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Pourquoi les Wallons portent-ils plus le masque que les Flamands ?
09·06·20

Pourquoi les Wallons portent-ils plus le masque que les Flamands ?

Fait surprenant en Belgique : même si les différentes communautés du pays ont reçu les mêmes directives officielles concernant le masque, les Wallons sont plus nombreux à le porter que les Flamands. « La faute à un manque de clarté dans la communication côté flamand ? »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Crédit: Engin Akyurt via Pixabay

Anne Balbo
Traductrice Anne Balbo

Les masques buccaux sont beaucoup plus populaires en Wallonie qu’en Flandre. C’est ce que révèle une enquête menée fin mai par Test Achats auprès de 1 000 Belges. L’organisation de défense des consommateurs constate l’apparition d’un fossé entre les deux communautés du pays. Si 81 % des Wallons portent un masque pour se rendre dans un supermarché, ils ne sont en effet que 38 % à le faire en Flandre. Qui plus est, 53 % des Wallons le portent aussi dans d’autres lieux publics, contre à peine 14 % chez nos voisins du Nord. Les Wallons et Flamands qui habitent de l’autre côté de la frontière linguistique ne sont pas surpris par ces résultats, ils constatent en effet cette réalité au quotidien. Pourquoi les Wallons sont-ils apparemment plus convaincus de l’utilité des masques buccaux ?

Toujours utile

Le virologue Emmanuel André (KUL), porte-parole de Sciensano, a été le monsieur coronavirus pendant des semaines en Wallonie. Il fait le même constat, mais peut difficilement l’expliquer. « Le débat a peut-être été moins confus au sud du pays ? En Wallonie, j’ai toujours été très clair : ‘Les masques buccaux sont importants, mais dans une phase ultérieure, car nous sommes actuellement confrontés à une pénurie.’ Il y a eu un grand débat public autour des masques, mais en réalité, les points de vue ne divergeaient pas tellement. Personne n’a nié leur utilité. Un courant en Wallonie prônait l’obligation immédiate pour l’ensemble de la population de porter un masque, mais ce discours était aussi véhiculé en Flandre. En Wallonie, seul le timing était au centre des discussions. »

La Flandre n’a pas adopté le même modus operandi, d’après Emmanuel André. Il fait référence notamment au grand nombre d’experts interrogés dans les médias. « Pendant la crise, on a eu le sentiment que la Flandre avait étendu le concept des ‘Flamands célèbres’ au monde académique. Les universitaires sont devenus des personnages médiatiques. En Wallonie, ce concept des ‘Wallons célèbres’ n’existe pas. Le débat s’est donc limité à la communication officielle du gouvernement, d’une part, et à quelques points de vue d’universitaires, d’autre part. Il y a donc eu moins de confusion autour du message adressé à la population. En Flandre, les experts défilaient en permanence sur les plateaux de télévision ou répondaient à des interviews pour la presse écrite. Ils exprimaient chacun leur point de vue personnel sur l’utilité des masques. À mon sens, cela a créé un certain désordre. »

Plus hautement qualifiés

Pour Christophe Deborsu, journaliste politique et présentateur à RTL-TVI, la communication contradictoire des experts n’est pas la seule explication. « La peur du virus est plus importante en Wallonie qu’en Flandre, parce que nous avons été plus lourdement touchés. Même si la Flandre n’est pas épargnée, les décès sont proportionnellement plus élevés à Bruxelles et en Wallonie. » Il pointe aussi la réticence des parents wallons lors de la réouverture des écoles : « Nonante pour cent des Flamands ont mis leurs enfants à l’école. En Wallonie, ils étaient à peine 50 % à le faire. »

Autre aspect à prendre en compte selon Christophe Deborsu : les différences de mentalité. « Les Wallons sont beaucoup plus méfiants. Une étude européenne de 2014 a démontré que 75 % des Wallons se méfient de leurs voisins, contre 62 % des Flamands. C’est quelque part logique : face à des difficultés économiques, l’on verra plus rapidement les autres comme une menace. Durant cette crise, la méfiance se traduit par une peur d’être contaminé. Celui qui est plus méfiant portera, je pense, plus rapidement un masque. »

Du pain béni pour les sociologues

Une autre différence réside, selon le journaliste, dans le caractère docile des Wallons. « Depuis les années 80, le fossé entre la Flandre et la Wallonie en matière d’enseignement n’a fait que se creuser. Les Flamands sont souvent perçus comme plus hautement qualifiés et plus nantis. Ils seraient donc plus émancipés, plus critiques et moins disposés à suivre les recommandations des autorités. Si le gouvernement recommande de porter un masque dans les supermarchés, un Wallon suivra, à mon sens, plus rapidement ce conseil qu’un Flamand. »

Pour Emmanuel André, ces multiples hypothèses illustrent surtout la nécessité de réaliser une étude scientifique : « Les sociologues devraient se pencher sur la question, car la différence est trop marquée pour être simplement le fruit du hasard. »

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