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Se rencontrer au musée : nouvelle façon d’avoir une vie sociale
12·01·21

Se rencontrer au musée : nouvelle façon d’avoir une vie sociale

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(cc) Peggy_Marco via Pixabay

Auteur⸱e
Anne Balbo
Traductrice Anne Balbo

En ce moment, il ne vous est pas possible de prendre un verre dans un bistrot ou de faire du shopping en agréable compagnie. Et si les parcs bruxellois n’ont plus de secret pour vous, il ne vous reste donc plus qu’une solution : fréquenter assidûment les musées même si, selon la règle, vous pouvez uniquement vous y rendre avec les personnes de votre bulle.

« Cette année, j’aurais voulu aller plus souvent au musée. J’ai donc profité des congés de Noël pour le faire puisque j’avais du temps libre. Et en ce moment, c’est le seul moyen pour pouvoir voir des amis. » Sil (29 ans) a récemment visité la Villa Empain avec deux amis, puis le musée Horta avec deux autres amis. Il avait aussi réservé une visite à l’Institut royal des sciences naturelles, mais il l’a finalement annulée. « Nous avons mis en place un système de rotation dans notre groupe d’amis pour que tout le monde puisse se voir. Je trouve que ce type de rencontre est propice aux échanges. Nous regardons les objets, lisons les descriptions et donnons notre opinion ou parlons simplement de ce que nous avons fait ces dernières semaines. »

Affichent complet

Sil n’est pas le seul à aimer bavarder dans les musées de la capitale. Pendant les vacances de Noël, pratiquement tous les lieux culturels accessibles affichaient complet, surtout les week-ends. « Nous avons accueilli en moyenne deux mille visiteurs par jour le week-end, explique Samir Al-Haddad, porte-parole des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB). C’est plus du double par rapport aux semaines précédentes. C’est bien que les gens aient mis leurs vacances à profit pour faire autre chose et se cultiver. »

Et peut-être aussi pour se voir, car les gardes des MRBAB ont pu remarquer que les halls des musées servaient de plus en plus de lieux de rencontre. « Grosso modo, un tiers de nos visiteurs sont des groupes d’amis de quatre ou cinq personnes », poursuit Samir Al-Haddad. Un tiers sont des familles et le dernier tiers se compose de personnes seules. « Les gens se donnent rendez-vous dans le grand hall d’entrée pour aller ensuite se promener dans le musée comme très peu d’endroits sont ouverts en ville. »

Un but pour la journée

Eva (20 ans) fait partie de ces visiteurs. Elle s’est rendue au musée Magritte avec une amie. « Nous avons eu cette idée parce que nous voulions faire autre chose que nous promener à l’extérieur. Nous ne faisons que ça en ce moment et pour être honnête, j’en avais assez. »

Avant la crise du coronavirus, Eva n’était pas pour ainsi dire une adepte des visites au musée. « Mais j’avais besoin d’un autre cadre. Il faisait très mauvais dehors ce jour-là et se retrouver à la maison n’est pas idéal si l’on veut rester à l’intérieur. Le musée est donc apparu comme la meilleure option. Nous avons finalement plus discuté que regardé les œuvres exposées, plaisante-t-elle. Mais pour nous, c’était une option logique. Cela nous a donné une occupation et un but pour la journée. » Eva y voit en outre un autre avantage. « Je pense que beaucoup de gens sont en quête de sens en ce moment. Et l’art peut combler ce besoin. Se rendre dans un musée vous donne le sentiment de partager quelque chose, en dehors de votre bulle. »

Rendez-vous pourtant interdits

Le Bozar, l’AfricaMuseum, l’Institut royal des sciences naturelles ou encore le MIMA affichaient complets presque tous les jours des congés de Noël. Mais l’on ne peut pas dire que ces « rendez-vous » au musée ont attiré l’attention. « Ces rencontres sont interdites au sens strict du terme et nos gardes ainsi que le personnel à la billetterie n’ont pas remarqué ce type de comportement », explique Kristien Opstaele, la porte-parole de l’AfricaMuseum à Tervuren, qui a surtout accueilli des familles durant les vacances.

Même discours à Bozar, où l’on n’a pas constaté de rassemblements de personnes de bulles différentes. « Il est bien sûr impossible de contrôler qui fait partie de quelle bulle, confie la porte-parole du musée, Leen Daems. Mais nous n’avons en tout cas pas vu de grands groupes se réunir dans les salles d’exposition. Les visiteurs viennent principalement pour apprécier l’art et faire une sortie. »

Selon le protocole du secteur, les musées peuvent en effet uniquement recevoir des personnes de la même bulle. Cela veut dire que l’on peut se rendre au musée avec les personnes vivant sous son toit ou son contact rapproché, mais pas avec d’autres amis ou membres de la famille.

Une minorité

Il arrive néanmoins que certaines familles réservent en plusieurs bulles. « Nous voyons parfois deux familles ensemble, voire trois. Ces personnes ont l’habitude de faire des activités ensemble », explique Mathilde Vanden Bossche, employée à l’accueil du MIMA à Molenbeek. Le même phénomène a été observé à l’Institut royal des sciences naturelles. « Par exemple, un frère et une sœur viennent chacun avec leurs enfants ou les grands-parents arrivent séparément », confie Pierre Deliens de la billetterie. Pour les deux musées, ce phénomène reste toutefois une minorité. « Je n’ai pas vraiment l’impression que les gens se retrouvent ici. Nous avons délimité un parcours clair à sens unique pour cinq personnes au maximum, poursuit Deliens. Les gens sont à présent habitués aux règles : ils gardent leurs distances, se désinfectent les mains et portent un masque. »

Les bons chiffres de fréquentation ont permis aux musées de finir l’année sur une note positive. L’Institut royal des sciences naturelles a accueilli 19 000 personnes durant les vacances, l’AfricaMuseum plus de 12 000 et le Bozar plus de 10 000. Quant aux MRBAB, ils ont attiré en décembre dernier près de 20 000 visiteurs. « Sur une base annuelle, les chiffres restent nettement inférieurs à ceux de l’année précédente, mais Noël a été une bonne période en temps de coronavirus », conclut le porte-parole des MRBAB.

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