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27·06·16

L’Eglise catholique belge plus divisée que jamais

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Mgrs Rauber, Danneels, Vangheluwe et Jozef De Kesel. CC Wikimedia

L’Église catholique belge est-elle le théâtre d’une bataille opposant les troupes progressistes de l’archevêque Joseph De Kesel aux disciples conservateurs d’André Léonard ?­ C’est une conclusion tentante pour toutes celles et ceux qui ont appris la nouvelle la semaine dernière : en effet, ce quotidien annonçait le renvoi des séminaristes de la Fraternité des Saints Apôtres par l’archevêque De Kesel en raison de leur traditionalisme et de leur entêtement.­ De Kesel entend intégrer ces futurs prêtres, une vingtaine au total, au circuit de formation régulier de l’archevêché. Libre à ceux qui refusent, de s’en aller.

Cette décision recueille le soutien des partisans de cette nouvelle politique archidiocésaine. « De Kesel œuvre pour une Église ouverte proche de la société », explique le théologien flamand Hans Gybels. « Or, la Fraternité fait preuve d’une attitude très opaque, pour ne pas dire sectaire ; elle accorde énormément d’importance à la liturgie et aux rituels en se souciant avant tout d’une catholicité pure. De Kesel plaide pour une approche inclusive alors que de tels conservateurs font quant à eux l’apologie d’une vision exclusive. »

Communauté séculière

C’est pourquoi l’intervention de De Kesel, malgré son sens de la retenue et de la diplomatie, n’est en rien étonnante, développe Gybels. « Ces ­séminaristes rejettent explicitement la vision de l’archevêque. Son travail est déjà suffisamment difficile dans des conditions normales, alors pourquoi De Kesel voudrait-il encore se compliquer la tâche ? Il réfléchit en fonction de l’avenir, preuve de son ingéniosité. »

Luk Vanmaercke, rédacteur en chef de la revue hebdomadaire Kerk & Leven, n’y va pas par quatre chemins : « Certains membres de la Fraternité ne sont tout simplement pas faits pour le sacerdoce. Le fait que certains séminaristes français aient déjà été ballottés d’institution en institution est très révélateur. Peuvent-ils être mis à la tête d’une communauté séculière ? Est-ce acceptable compte tenu de leur caractère ? Je reste très sceptique. »

Par ailleurs, Vanmaercke trouve que des traditionalistes religieux aux convictions inébranlables n’ont pas réellement leur place dans la culture ecclésiale flamande et belge. Surtout au moment où cette même culture panse encore ses plaies des scandales dont elle a été victime. « Les évêques préfèrent garder l’église au milieu du village. Ils favorisent la recherche du compromis, aussi parce que cette dernière est ancrée dans notre caractère national. C’est en menant une politique réaliste et en rendant des décisions bienveillantes que l’Église espère justement s’adresser à davantage de fidèles.

Le dernier synode sur la famille est un exemple qui en dit long : la délégation belge y avait en effet demandé que soient également considérées les nouvelles compositions familiales.­­ Les vrais conservateurs, dont Léonard représentait le dernier véritable espoir, préfèrent plutôt se cantonner à la tradition. »

Vanmaercke et Gybels voient tous deux la politique de De Kesel comme l’« expression nationale » du souffle de renouveau que connaît le Vatican depuis la nomination du pape François. De fait, l’Argentin remplace systématiquement les purs et durs traditionalistes occupant des postes clés par des personnes de confiance qui ont une vision du monde plus ancrée dans la réalité.

Infâme jeu de pouvoir

Un infâme jeu de pouvoir. C’est ainsi que le théologien Jonas Coenaerts décrit la démarche de l’archevêque. « De Kesel tente d’imposer sa vision en coulisses partout où il le peut, en partant du principe que l’Église doit vivre avec son temps. Toutefois, la force de l’Église réside précisément dans les valeurs intemporelles qu’elle défend face à une société en perpétuelle évolution. Là où De Kesel fait la part belle à la dimension humaine, Léonard se tourne davantage vers le divin, ce que j’estime nettement plus. Je crois profondément au paradis et à l’enfer. »

Coenaerts est un théologien qui revendique sa foi catholique et dont la vision est diamétralement opposée à celle de De Kesel. Il attribue à l’archevêque actuel un « manque de vivacité intellectuelle » et fustige son traitement des séminaristes de la Fraternité. « Cette décision est lourde de conséquences pour ces hommes qui, il faut le souligner, ont énormément étudié. De Kesel joue avec leur sort et les abandonne à un avenir incertain. »

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