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24·04·19

Un promoteur immobilier accueille des jeunes fragilisés

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

CC0 Pexels

Auteur⸱e
Traducteur⸱trice Jean-Paul Bombaerts

La maison Brughuis à Louvain récolte des fonds en s’appuyant sur des co-investisseurs pour loger des jeunes fragilisés. « Nous pouvons transposer notre concept dans d’autres villes estudiantines. »

Lorsque, il y quelques années, Frank Bollen, promoteur immobilier, a rencontré Brunhilde Schiettecatte, c’était un peu le choc des cultures. En tant qu’entrepreneur, il était très étonné des histoires qu’elle racontait sur l’aide à la jeunesse. « Ce secteur est sous pression. La demande d’aide dépasse largement l’offre. Les capacités d’accueil sont constamment saturées, de sorte que Brunhilde doit faire preuve de créativité pour trouver des places d’accueil pour des jeunes précarisés. Un beau jour, elle m’a demandé si je n’avais pas un lieu vide où un jeune pourrait passer le week-end. C’est ainsi que tout a démarré. »

En tant qu’assistante sociale auprès de l’asbl louvaniste Amber, qui propose de l’accompagnement ambulatoire, Schiettecatte s’est rendue compte qu’un maillon faisait défaut dans le dispositif d’aide à la jeunesse. Pour les jeunes qui restent jusque leurs 18 ans dans l’aide à la jeunesse, le pas à franchir pour vivre en indépendance est très important. Même pour ceux qui entrent dans un système de vie indépendante mais accompagnée, la transition est souvent brutale. Schiettecatte veut au contraire offrir aux jeunes une prise en charge abordable et flexible avec suffisamment de soutien.

C’est ainsi que Brughuis a vu le jour, un lieu où habitent ensemble des étudiants kotteurs classiques et des jeunes fragilisés, accompagnés par un coach. « Des jeunes qui pendant des années ont habité en communauté, aspirent à la liberté. Mais une fois qu’ils l’ont obtenue, ils ont parfois difficile à s’en servir. C’est comme l’enfant qui va vivre en kot sans le soutien de ses parents et qui, le week-end, ne peut pas rentrer à la maison. Nous devons souvent aider les jeunes avec des petites choses, comme le fait de consulter le calendrier des poubelles ou cuisiner sainement. En même temps, nous les aidons à structurer leurs journées. »

L’organisation d’une telle prise en charge avec des loyers abordables a bien évidemment un coût. C’est pourquoi Bollen et Schiettecatte ont décidé de fusionner leurs activités respectives. En tant que propriétaire de la société 2BeeBuild à Louvain, Bollen achète des biens qu’il rénove et revend ensuite. Le processus de demande d’autorisations pour rénover prend du temps. Pourquoi dès lors ne pas utiliser ces biens pendant ces périodes intermédiaires pour y loger des jeunes fragilisés ?

Bien souvent, il ne manque qu’une adaptation mineure ou une couche de peinture, reconnait Schiettecatte. Une espace de vie commun est également créé, tandis que le déménagement obligatoire offre au projet la flexibilité nécessaire. « Tous les deux ans, nous changeons de maison. Ce qui permet d’éviter que ces maisons aient une mauvaise réputation au sein du quartier. »

Lorsque le bien est vendu, une partie du bénéfice remonte vers l’asbl Brughuis. Celle-ci recherche des participants, qui peuvent escompter un dividende fixe annuel, tout en sachant qu’ils apportent un petit coup de pouce à certains jeunes. A terme, Brughuis entend fonctionner de manière autonome.

La première maison de type Brughuis ouvrira en septembre, mais Bollen espère déjà pouvoir accueillir des jeunes dans plusieurs maisons de ce type. « Je suis un entrepreneur. Tout dépend de combien de participants nous pourrons trouver. Mais nous pouvons parfaitement transposer ce concept dans d’autres cités estudiantines. » Schiettecatte tempère en souriant : « C’est ainsi que l’on voit que nous avons des racines différentes. Faisons d’abord en sorte que Louvain soit un succès. »

Le concept Brughuis n’est pas le premier projet où des projets sociaux sont en quête de financement privé. Pour faciliter le « matching », le député flamand Lorin Parys (N-VA) a mis au point, avec ses partenaires de coalition du CD&V et de l’Open Vld, une réglementation qui prévoit des obligations d’impact social. Les pouvoirs publics pourront ainsi émettre des obligations pour récolter des fonds privés en faveur de projets sociaux innovants. Ces projets pourront ainsi attirer de nouveaux capitaux. « La collaboration entre le secteur social et le secteur privé au sein de Brughuis est exactement ce que nous voulons atteindre à plus grande échelle avec les obligations d’impact social », explique Parys.

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