulons leur faciliter la tâche en prêtant certaines œuvres », explique le ministre qui espère ainsi amadouer la direction du musée. « Il vaut mieux que la question concrète vienne du monde artistique. » Le ministre comptait sur le soutien de Manfred Sellink, directeur du KMSKA et autorité en ce qui concerne l’œuvre de Brueghel. Mais en dernière minute, M. Sellink, l’atout majeur de cette visite d’observation, a dû renoncer au voyage pour des raisons personnelles.

Pourra-t-on admirer Les Jeux d’enfants en 2019 en Flandre ? Rien n’est moins sûr. D’autant plus que le ministre doit également faire face au mécontentement du secteur du tourisme flamand. Qu’adviendra-t-il de tous ces projets de moindre envergure qui seront privés de subventions ? Et quid des implications budgétaires des prestigieux projets du ministre ? « Au lieu de dépenser 15 millions d’euros chaque année, j’aimerais prévoir un budget de 75 millions d’euros répartis sur cinq ans. Mais techniquement, ce n’est pas facile à faire entrer dans les budgets. »

Lotte Beckers pour De Morgen

Traduit du néerlandais par Fabrice Claes

L’article en V.O. sur le site du Morgen

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(Encadré)

Qui sont les Maîtres flamands ?

Jan van Eyck, Hans Memling, Pieter Brueghel l’Ancien et Pierre Paul Rubens. Dans notre esprit, ces peintres, communément appelés les anciens Maîtres flamands, participent généralement d’un même courant artistique. Pourtant, leurs œuvres recouvrent deux siècles d’histoire de la peinture. Au départ, il y avait un groupe de peintres du quinzième et du début du seizième siècle : les Primitifs flamands. En faisaient partie les frères van Eyck et Hans Memling, mais également d’autres peintres, comme Dirk Bouts. Quelques décennies plus tard arriva Pieter Brueghel l’Ancien, classé aujourd’hui dans le courant Renaissance du Nord. Son fils, Jan Brueghel l’Ancien, allait faire fureur avec Pierre Paul Rubens et Antoine van Dyck, dignes représentants de la peinture baroque. (RA)

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