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20·04·18

Sens et non sens de la zone 30

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Wikipedia

Laurent Vermeersch
Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Après des décennies de tergiversations politiques, plusieurs communes font un grand pas en direction d’une limitation généralisée de la vitesse à 30 kilomètres par heure sur leur territoire. Question : sera-t-on, dès lors, en mesure d’adapter l’aménagement des voiries et d’assurer les contrôles nécessaires ?

Dans le contexte d’une ville densément bâtie, les arguments en faveur d’une zone 30 généralisée ne manquent pas. En termes de sécurité routière tout d’abord : le ralentissement de la circulation automobile peut faire chuter drastiquement le nombre de tués sur la route. En effet, lorsqu’on se fait renverser à 30 km/h, on a 90 % de chances de survivre à l’accident. À 50 km/h, les chances sont réduites à 20 %.

De plus, les spécialistes de la mobilité et de la circulation ont déjà démontré bien d’autres avantages d’une telle mesure. En roulant plus lentement, et donc en réduisant le nombre de démarrages et de freinages, on produit moins de pollution (y compris sonore) et on fluidifie la circulation. Une zone 30 découragera également la circulation sur les petites voies, au bénéfice d’alternatives telles que le vélo et les transports en commun.

« Une zone 30 sans mesures complémentaires ne rendra pas la circulation plus sûre »

Une étude de la VUB

En résumé, la zone 30 est une mesure qui bénéficie non seulement à la sécurité routière, mais aussi à la qualité de vie et à l’attractivité de la ville. Politiquement, en revanche, limiter la vitesse à 30 kilomètres par heure reste sensible. En 2000 déjà, le secrétaire d’État à la Mobilité Robert Delathouwer (SP.A) était favorable à l’introduction de la zone 30 à 80 sur cent des routes bruxelloises. Il a vite été rappelé à l’ordre par Jacques Simonet (MR), le ministre-président de l’époque.

Depuis, malgré les bonnes intentions des plans de mobilité qui se sont succédé (entre autres Iris 2), la généralisation de la zone 30 est restée lettre morte pour cause de désaccord politique permanent.

Pourtant, aujourd’hui, l’idée selon laquelle une limitation généralisée de la vitesse serait impopulaire perd de sa vigueur. En effet, de plus en plus de mouvements citoyens, comme le collectif 1030/0 à Schaerbeek, réclament davantage de sécurité sur nos routes.

C’est ainsi que des citoyens éveillés appellent les politiques à prendre leurs responsabilités. Résultat : après plusieurs interventions au conseil communal de Schaerbeek, les dirigeants de la commune ont assuré avoir bien compris le message et ont promis de se pencher sur l’instauration d’une zone 30 généralisée.

D’autres communes ont soudain aussi indiqué vouloir réfléchir à une limitation de vitesse sur l’ensemble de leur territoire. Les actions annoncées sont souvent reprises d’anciens plans communaux de mobilité qui avaient atterri dans des fonds de tiroir. Dès lors, à quoi assistons-nous ? À des réflexions profondes d’élus en quête de progrès, ou bien à des effets de communication dont l’opportunisme nous rappelle l’approche d’élections communales ? L’avenir nous le dira.

Les éternelles tergiversations politiques nous feraient presque oublier que dès l’instauration de telle ou telle zone 30, le plus dur reste à faire. Pour qu’une limitation ait du sens, il faut qu’elle soit respectée, et cela n’a rien d’évident. Par exemple, lorsqu’une zone 30 a été imposée dans tout le Pentagone à la fin 2010, notre rédaction s’est aperçue que cinq conducteurs sur six ne respectaient pas la limitation de vitesse.

Fermeté

Cette observation fut confirmée quelques années plus tard par une étude de la VUB. Et à l’heure actuelle, la vitesse moyenne dans le Pentagone dépasse encore la limite imposée et les routes ne sont pas devenues plus sûres.

Les chercheurs ont souligné le manque de mesures complémentaires : « Il ne suffit pas d’installer des panneaux de signalisation, expliquent-ils. Il faut aussi adapter les voiries. On peut par exemple placer des poteaux, faire des marquages au sol ou rétrécir des voies, ou carrément réaménager des rues entières en fonction des zones 30. »

Ceci dit, réaménager les routes, placer une signalisation claire et sensibiliser, ce n’est pas suffisant non plus. Pour faire respecter une zone 30, il faut faire preuve de fermeté. Sans contrôles réguliers ni amendes en conséquence, les fous du volant continueront de se moquer des zones 30.

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