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Qui « mérite » de rester en vie? La cruauté d’un choix crucial
25·03·20

Qui « mérite » de rester en vie? La cruauté d’un choix crucial

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Un virus qui est sans doute apparu en pleine cambrousse, chez les chauves-souris, paralyse la planète entière, vient pour ainsi dire tout chambouler et force chacun à tout repenser. Y compris les hôpitaux belges. D’une part, les établissements sont réaménagés en un temps record afin de garantir autant de lits que possible aux « corona-patients ». D’autre part, le nouveau coronavirus, SARS-CoV-2, qui cause la maladie baptisée Covid-19, contraint également les médecins à répondre à une question horrible d’ordre fondamentalement éthique : qui mérite de recevoir des soins afin de rester en vie ?

Le débat sur l’acharnement thérapeutique ne date pas d’hier. « Laissez mourir les personnes très âgées, en phase terminale et gravement affaiblies, chez elles ou en maison de repos au lieu de tirer leur vie en longueur aux soins intensifs », avancent d’aucuns sans préambule. « Car dans ces cas-là, il n’est plus question de vivre plus longtemps, mais de prolonger la mort, ce qui engendre des dépenses aussi élevées qu’inutiles pour notre système de soins de santé. »

Manuel éthique

En temps de paix, nous pouvons nous permettre le luxe de tourner à l’infini autour du pot quant à ce sujet brûlant. Plus maintenant. L’hôpital universitaire de Gand décide désormais que seuls les plus forts auront encore droit aux soins intensifs.

Afin d’éviter que les médecins ne doivent décider qui sauver ou non sur le tas, dans ce contexte de pandémie, un manuel éthique destiné aux hôpitaux universitaires a vu le jour.

La directive interne donnée à Gand se traduit par un effet plus concret encore. Les médecins sont priés de trier les patients sur le volet, selon une échelle d’évaluation de santé courante, allant des gens les plus robustes et en meilleure santé à ceux qui sont fort affaiblis, malades en phase terminale et en situation de dépendance complète.

Les trois « pires » catégories parmi les neuf n’auront dorénavant plus accès aux soins intensifs. Ainsi, quelqu’un qui souffre de démence et qui fait une crise cardiaque sera envoyé sur les roses. C’est en réalité déjà le cas actuellement. Le but étant que les meilleurs soins possible soient prodigués au domicile ou au sein de la maison de repos.

Votre mère, votre beau-frère…

D’un point de vue purement rationnel, il est logique de sauver une personne robuste atteinte du Covid-19 plutôt qu’un patient déjà « mal en point ». Il n’empêche que jamais, auparavant, notre société ne s’est trouvée confrontée si concrètement à ce choix. Raison pour laquelle elle n’est émotionnellement et psychologiquement pas prête face au défi posé par le coronavirus, tandis que les faits, eux, n’attendent pas.

En se donnant bien du mal, le seul point positif que l’on puisse trouver dans le contexte actuel est la fin réelle de cette mort souvent coûteuse, inutilement longue et douloureuse.

Voilà pour la théorie. En pratique, votre mère ou votre beau-frère seront dès à présent laissés sur le carreau au nom de la lutte contre ce virus. Reste à savoir si les meilleurs soins possible peuvent bel et bien être assurés à la maison ou en résidence pour personnes âgées. Auquel cas la mort ne sera peut-être pas longue, mais elle n’en demeurera pas moins douloureuse pour autant.

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