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Theo Francken, ou la différence entre un sexiste et un virulent macho
18·12·20

Theo Francken, ou la différence entre un sexiste et un virulent macho

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Peggy_Marco via Pixabay

Auteure
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Theo Francken (N-VA) est en colère. En fait, presque tout le monde était en colère mardi soir au parlement, lors de la discussion portant sur un projet de loi de la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS).

Que s’est-il passé ? Le gouvernement ambitionne de recruter un nombre important de nouveaux militaires, mais les tests physiques ont été suspendus à cause de la crise du coronavirus. Francken, qui trouve que c’est une solution de facilité, craint que le PS ouvre les portes des casernes à des « Xavier Waterslaeghers », du nom d’un personnage mi-soldat, mi-pilier de comptoir de la série populaire flamande FC De Kampioenen. Le député N-VA a donc demandé à la ministre Dedonder s’il n’était vraiment pas possible d’organiser des tests physiques. Non, a répondu la ministre, supposant que la question de Francken ne concernait que les nouveaux aspirants. « Pas vrai », répondit Francken, car pour les militaires déjà en service qui veulent devenir statutaires, des tests physiques sont bel et bien prévus.

Dialogue de sourds

Bien qu’il s’agisse de tests totalement différents, il n’est pas illogique que Francken y fasse référence pour demander d’organiser des tests différents lors du recrutement. Le problème, c’est que les deux protagonistes ne parlaient pas de la même chose, et que ce dialogue de sourds s’est transformé en foire d’empoigne. Francken a reproché à Dedonder de ne pas connaître ses dossiers, et vice versa. « Ne pensez pas que vous m’impressionnez parce que vous criez fort », a lancé la ministre. Et Francken de rétorquer : « Je ne crie pas, j’ai simplement une voix qui porte. » La députée Vanessa Matz (cdH) enchaîna en demandant à Francken s’il se serait exprimé de la sorte s’il avait eu affaire à un ministre masculin. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Attaque virulente, mais pas sexiste

Qu’un parlementaire critique durement un(e) ministre, cela n’a rien d’anormal. Aussi, il n’est pas difficile d’imaginer qu’une telle discussion déraille plus rapidement avec un Francken qu’avec le très policé Servais Verherstraeten (CD&V). Avec une caméra qui enregistre tout, Francken a évidemment tout le loisir de partager à l’envi ses interventions vigoureuses sur les réseaux sociaux. Mais la virulence de son attaque, elle, n’était pas sexiste. Bien entendu, Theo Francken a nourri lui-même cette impression. C’est lui qui a choisi de critiquer l’arrivée de Dedonder en tweetant une photo de la nouvelle ministre avec son bichon maltais (décédé depuis lors), accompagnée du commentaire ironique : « Onze nieuwe defensiebaas ! » (la nouvelle patronne/maîtresse de notre défense). Certes, en arrivant au gouvernement, Dedonder n’y connaissait pas grand-chose en matière de Défense, mais il en allait de même pour l’ancien ministre Steven Vandeput (N-VA) à ses débuts. Par ailleurs, en nommant – à sa propre surprise – Zuhal Demir ministre flamande de l’Énergie alors qu’elle n’y connaissait rien, la N-VA a aussi laissé sur la touche ses propres spécialistes en la matière.

Son boulot d’opposition

Ce tweet était malheureux, certes, mais ce n’est pas une raison pour qualifier de sexiste tout ce qui sort de la bouche de Francken. Est-il macho ? Oui, absolument, mais cela ne fait pas de lui quelqu’un de sexiste. Il scrute les moindres faits et gestes de Dedonder, à l’affût du moindre faux pas, mais est-ce anormal de la part de quelqu’un qui siège à la commission Défense du parlement ? Attend-il la ministre au tournant parce que c’est une femme ? Non. Il fait son boulot d’opposition. Et il le fera toujours avec véhémence, non seulement parce que c’est son tempérament, mais aussi parce que PS et N-VA ont un regard diamétralement opposé sur les questions de Défense. Et aussi parce que, outre l’opposition sur les dossiers, il convient aussi de renvoyer une certaine image à l’électeur.

Lorsque, comme ce fut le cas mardi soir, on assiste à des dialogues de sourds, à des discussions absurdes, à des monologues incessants, c’est à la présidente (normalement) neutre d’intervenir. Et soyons de bon compte : Eliane Tillieux (PS) a tenté de rester neutre. Mais en applaudissant au moment le plus enflammé de la discussion, lorsque Francken fut qualifié de sexiste, elle a donné au député nationaliste une visibilité extraordinaire. J’en veux pour preuve que l’article consacré par notre site à cette querelle a été lu 216 000 fois. Ça mérite bien un petit bouquet pour les femmes, n’est-ce pas Theo ?

 

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