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Crise sanitaire: « Partir en vacances n’est pas un luxe, c’est une nécessité »
10·07·20

Crise sanitaire: « Partir en vacances n’est pas un luxe, c’est une nécessité »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

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Nombre de nos concitoyens renâclent à l’idée de passer un été sans voyager. Alors que l’image d’un avion bondé les faisait encore frémir il y a deux mois, ils sont à nouveau pris d’envies de se mettre au vert — et le plus vite possible. Une réaction tout à fait normale, explique Ap Dijksterhuis, professeur de psychologie. « Par les temps qui courent, les voyages sont d’autant plus importants. Ils permettent de se remettre les idées en place. Et plus la destination est exotique, mieux c’est. »

Passer des semaines en confinement, c’est une chose. Porter un masque au supermarché, passe encore. Mais devoir renoncer aux vacances à l’étranger suite à l’appel de quelques virologues, c’en est trop. Avec la réouverture des frontières, les Belges ont allègrement remis au placard leurs projets de vacances à la maison et se sont offerts des billets pour le soleil. Et ils refusent de tout annuler une nouvelle fois. « Il est difficile de renoncer à la liberté une fois qu’on y a goûté », résume Ap Dijksterhuis, professeur de psychologie sociale à l’Université Radboud de Nimègue. « Prenons l’exemple des événements actuels à Hongkong. Après avoir été libre, la population rechigne à accepter de vivre à nouveau sous une dictature. » Aux Pays-Bas, ce spécialiste, auteur du livre Wie (niet) reist is gek (« Il est fou de (ne pas) voyager », non traduit), qui retrace ses propres pérégrinations et s’intéresse au sens du voyage, est connu comme une sorte de professeur du bonheur.

Voyages et bonheur sont-ils si étroitement liés ?

« Voyager n’est pas un luxe : aujourd’hui, c’est même une nécessité. À la maison, le cerveau est assailli de sollicitations : travail, bureaucratie, disponibilité permanente. Chaque génération est plus stressée que la précédente : le besoin de vacances est donc d’autant plus pressant. C’est pourquoi il est important de se changer les idées de temps à autre, de se divertir par des sources de plaisir. Les voyages permettent pour ainsi dire de se remettre les idées en place. Ils agissent comme un produit de nettoyage. Si l’on ne part pas de temps en temps, le niveau de stress augmente. »

Prendre des vacances, très bien. Mais une semaine dans les Ardennes, n’est-ce pas suffisant?

« Plusieurs éléments sont en jeu. D’abord, l’habitude. Pour nombre d’entre nous, c’est presque devenu un droit acquis : l’été, on va au moins jusque dans le sud de l’Europe. Difficile, donc, de faire l’impasse là-dessus. Nous ne sommes satisfaits que lorsque nous passons une partie de nos vacances à l’étranger. Mais un autre mécanisme est à l’œuvre : se rendre dans un pays dont la culture est aux antipodes de la nôtre permet d’autant plus facilement de lâcher prise et donc d’oublier le travail l’espace d’un instant. »

Plus c’est loin, mieux c’est ?

« En fait, oui. Du moins si l’on considère les voyages comme un outil pour lutter contre le burn-out. Plus on multiplie les nouvelles expériences, mieux on parvient à se déconnecter. Les Ardennes rappellent la maison à bien des égards. Dans une ville comme Mumbai, en revanche, presque tout est inédit. Ce qui ne fait que renforcer les effets du voyage. Mais attention : ce n’est pas vrai pour tout le monde. Ce type de séjours profitent surtout aux extravertis, aux personnes qui ont une certaine ouverture d’esprit. Les anxieux, à l’inverse, peuvent ressentir du stress lorsqu’ils partent au bout du monde. Si l’on préfère aller moins loin, c’est donc parfaitement possible. L’essentiel, c’est de choisir des vacances actives. »

Se prélasser au bord de la piscine, un cocktail à la main, ce n’est donc pas relaxant ?

« Ça peut l’être, mais ce genre de vacances à la plage, typiques des années septante ou quatre-vingts, date de l’époque où le travail était plus éprouvant physiquement. De nos jours, la fatigue est plutôt mentale : on se détend donc davantage avec des vacances actives. Plus on entreprend d’activités nouvelles, inhabituelles, insolites, plus ces expériences occupent le cerveau et plus on a l’occasion de se reposer réellement. À chacun de déterminer celles qui lui conviennent. Selon le tempérament, on peut apprécier le ski, un parcours dégustation dans des vignobles français ou une vaste randonnée. Il ne faut pas forcément se lancer dans de grandes aventures. »

Que faire si l’on n’a pas de budget ? Est-on condamné à être malheureux ?

« Parfois, tout est une question d’inventivité. Voilà trente ans que je voyage et j’ai commencé quand je n’avais pas le sou. Un voyage ne doit pas nécessairement être cher. Quoi qu’il en soit, sur le plan psychologique, il est plus intéressant de voyager que de faire de nouveaux achats. Si l’on a un peu d’argent de côté, mieux vaut l’utiliser pour partir le temps d’un long week-end que pour faire du shopping. »

Cela semble prématuré, d’avoir déjà envie de reprendre l’avion…

« Cela peut en effet paraître étrange, mais le besoin de changer d’air est d’autant plus vital en cette période. Le printemps a été extrêmement stressant. Nous sommes tous restés enfermés au même endroit, certains d’entre nous se sont inquiétés pour leur travail, pour leur santé… D’autres ont réellement perdu leur emploi ou ont connu des décès dans leur entourage. L’envie de s’échapper est donc d’autant plus forte. Et rappelons que c’est autorisé ! Les règles sont un peu plus strictes en Belgique qu’aux Pays-Bas, mais personne ne nous oblige à rester à la maison. »

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