En demandant la constitution d’une commission d’enquête parlementaire au cœur du scandale Optima, John Crombez, président du sp.a, semblait maîtriser la situation la semaine dernière. La tendance est néanmoins en train de s’inverser radicalement. La probabilité que cette commission ne voie vraiment le jour s’amenuise toujours plus. Et en coulisses, John Crombez est victime d’un coup de poignard dans le dos asséné par Bruno Tobback, son prédécesseur rancunier.
La dégradation de l’image du sp.a causée par la faillite d’Optima est comparable aux dégâts subis par le parti dans les années 90 à la suite à l’affaire de corruption Agusta-Dassault. C’est avec ce message que l’ex-président des socialistes flamands, Bruno Tobback, est sorti du bois. D’abord au cours d’une interview accordée à la revue hebdomadaire Knack, et ensuite sur le plateau de l’émission Villa Politica de la VRT.
Cette allusion aux pages les plus sombres de l’histoire du parti est, pour ainsi dire, la dernière chose dont John Crombez avait besoin. Il mène une croisade afin de convaincre le monde entier que son parti n’a aucun lien avec Optima, et voilà que son prédécesseur avance de tels propos. Après plusieurs années de guerre froide entre Crombez et Tobback, voilà soudainement que l’atmosphère se réchauffe.
À la télévision, Tobback a ajouté de l’huile sur le feu en qualifiant une photo prise en 2013 durant une visite de Crombez au sein d’Optima de « regrettable et imprudente ».
Limiter la casse
Hier soir, dans l’émission Terzake, Crombez s’est encore employé à limiter la casse, mais le mal était fait. Le président du SP.A a réitéré sa demande, par le biais d’une commission d’enquête, de « lever le voile sur les faits afin que ne cessent les insinuations », mantra auquel il s’accroche depuis la semaine dernière déjà.
Dans un premier temps, cette stratégie semblait porter ses fruits. Mais le soutien – pourtant indispensable – des autres partis est en train de s’effilocher. Hier, il est ressorti des coulisses du parlement que le CD&V, en particulier, commence à se montrer extrêmement critique. Pas question qu’une telle commission d’enquête, qui risque de se focaliser sur le mécanisme de surveillance, vienne s’immiscer dans l’instruction judiciaire. « Or ce n’est pas la surveillance d’Optima qui pose problème mais bien Optima elle-même », commentaient certains observateurs.
Les libéraux flamands, quant à eux, ne dormiront pas sur leurs deux oreilles si l’affaire est traitée en profondeur en commission ordinaire. Si vient s’ajouter l’indifférence certaine des partis francophones à l’égard de cette affaire flamande, les chances de voir naître une commission d’enquête sont en fin de compte bien maigres. La semaine prochaine, la question sera officiellement tranchée.
« Campagne de destruction »
Il convient également de mentionner l’initiative de Daniel Termont, bourgmestre de Gand, qui a crié son innocence à travers une courte vidéo publiée sur sa page Facebook. Hier, il en a rajouté une couche à ce propos. « Il s’agit d’une campagne de destruction orchestrée par la N-VA », a-t-il accusé. Pour autant, cette contre-attaque politique à l’égard du parti de l’opposition gantoise ne rend pas son message plus crédible. Au même titre que son accusation selon laquelle son histoire n’est pas relayée dans la presse. Divers médias ont rapidement signalé avoir formulé plusieurs demandes d’interview, en vain.
Par-dessus tout, les rumeurs ambiantes qui planent autour de Termont sont préjudiciables à Crombez. Dans la foulée des élections à la présidence du parti, le natif d’Ostende s’est aligné sur le populaire bourgmestre gantois. Si Termont venait à quitter les rênes du pouvoir à Gand d’ici deux ans sans avoir dissipé les nuages, le SP.A encourrait le risque d’un effet négatif sur toute la ligne.
Pieter Lesaffer en Farid El Mabrouk