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03·11·16

Première mondiale : un défilé de nus … parfumés

Temps de lecture : 3 minutes

Dix top-modèles. Nues. Uniquement vêtues d’un parfum capiteux et sensuel. Un défilé, samedi passé, sur le podium du Musée de la mode à Hasselt. Devant un parterre de spectateurs aux yeux bandés. Nous y avons envoyé celui qui, parmi nos rédacteurs, possède l’organe olfactif le mieux développé pour humer ce premier défilé de parfums du monde.

Merde, je vois quelque chose. Il y a une fente sous mon bandeau. Lorsque j’y jette un coup d’œil, je vois le podium. Puis des pieds qui passent : je sais maintenant si c’est un homme ou une femme, et si sa peau est blanche ou noire.

Mais lorsque je résiste à la tentation de regarder, je me livre tout entier à l’expérience de la Naked Perfumance, un jeu passionnant d’odeurs et de sons. Dans la salle : quatre-vingts personnes installées sur des tabourets de bar, les yeux bandés, toutes habillées obligatoirement en noir et avec style. Voilà qui va contraster avec toute cette nudité en perspective. Notre portable doit être éteint. « Pas en mode avion ! Éteint ! » Et en fond sonore, « un prélude de musique sensuelle, par DJ Buscemi. »

https://www.youtube.com/watch?v=KM4l-gSmCJI

The Naked Perfumance constitue la première mondiale d’un défilé de mode d’un genre nouveau. Il ne s’agit pas d’un défilé de vêtements, mais de parfums. Une idée de Peter de Cupere, un artiste limbourgeois dont les odeurs constituent depuis vingt ans le matériau de base. « Les parfums habillent les gens, explique l’artiste. Ils contribuent à notre personnalité et à la manière dont les autres nous perçoivent. Un parfum nous marque de son sceau. Et lorsque nous nous dénudons, ce sceau ne quitte pas notre peau. »

Zoum ! Une ombre passe. Mes yeux sont clos, mais je la devine au courant d’air et à l’intensité de la lumière. Dans un premier temps, je ne sens rien. Cinq secondes plus tard, je suis enivré par une intense et douce odeur de cerise. Ça sent bon l’Afrique. Une beauté congolaise, à coup sûr. Aux grands yeux brun foncé et au sourire de perle.

Zoum ! La suivante. Une odeur reconnaissable, mais personne ne peut me dire laquelle. « Ce sont des marques connues, comme Chanel, annonce De Cupere, mais comme vous assistez à un projet artistique, nous ne les mentionnons pas pendant le défilé. Ceci dit, nous aimerions les commercialiser à l’avenir. Nous comptons les présenter à des marques et magasins de parfums afin que notre concept puisse conquérir le monde petit à petit. »

Un grand-père plein de poils sur le dos

Zoum ! Nouvelle ombre. Mais attendez un peu… Et si l’artiste se foutait de nous ? Et si ce n’était pas une jolie top-modèle qui passait, mais un vieux grand-père tout ridé plein de poils sur le dos ? Merde alors ! Je n’arrive pas à chasser cette image de ma tête. Et si je jetais un petit coup d’œil quand même ?

Il s’est avéré, par la suite, que ma crainte n’était pas totalement infondée. De Cupere a vraiment envisagé l’idée d’envoyer sur le podium des modèles laids. Mais l’esthétique était importante pour la vidéo. Et l’artiste savait ce qu’il voulait : « J’ai pu parfumer moi-même tous ces modèles. C’était le meilleur moment de ma journée. »

Quelques secondes plus tard, les modèles disparaissent de ma tête. Les odeurs reprennent le dessus et ressuscitent quelques souvenirs. Une odeur maritime qui me rappelle une promenade matinale sur la plage. Une autre dont la douceur me rappelle mon premier baiser avec ma femme. Serait-ce son parfum ? « C’est typique des odeurs, fait remarquer De Cupere. Nous interprétons ce que nous voyons et ce que nous entendons. Mais l’odorat est un sens direct. Les odeurs se rattachent à des lieux et à des souvenirs dans notre cerveau. Si vous retournez après dix ans dans votre ancienne école, vous reconnaîtrez l’odeur à coup sûr. »

Toutes ces odeurs ont le don de rendre les gens heureux. Et complètement zen. « Vous savez ce que j’ai apprécié ? demande Rebecca, une modèle parisienne. C’est que tous les regards n’étaient pas dirigés sur nous. Cette fois-ci, les voyeurs, c’était nous. Et bon nombre de spectateurs souriaient. Comme s’ils étaient plongés dans un rêve euphorique. »

Tap, tap ! Quelqu’un me tape sur l’épaule et défait mon bandeau. Merde, je vois de nouveau. Et pire encore : les modèles ont disparu.

INFOSillage, The Naked Perfumance par Peter de Cupere et Kóan Jeff Baysa, www.thenakedperfumance.com

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