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Qui est Matthias Diependaele, le «Thatcher flamand» pressenti comme ministre-président?
21·06·24

Qui est Matthias Diependaele, le «Thatcher flamand» pressenti comme ministre-président?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Belga

« Jambon comme ministre-président ? Sans façon, merci. » Tel était le mot d’ordre de Vooruit dans la foulée des élections et avant l’entame des négociations gouvernementales. Pour les socialistes flamands, Jan Jambon incarne trop la politique d’austérité de ces dernières années. Seul un gouvernement flamand en rupture avec cette approche obtiendra grâce à leurs yeux.

A priori, le parti de Melissa Depraetere est servi. À ceci près que la rupture n’est pas (du tout) à l’ordre du jour. Car si Jan Jambon est le visage de la politique d’austérité mise en œuvre ces dernières années, Matthias Diependaele en est l’architecte. Et c’est bien ce dernier, désormais formateur, qui enfilera selon toute vraisemblance le costume de ministre-président flamand.

Durant son mandat de ministre des Finances et du Budget, Matthias Diependaele s’est montré réticent à délier les cordons de la bourse, mettant le sacro-saint équilibre budgétaire au sommet des priorités. Tant Vooruit que le CD&V, qui réclamaient notamment des investissements dans le secteur des soins de santé et de l’aide à l’enfance, se sont heurtés à sa discipline budgétaire.

« Respect mutuel »

Matthias Diependaele s’est également opposé à Vooruit sur la question du logement, qui relevait de ses compétences. D’aucuns l’ont taxé de « Thatcher flamand », en référence à la Dame de Fer, chantre britannique de l’ultralibéralisme. En cause : 500 millions d’euros initialement destinés aux sociétés de logement social redistribués au secteur privé, afin d’encourager les propriétaires de logements abordables.

Il n’empêche que Matthias Diependaele, contrairement à Jan Jambon, est buvable aux yeux de Vooruit. « Il y a toujours eu un respect mutuel », précisent des députés socialistes. « Nous n’étions pas souvent d’accord sur le fond, mais il a toujours fait preuve d’une grande ouverture d’esprit lors des débats. Il se présentait toujours au Parlement parfaitement préparé et prenait la peine d’expliquer sa politique sans fioritures. Ceci dit, il défendait ses positions bec et ongles et ne s’en écartait que très rarement. »

Frites à la mayonnaise

Un député de l’opposition insiste également sur sa « loyauté à l’égard de la majorité. Il a défendu les décisions du gouvernement sans relâche, n’hésitant pas à se mouiller pour ses partenaires de coalition lorsqu’ils étaient pris à partie au Parlement, attitude que l’on ne retrouve pas chez tous les ministres ».

Son style accessible et modeste joue également en sa faveur. « Lorsque les discussions sur le budget traînaient en longueur jusqu’aux petites heures de la nuit, certains ministres se faisaient livrer des repas préparés au cabinet », raconte un député. « Matthias Diependaele, quant à lui, prenait place parmi ses congénères avec un sac de chez Quick ». Les négociateurs du gouvernement flamand étaient d’ailleurs prévenus avant les réunions marathon : M. Diependaele est un grand amateur de frites à la mayonnaise. Il en mange même plusieurs fois par semaine.

Bourgmestre de guerre

À l’aube de sa carrière politique, Matthias Diependaele n’était pourtant pas voué à jouer les premiers rôles. Même si le jeune homme, nationaliste flamand, provient d’une famille militante. Son grand-père fut bourgmestre de guerre sous l’occupation allemande. Pendant ses études à Louvain, il forme un cercle avec, entre autres, Theo Francken et Sander Loones. Ces deux derniers étaient des habitués du bar Onder den Toren, où Matthias Diependaele leur servait des bières tous les jeudis soir.

Fraîchement diplômé en droit, Matthias Diependaele devient ensuite assistant de la députée européenne Frieda Brepoels. « En 2009, cette collaboration prend fin et Matthias se retrouve au chômage », indique Joris Nachtergaele, bourgmestre de Maarkedal (N-VA) et ancien collègue de M. Diependaele. « Il figurait en troisième position sur la liste flamande de la N-VA, mais personne ne s’attendait à ce qu’il soit élu. Et à sa grande surprise, il est devenu député ».

Quatre ans plus tard, il devient même chef de groupe au Parlement flamand. « Depuis lors, je l’ai vu gravir les échelons, passant du statut de militant à celui de leader politique », poursuit Joris Nachtergaele. « Il ne sera jamais aussi bling bling qu’un Conner Rousseau ou qu’un Sammy Mahdi. Il attache plus d’importance à ses dossiers qu’aux clics sur les réseaux sociaux. En cela, c’est plutôt un « anti-Rousseau ». Homme sérieux et pragmatique, il s’inscrit à mon sens dans la lignée de Geert Bourgeois. »

Reste qu’en tant que ministre-président, Geert Bourgeois était souvent vu comme un comptable ennuyeux. « Mais par les temps qui courent, un tel profil peut justement s’avérer rafraîchissant », conclut-il.

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