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Passage à tabac d’homosexuels pour des likes
18·08·20

Passage à tabac d’homosexuels pour des likes

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Image par Republica de Pixabay

Auteur⸱e
Anne Balbo
Traductrice Anne Balbo

« Les homosexuels sont l’une des plus grandes maladies au monde », peut-on lire sur un groupe de discussion de l’application Telegram. Les membres de @criminal.system, pour la plupart tchétchènes, font l’apologie de la violence à travers des centaines de vidéos et recherchent activement de potentielles « victimes » sur les réseaux sociaux, qui – à leurs yeux – mériteraient une bonne « râclée ». Leur cible favorite ? La communauté LGBT. Le parquet de Louvain a ouvert une enquête après la parution d’une vidéo tournée dans la ville.

Une vidéo filmée à Louvain circule sur les réseaux sociaux. On y voit des jeunes prendre violemment quelqu’un à partie. Un garçon est aussi menacé, forcé de se mettre à genoux et de demander pardon. L’un de ses agresseurs lui crie « Zemmel », une insulte à l’encontre des homosexuels, reprise entre autres par le rappeur maroco-néerlandais Boef. La vidéo est signée @criminal.system, un groupe d’échange sur lequel sont publiés des messages haineux et violents à l’encontre des personnes LGBT.

Violence explicite

« Criminal System » n’est pas seulement un groupe de discussion sur l’application de messagerie anonyme Telegram. Il est aussi présent sur Instagram où il compte quelque 5 000 abonnés. C’est toutefois le groupe de discussion, réunissant près de 700 membres, qui retient notre attention. Celui-ci diffuse et glorifie des images particulièrement violentes. Parmi elles, se trouve notamment la vidéo tournée à Louvain. Elle y est accueillie avec forces acclamations : « Hahahaha, les gars, à vrai dire, vous êtes des soldats ! »

Les messages instantanés publiés dans le groupe sont particulièrement choquants. « Les homosexuels doivent être massacrés », peut-on y lire. Plus inquiétant encore, les individus semblent rechercher activement des jeunes LGBT sur Tiktok et Instagram. Leurs intentions sont claires : « J’ai repéré un autiste sur TikTok qui mériterait une bonne râclée ». Ils entrent ensuite en contact avec leurs victimes via le chat et les repèrent grâce à leur adresse IP. Lors de la confrontation, ils n’hésitent pas à exhiber couteaux et armes à feu – réels ou factices.

Traque

Un post sur le groupe Instagram illustre ces pratiques sans détour. La vidéo commence par un film TikTok montrant l’agression d’un jeune anversois. L’insulte « Zemmel » est également lancée et le jeune homme sommé de présenter ses excuses. « Demande pardon et mets-toi à genoux », lui hurlent ses agresseurs. L’identité de la victime est à nouveau révélée dans les commentaires de la vidéo. « Les homosexuels sont l’une des plus grandes maladies au monde », peut-on notamment y lire.

La victime a vu ses agresseurs pour la première fois il y a quelques semaines alors qu’elle se trouvait sur la Place Verte, à Anvers, avec une amie. Elle explique : « Un peu plus loin, deux gars jouaient de la musique forte. Quand nous sommes partis, ils nous ont suivis. » Il ne s’est rien passé, mais par la suite, le jeune homme a reçu des menaces sur Instagram. Il a décidé de réagir et a donné rendez-vous à ses détracteurs. « Je voulais discuter avec eux, mais c’était une mauvaise idée… Ils m’ont violemment pris à partie, m’ont obligé à me mettre à genoux et à demander pardon. Que se serait-il passé si je ne l’avais pas fait ? J’aurais été passé à tabac. » Selon lui, les administrateurs du groupe incitent les membres à la violence et à partager les images de leurs méfaits pour obtenir un maximum de vues et de likes. La victime a décidé de ne pas porter plainte à la police.

Groupe d’imbéciles

Les faits et les images sont analysés par la police et le parquet de Louvain. « Comme une partie des faits ne se limite pas à Louvain, nous avons pris contact avec d’autres services de police », nous a-t-on confié. Il n’y a pas encore de chefs d’accusation concrets. Une enquête est en cours pour ces faits de violence et la diffusion de ces images.

Le groupe a disparu hier de la toile après la parution d’un article sur le site internet du journal Het Laatste Nieuws. Dans la foulée, plusieurs vidéos ont également été supprimées sur Instagram. La ministre flamande de la Justice, Zuhal Demir (N-VA), s’est exprimée sur Twitter à propos des faits : « Il est important d’identifier le moteur de cette violence. Ce n’est pas un hasard si de nombreux membres de ce groupe d’imbéciles sont issus du même milieu. Il ne s’agit pas de condamner une communauté, mais de reconnaître une réalité. »

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