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24·05·16

Football: Quand le rêve africain demeure un rêve

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c)Africanfootball

Traducteur⸱trice Hugues Feron

Les footballeurs africains rejoignent massivement l’Europe dans l’espoir d’y évoluer au plus haut niveau. Mais ils sont vite rattrapés par la réalité lorsqu’ils comprennent qu’aucun club ne veut d’eux. Ils doivent alors se contenter d’un carré d’espace vert dans le quartier anversois de Luchtbal, dans l’attente de jours meilleurs. « Mon heure viendra », nous assure l’un d’eux.

Gand, dimanche après-midi. Des vivats s’échappent avec frénésie de l’enceinte de la Ghelamco Arena. La Gantoise joue contre le RC Genk, le coup d’envoi vient d’être donné. Les supporters scandent à tue-tête les noms de leurs joueurs favoris en espérant la victoire. Ils devront finalement se satisfaire d’un match nul.

Le hasard veut que cent mètres plus loin, sur un terrain annexe, d’autres joueurs s’affrontent également. De jeunes Africains qui tentent leur chance en Europe et en Belgique, mais qui n’ont jusqu’à présent pas trouvé de travail. Le nouveau Didier Drogba est-il parmi eux? Possible, mais certainement pas pour tout de suite…

Le terrain boueux du tournoi, qui réunit une dizaine d’équipes, ne ressemble en rien à la superbe pelouse du nouveau temple du football gantois. Tous les joueurs y enchaînent pourtant les dribbles avec le même engouement que lors d’une finale de Ligue des Champions. Tous nourrissent la même ambition : sortir du lot, être repéré par d’éventuels « scouts ». Et ce n’est pas la pluie battante qui va les en arrêter.

Un joueur nous interpelle : « Vous êtes du Standaard ? Le Standaard de Liège ?! » « Non, le quotidien flamand… »

 Passion

Comme dans le football de haut niveau, la tension est parfois à son comble. Tous sont mus par la passion du jeu. Un changement qui passe mal, et le langage du corps prend le dessus : torse contre torse, menton haut, regard noir. Même si les joueurs peuvent communiquer dans une sorte de langue hybride entre le français et l’anglais, ils en reviennent alors à leur langue maternelle. Plus facile pour rugir et crier sa colère. L’entraîneur Mozes Adams (27 ans), qui a joué à Westerlo, peut heureusement en rire. Quelques joueurs doivent néanmoins intervenir avant que le différend ne dégénère. L’excité quitte le terrain et regagne les douches pour se rafraîchir les idées.

L’équipe Adams – African Professional All Star Belgium – continue alors la partie, même si l’incident a fait quelque peu retomber l’enthousiasme : les épaules et têtes sont basses, les doigts accusateurs lors d’une perte de balle. Les gestes en disent long.

Ces joueurs s’entraînent en temps normal sur une petite place du quartier de Luchtbal, au nord d’Anvers. Ils sont actuellement suivis par une équipe de la maison de production Visualantics, qui prépare un documentaire sur les joueurs de football qui partent ainsi à la conquête de l’eldorado. Un véritable phénomène.

Devenir footballeur professionnel, c’est un peu devenu le nouveau rêve africain. Mais ce rêve est bien souvent utopiste. La plupart du temps, ces jeunes ne trouvent pas de club disposé à les faire jouer et encore moins à les payer. Et s’il y a un intérêt, cela concerne surtout les équipes provinciales. Tous ces joueurs restent malgré tout convaincus qu’ils peuvent y parvenir. « Mon heure viendra », nous assure l’un d’eux.

Figurant sur VTM

Abudulai Issaka, arrière-gauche de 27 ans, fait partie de cette équipe. Il a tout du professionnel : chaussures aux couleurs vives, crête blonde dans les cheveux. Il a joué jadis en première division à Malte et en deuxième division à Oman. La pression familiale est si forte que l’échec n’est pas envisageable, admet-il. Il a donc pris en Belgique un nouveau manager pour l’épauler.

Même si cela ne marche pas vraiment pour lui dans la réalité, Abdulai connaît quand même la réussite, mais seulement à la télévision pour l’instant : il a réussi un casting il y a quelques semaines pour figurer dans la deuxième saison de « Spitsbroers », une série sur le football diffusée par la chaîne VTM. S’il envisage une reconversion comme acteur ? « Pourquoi pas, je n’en sais rien. Ils peuvent toujours venir me trouver » plaisante-t-il d’un clin d’œil. Une chose est sûre : il doit réussir, et il réussira.

Quand Mozes Adams voit tous ces hommes ensemble, la même question lui revient systématiquement à l’esprit : cette ruée vers l’or a-t-elle vraiment un sens ? « Absolument, mais à condition d’avoir un bon manager capable de nous trouver un club. Car il y a aussi beaucoup d’autres intermédiaires qui nous laissent tomber. On se retrouve alors dans une voie sans issue ».

Traduit du néerlandais par Hugues Feron et Guillaume Deneufbourg

 

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