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26·04·16

La police d’Anvers a longtemps fermé les yeux sur le racisme

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Police.be

Dans un nouveau rapport que notre rédaction a pu consulter, le Comité P conclut que la police d’Anvers a longtemps laissé libre cours au racisme et à la discrimination dans ses propres rangs. Le Comité P admet toutefois qu’un revirement a aujourd’hui été clairement amorcé sous la houlette du chef de corps Serge Muyters.

Le Comité P, l’organe chargé de contrôler les services de police de notre pays, a procédé à une vaste enquête sur la diversité au sein du corps d’Anvers suite à la parution d’une série d’articles faisant état d’un comportement raciste de la part de certains agents à l’égard de leurs collègues d’origine étrangère. Une attitude qui serait tolérée par leurs supérieurs.

Il ressort de cette enquête que le racisme et les stéréotypes font bel et bien partie du quotidien du corps, mais les policiers d’origine étrangère interrogés par le Comité P apportent une nuance importante. « Il ne fait aucun doute qu’il existe un certain racisme en son sein, mais le corps de police d’Anvers en lui-même n’est pas raciste. »

Une omerta

Le Comité P tire néanmoins toute une série de conclusions cinglantes sur la politique en matière de diversité menée par le corps de police d’Anvers. C’est ainsi que, selon lui, il y règne une sorte de « loi du silence » ou d’« omerta » sur les atteintes à l’intégrité telles que le racisme ou la discrimination. Les agents se rendant coupables d’un comportement ou de paroles discriminatoires ne sont que rarement réprouvés par leurs collègues.

Par ailleurs, les policiers d’origine étrangère et victimes de racisme n’en informent pratiquement jamais leurs supérieurs par crainte d’être stigmatisés et traités de délateurs. En outre, lorsque des agents décident malgré tout de franchir le pas et de signaler des infractions, la réaction serait tout sauf adéquate, si l’on en croit le Comité P.

« Les préjugés, stéréotypes, discriminations ou propos racistes rapportés ne donnent apparemment lieu à aucune réaction ou intervention, ou si peu, de la part des supérieurs directs du cadre moyen. Ils ne mènent aucune politique de sensibilisation ou de réprimande (à l’exception d’un seul chef) », explique le Comité P dans ses conclusions. « Une minorité présente un comportement raciste sans être rappelée à l’ordre, ni par ses supérieurs, pris individuellement, ni par les services tels que le contrôle interne ».

Véritable chien de garde, ce dernier devrait apporter une partie de la solution, mais, selon le Comité P, c’est surtout là que réside en fait une partie du problème. « Les policiers interrogés par le service de contrôle interne suite à des plaintes de certains collègues étaient traités comme des victimes et non comme des auteurs », notent ainsi les enquêteurs. Plus grave encore, les policiers entendus au titre de témoins rapportent que le service de contrôle interne avait déjà rempli le questionnaire à l’avance et à l’avantage des agents mis en cause. Le chef de corps, Serge Muyters, est entretemps intervenu et a réorganisé le service de contrôle interne. « Une fameuse amélioration », selon le Comité P.

Méfiance

Le Comité P estime que le policier moyen souffre d’un « manque criant de connaissances et d’intérêt » pour les racines de ses collègues d’origine étrangère. « Nous sommes confrontés à de nombreux préjugés et stéréotypes », souligne le Comité, « qui, heureusement, disparaissent dès que les personnes apprennent à se connaître. »

Une majorité des agents de police d’origine étrangère déclarent être regardés avec une grande méfiance par leurs collègues. Les policiers allochtones doivent « constamment (re) confirmer leur loyauté envers la police », écrivent les rapporteurs, entre autres en les testant. Des agents d’origine marocaine rapportent ainsi avoir été mis sous pression pour boire de l’alcool pendant leurs heures de service. « On les teste également en leur confiant des missions véreuses, pour voir si les nouveaux moucharderont. »

Des opportunités manquées

C’est pourquoi le Comité P plaide pour la mise en place d’une politique totale en la matière, qui ne serait pas axée uniquement sur la population d’origine étrangère, mais qui traiterait également intensivement de la diversité au sein même du corps. Le Comité P est par ailleurs sévère pour le chef de corps en place sous le bourgmestre précédent.

Alors qu’en 2010, la cellule « Diversité » remettait un rapport alarmant sur le racisme et la politique en matière de diversité, aucune mesure concrète n’a été prise selon le Comité P. Aucun point de contact n’a été créé au sein du corps, tandis que le réseau « Diversité » promis n’a jamais vu le jour. Le Comité P porte un jugement par contre particulièrement positif sur l’actuel chef de corps, Serge Muyters, grâce à qui un revirement perceptible a été amorcé.

Les 21 agents d’origine étrangère interrogés pendant l’enquête ont d’ailleurs été unanimement positifs à son égard. « Il est personnellement impliqué, à l’écoute de ses collaborateurs et à la recherche de solutions », précise-t-on. « Mais il lui reste beaucoup de pain sur la planche ».

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