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Quinze ans de smartphones : un cadeau empoisonné
31·01·22

Quinze ans de smartphones : un cadeau empoisonné

Quinze ans après l’apparition de l’iPhone, impossible d’imaginer la vie sans les smartphones. Selon les experts, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Une utilisation excessive peut avoir un effet néfaste sur nos capacités cognitives. Mais quand faut-il appuyer sur le bouton d’arrêt ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Virginie Dupont
Traductrice Virginie Dupont

« Ça y est, nous sommes accros, nos cerveaux ont été détournés. » À l’heure où Apple célèbre le quinzième anniversaire de l’iPhone, le psychologue américain Larry Rosen n’est pas vraiment d’humeur festive.

Dans un article paru dans The Telegraph, il souligne que si cet appareil culte a permis aux smartphones de s’imposer auprès du grand public, la société en a payé le prix fort. « Nous sommes attirés comme des aimants vers nos téléphones. »

Il ressort du Digimeter 2020, une étude annuelle sur l’utilisation des médias en Flandre réalisée par le centre de recherche Imec, que Larry Rosen dit vrai. Aujourd’hui, 93% des Flamands possèdent un smartphone, et l’utilisation moyenne est de 185 minutes par jour. Ces chiffres élevés montrent que de plus en plus de personnes estiment ne plus pouvoir se passer de leur téléphone. C’est pourquoi 87% des Flamands s’imposent des règles pour réduire le temps passé devant leur écran, mais seuls 28% indiquent que ces restrictions sont réellement efficaces. Alors que le fondateur d’Apple, Steve Jobs, déclarait en 2007 que l’iPhone aiderait les utilisateurs à étendre leurs capacités, le smartphone est devenu depuis lors une extension du corps. Sans cet appareil, on se sent tout nu.

De lourdes conséquences sur notre cerveau

Selon le neuropsychiatre Theo Compernolle, cette dépendance peut avoir de lourdes conséquences sur le fonctionnement de notre cerveau. Les notifications constantes des applications font que les utilisateurs sont souvent distraits et peinent à se concentrer sur une seule tâche. Or, notre cerveau n’est pas multitâche, comme le souligne Theo Compernolle. « Dès qu’on fragmente son attention entre différentes choses, notre productivité en pâtit. Et ce n’est pas sans incidence sur notre niveau de stress. » Désactiver les notifications n’offre qu’une solution partielle au problème. Les recherches montrent en effet que dans la moitié des cas, les utilisateurs consultent leur smartphone sans raison particulière. 

Les distractions temporaires peuvent sembler inoffensives, mais Larry Rosen nous met en garde car l’utilisation excessive des smartphones peut également causer des dommages effectifs au cerveau. Dans un article publié par l’université d’État de Californie, il explique qu’une consommation effrénée entraîne la production par les glandes surrénales de grandes quantités de cortisol, l’« hormone du stress ». Les utilisateurs excessifs de smartphones cherchent alors à atténuer leur sentiment d’anxiété ou de peur en vérifiant inlassablement s’ils ont reçu de nouvelles notifications. Ce faisant, ils s’engagent dans une voie sans issue où ils sont souvent contraints de recourir aux services de soignants professionnels.

Le professeur de médias Lieven De Marez (UGent) observe que le smartphone exerce également une influence évidente sur notre mémoire et la manière dont nous traitons les connaissances. L’appareil offre en effet un accès permanent à toutes sortes d’informations, à tel point que nous sommes moins incités à stocker des connaissances réelles. Par ailleurs, le smartphone stimule notre mémoire visuelle, et les nouvelles technologies nous induisent à traiter l’information d’une manière différente. Alors qu’un futur médecin devait autrefois étudier l’anatomie à partir de photos dans un livre, le smartphone permettra bientôt de faire apparaître les corps directement dans le salon via la réalité virtuelle ou augmentée.

À partir de quand est-ce un problème ? 

Dans les milieux universitaires, un consensus existe sur l’impact négatif des smartphones sur la santé, bien qu’on ne sache pas exactement à quel moment l’utilisation peut être qualifiée de problématique. Selon Lieven De Marez, plusieurs personnes peuvent utiliser leur smartphone pendant la même durée chaque jour, mais seules certaines sont considérées comme dépendantes. « Si vous voulez passer quatre heures à pianoter sur votre smartphone pendant votre temps libre, ce n’est pas forcément un problème. Mais lorsque cette même consommation vous empêche de vous concentrer sur vos études ou votre travail, là ça devient problématique. » L’attention accordée à cette question devrait s’intensifier dans les années à venir, car les jeunes utilisent de plus en plus leur smartphone. Lieven De Marez ne s’attend pas à ce qu’ils s’en passent en grandissant.

Toute personne souhaitant mieux appréhender son utilisation du smartphone peut faire appel à l’application MobileDNA de l’UGent. L’avantage par rapport aux comptes rendus traditionnels sur le temps passé devant l’écran que des entreprises comme Apple envoient à leurs clients est que cette appli – uniquement disponible sur Android – vise à mettre en lumière des schémas souvent sous-exposés. Ainsi, les utilisateurs peuvent vérifier avec précision la rapidité avec laquelle ils répondent aux notifications et le schéma selon lequel ils utilisent leur smartphone. « De cette façon, nous pouvons tenter de reprendre le contrôle sur nos capacités cognitives », explique Lieven De Marez.

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