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Âge de départ à la retraite : le populisme démocrate-chrétien
14·12·21

Âge de départ à la retraite : le populisme démocrate-chrétien

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Jaddy Liu sur Unsplash

Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

La liste de 142 idées pour la rénovation du pays établie par le CD&V comporte une proposition étonnante : laisser aux citoyens le choix de l’âge de départ à la retraite, entre 62 et 67 ans. Une liberté toutefois associée à un système de bonus-malus : celles et ceux qui plieraient boutique de manière anticipée seraient pénalisés sur le plan financier. Cette proposition fera sans nul doute les délices des travailleurs qui aspirent ardemment à la pension, mais si l’on se place dans une perspective à plus long terme, le signal envoyé n’est pas le bon.

Plus on part à la retraite tôt, mieux c’est ?

Le président du CD&V, Joachim Coens, joue sur la même corde que les syndicats. L’idée, c’est qu’il faudrait se débarrasser du travail le plus vite possible. Plus on part à la retraite tôt, mieux c’est : on accède alors à une sorte de paradis. Or, la réalité est bien plus nuancée. Si certaines personnes sont à bout de souffle avant d’atteindre l’âge de la pension, gardons-nous d’en faire une généralisation. Songeons aux enseignants à la retraite qui viennent — avec un enthousiasme débordant — prêter main-forte aux écoles qui en ont besoin, ou à certaines personnalités de la VRT telles que Linda De Win et Michel Wuyts, devenues des symboles de sexagénaires qui ne souhaitent rien tant que de se maintenir dans la vie active.

Autre raison pour laquelle le message envoyé par le CD&V n’est pas le bon : une fois que la gestion de la pandémie sera derrière nous (si tant est que cela arrive), quel sera l’enjeu politique auquel il faudra répondre en tout premier lieu ? Le redressement de l’économie. Et, surtout, la recherche de travailleurs permettant de le mettre en œuvre au niveau des entreprises. Car nous ne sommes plus dans les années cinquante ou soixante du siècle dernier, époque à laquelle on envoyait des bus dans les montagnes du Rif ou dans les campagnes turques pour recruter de jeunes hommes. Ce surcroît de main-d’œuvre, il faudra avant tout l’embaucher sur le territoire national. L’allongement de la durée des carrières s’inscrit dans cette démarche.

Veiller avant tout à ce que moins de travailleurs se retrouvent à bout de souffle

Sous le gouvernement précédent, un autre responsable du CD&V avait pourtant envoyé le bon message. À l’époque, Kris Peeters avait en effet lancé le concept de « travail faisable ». Dans les faits, cette notion n’était pas particulièrement spectaculaire — et elle a en bonne partie été remisée au placard. Il n’empêche : l’idée qui la sous-tend demeure cruciale dans le cadre des débats sur les pensions. Elle peut se résumer ainsi : il faut avant tout veiller à ce que moins de travailleurs se retrouvent à bout de souffle à la fin de leur carrière. Non seulement la relance économique s’en trouvera favorisée, mais les statistiques sur le burn-out seront moins affolantes.

Or, le message envoyé par le CD&V aujourd’hui dit tout l’inverse. Ce n’est rien de moins que du populisme démocrate-chrétien. Si la proposition peut paraître alléchante aux électeurs vieillissants du parti, elle ne répond en rien aux besoins du pays.

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