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Mesdames, ne vous laissez plus museler dans la sphère publique
25·01·22

Mesdames, ne vous laissez plus museler dans la sphère publique

À propos des autrices : Zelfa Madhloum est l’ancienne porte-parole de l’Open VLD et Maud Vanwalleghem est sénatrice pour le CD&V. Elles ont rédigé cette opinion en leur nom propre.

La question : L’intimidation et les discours haineux, souvent en ligne, poussent les femmes ambitieuses hors de la scène publique.

La proposition : Il est hors de question que les femmes soient réduites au silence, sous peine que le paysage politique et le débat démocratique s’appauvrissent.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Pexels

Les méchancetés, l’humiliation publique, juste parce qu’une femme veut s’engager ? Qui a encore envie de ça ? Une problématique omniprésente, quelle que soit l’idéologie ou la couleur politique.

Les femmes qui osent se faire entendre sont attaquées

Soyons honnêtes. Les femmes qui ont voix au chapitre, font preuve de fermeté et clament haut et fort leur opinion sont souvent considérées comme une menace. « Mets-la en veilleuse », voilà la réponse à laquelle elles sont trop fréquemment confrontées. Celles qui osent se faire entendre sont attaquées. Nous ne sommes pas actives depuis longtemps dans le domaine public, mais nous devons nous-mêmes y faire face. It’s part of the job, comme si ça faisait partie intégrante des règles du jeu. Nous ne pouvons pas accepter cette violence en ligne. Et personne ne devrait nous dire quelle est notre place.

Notre société doit réfléchir à la manière dont elle peut attirer des talents divers dans l’espace public. Or, de nombreuses jeunes promesses qui veulent investir du temps et de l’énergie dans un engagement social jettent l’éponge. Les méchancetés et l’opprobre, juste parce qu’elles veulent s’engager ? Qui a encore envie de ça ?

Et c’est une problématique omniprésente, quelle que soit l’idéologie ou la couleur politique. Dans notre pays, une femme – qu’elle ait ou non un nom à consonance étrangère – qui fait entendre sa voix et défend une opinion tranchée devient la cible d’une campagne de haine. La liste des femmes engagées qui peuvent vraiment faire évoluer les choses mais sont lassées de devoir se battre ne cesse de s’allonger.

«Les hommes craignent les femmes de pouvoir»

Peut-on tolérer les discours haineux anonymes ?

Une réévaluation de la diversité des talents s’impose. Ça signifie également que nous devons réfléchir à la manière dont nous interagissons les uns avec les autres en ligne. Les trolls peuvent déverser des discours haineux de manière anonyme. C’est une question d’hygiène sociale : notre société peut-elle encore tolérer que ces attaques aient lieu ?

Aussi bien en ligne qu’hors ligne, les femmes qui s’engagent sur la place publique sont intimidées et menacées. Un rapport d’Amnesty International indique qu’une femme est harcelée sur Twitter toutes les 30 secondes. Selon les Nations unies, 73% des femmes ont déjà été confrontées à des violences en ligne, et les jeunes générations sont particulièrement exposées.

Les femmes issues de l’immigration sont en première ligne, tout comme les personnes non binaires.

Les études menées suite aux élections européennes de 2019 montrent que ces violences exercent un impact sur notre système démocratique. Les campagnes de diffamation réduisent les chances d’un candidat politique d’être élu, car la personne visée est moins à même d’atteindre le grand public. En d’autres termes, elle est réduite au silence.

Pourtant, de plus en plus de femmes se présentent aux élections. Ça suscite une forme de résistance culturelle qui ne peut être attribuée qu’à des attitudes misogynes, malheureusement encore très répandues. Lorsque les femmes font état de positions idéologiques ou politiques explicites, ou affichent une forme d’identité (qu’elles soient d’origine immigrée, LGBTQI+…), elles sont beaucoup plus souvent attaquées.

L’éviction des femmes du domaine public conduit à un appauvrissement du débat démocratique. Sans parler de l’impact sur les intéressées elles-mêmes. La violence en ligne va souvent de pair avec la violence hors ligne, les deux formes de haine se renforçant mutuellement. Les conséquences pour la victime sont bien réelles, elles se traduisent par des atteintes à sa réputation, une perte de salaire, de l’anxiété, voire une dépression. C’est intolérable dans notre État de droit démocratique.

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Réfléchissons au rôle des femmes dans la sphère publique

L’argument selon lequel la politique est un métier difficile ne tient pas la route. Il ignore à quel point les faits de violence peuvent être grotesques. Il nie également la façon dont nous, en tant que société, réfléchissons au rôle des femmes dans la sphère publique.

On ne se lance pas dans la politique en pensant que c’est un métier difficile ou impitoyable. On le fait parce qu’on a des idéaux, parce qu’on croit en quelque chose, qu’on veut apporter un changement, avoir un impact.

Nous n’acceptons plus d’être mises à l’écart de l’arène publique si nous faisons preuve d’audace. Nous réagissons encore plus fort. Pas en utilisant les mêmes tactiques d’intimidation, pas en durcissant le ton. Mais en nous levant, jour après jour, et en exprimant notre opinion publiquement. En faisant bloc contre la haine, l’intimidation et les abus. Et en soulevant ces questions, en les prenant au sérieux et en les abordant frontalement.

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