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04·03·16

Tous présumés coupables

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Pour l’instant, les responsables publics nous promettent qu’ils manipulent les données qu’ils collectent sur nous avec une grande prudence, mais rien ne nous garantit que ce sera encore le cas demain.

(cc) Chad Miller

« Ceux qui n’ont rien à se reprocher n’ont rien à craindre », affirme Jan Jambon au sujet des empreintes digitales. Une conception bien étroite de la vie privée.

Enregistrer les empreintes digitales de onze millions de Belges sur leur carte d’identité ? Aussitôt envisagé, aussitôt oublié. Lancée par le Vice-Premier ministre Jan Jambon alors qu’il décollait de Rabat, l’idée était déjà rejetée avant qu’il n’atterrisse à Bruxelles, descendue en flèche par le Vice-Premier ministre Alexander De Croo, par le secrétaire d’État à la Protection de la vie privée, Bart Tommelein, par la Commission de protection de la vie privée et par la Cour européenne des droits de l’homme. Quatre fois, rien que ça. À tenter de s’inspirer de l’État policier qu’est le Maroc, voilà ce qu’on récolte.

Rappelons que la Belgique prélève déjà les empreintes digitales de terroristes potentiels. Et elle a raison de le faire. Mais de là à étendre cette méfiance à tonton Steph, à mamie Carine et à onze millions de citoyens ? Jan Jambon avance deux arguments. Premièrement : si la technologie existe, pourquoi s’en priver ? Deuxièmement : si l’on n’a rien à se reprocher, de quoi avoir peur ? L’un comme l’autre sont éculés. Ce n’est pas parce que la technologie est disponible qu’elle produira nécessairement des résultats proportionnels à son coût. Car le prélèvement des empreintes digitales coûte cher. Et dès lors que tous les étrangers y échappent, qu’ils soient en situation régulière ou non, on est en droit de se demander si le jeu en vaut la chandelle. Un prélèvement ciblé peut certes s’avérer utile, mais ficher toute la population créerait une ambiance de suspicion généralisée dont les plus innocents seraient les premières victimes. De plus, comment garantir que les empreintes digitales seront utilisées uniquement dans la lutte contre le terrorisme, comme l’entend Jan Jambon actuellement, et qu’elles ne seront pas détournées à d’autres fins, de manière arbitraire et inconsidérée ?

« La confiance n’exclut pas le contrôle », avait Lénine pour devise. Et dire que c’est précisément le gouvernement Michel qui est animé par une volonté farouche de la faire sienne.

« Ceux qui n’ont rien à se reprocher n’ont rien à craindre » : l’éternelle rengaine censée justifier chaque nouvelle mesure de sécurité prise par les pouvoirs publics. Hier encore, le ministre de l’Intérieur y a eu recours pour légitimer le prélèvement généralisé des empreintes digitales. Si tonton Steph a la conscience tranquille et que mamie Carine est blanche comme neige, pourquoi diable s’inquiéteraient-ils du motif unique dessiné par les sillons de leur pouce ? C’est là une conception bien étroite de la vie privée. Comme si elle se résumait à dissimuler ce qui ne doit pas être révélé. Ce n’est tout de même pas parce que l’on n’a rien d’illégal à cacher que l’on souhaite tout partager avec les pouvoirs publics. Comme si ces derniers, après les attentats de Paris, se prévalaient soudain du droit de surveiller tous les faits et gestes des citoyens. Comme si nous ne cachions pas tous certaines choses. Non pas parce qu’elles sont blâmables, mais parce que Big Brother n’a pas à s’en mêler. Pour l’instant, les responsables publics nous promettent qu’ils manipulent les données qu’ils collectent sur nous avec une grande prudence, mais rien ne nous garantit que ce sera encore le cas demain.

« La confiance n’exclut pas le contrôle », avait pour devise Lénine. Et dire que c’est précisément le gouvernement Michel — de droite libérale — qui est animé par une volonté farouche de la faire sienne. À méditer.

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